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Gbagbo et Blé Goudé : la fin n’est peut-être plus loin

Publié le samedi 28 janvier 2006 à 09h55min

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La famille FPI, ce parti qui dirige la Côte d’Ivoire, pour son malheur depuis octobre 2000, n’aurait pas bien lu pour la première fois la nouvelle donne née de la résolution 1633 des Nations unies. Depuis octobre 2005, le pouvoir de Gbagbo est fini. La Constitution ivoirienne est suspendue. Il s’ensuit que la nouvelle Constitution jusqu’au 31 octobre 2006, c’est la résolution 1633.

Le nouvel exécutif, c’est Charles Konan Banny et le nouveau parlement, c’est le GTI (Groupe de travail international). Progressivement, ce sont ces nouvelles institutions qui vont monter en force. Institutionnellement, le FPI a perdu tout contrôle, même symbolique, sur la gestion du pays.

Il ne lui restait plus que le pouvoir de la violence organisée, avec les forces de sécurité et la multitude de recrues enrôlées dans une armée parallèle au FANCI et dont le général Mangou n’est en réalité que le chef d’Etat-major délégué. C’est cette force dont l’évaluation de la capacité de nuisance était en cours lorsque les événements du 15 janvier dernier ont éclaté. La dernière résolution du Groupe de travail International constate la fin du mandat des députés et n’ayant pas (comme il l’a fait pour Gbagbo) proposé sa prolongation, elle a servi de prétexte à cette mauvaise humeur.

C’est bien un prétexte, car la vraie raison est ailleurs. Complètement dépouillé et n’ayant plus la main mise sur le ministère des Finances, réservoir d’argent qui permet d’entretenir les bataillons des hors-la-loi qui veillent sur le régime, les " Jeunes patriotes ", mais aussi les recrues parallèles de l’armée et de la gendarmerie. Le FPI attendait une bonne occasion pour " remarchander " ses privilèges perdus, en créant un blocage artificiel des institutions et la vie sociale.

Le mouvement des " patriotes " du 15 janvier était donc bien préparé. Il devait servir de prélude à toute une série de reprise en main, notamment le gouvernement. Mais l’ampleur de la mobilisation a été en deçà des attentes. La déferlante programmée n’a pas eu lieu, surtout le premier jour, et donc la démission collective des ministres FPI n’a pas non plus produit le bug escompté.

La fermeté de la communauté internationale et la capacité de résistance des forces onusiennes, qui ne sont pas laissées débordées, ont surpris et désorganisé les boutefeux du camp Gbagbo. Au finish, la manœuvre du FPI a échoué. Le mandat du parlement est bel et bien terminé. La communauté internationale n’entend pas revenir là-dessus. Les ministres FPI ont rejoint le gouvernement dont ils savent qu’il constitue à présent le dernier refuge en attendant la fin des haricots.

La famille présidentielle ivoirienne a démystifié avec les derniers événements son arme de " dissuasion massive " que sont les " patriotes ". S’ils peuvent prendre et occuper la rue, c’est en raison de la complaisance, disons même la complicité des forces de sécurité. Les jours à venir seront consacrés à lui prendre le contrôle des forces de sécurité.

L’ONU et la force Licorne s’activent de leur côté pour apporter l’appui indispensable à cette reprise en main. Si au Conseil de sécurité, Kofi Annan ne rencontre pas la coopération bienveillante et nécessaire des Etats-Unis pour décider de l’envoi de casques bleus supplémentaires, la France, elle, ne connaît pas une contrainte semblable. Elle peut à tout moment renforcer ses effectifs. Il est déjà annoncé l’envoi d’un bataillon de gendarmes.

A terme, et avec l’embargo qui frappe la Côte d’Ivoire, les forces neutres devraient se retrouver avec une puissance de feu supérieure à celle des milices de la famille présidentielle. L’ONU va s’en donner les moyens et le retard mis dans l’annonce des sanctions n’est rien d’autre que le temps donné aux forces onusiennes et Licorne sur le terrain, pour bien verrouiller toute tentative de ripostes des enragés du FPI.

Incontestablement, pour Gbagbo, Blé Goudé et son FPI, c’est le début de la fin. De toute façon, sans véritable reprise en main des leviers de la sécurité par Charles Konan Banny, il n’y aura pas de désarmement des Forces nouvelles.

Par Newton Ahmed BARRY
L’Evénement

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Vos commentaires

  • Le 29 janvier 2006 à 12:43 En réponse à : > Gbagbo et Blé Goudé : la fin n’est peut-être plus loin

    Cher BARRY,
    Je partage l’intégralité des termes de ton analyse. Historiquement, le "journalisme" burkinabè a toujours été au top. S’agissant de la Côte d’Ivoire, je précise ceci :
    Dans ce pays prospère qu’est la Côte d’Ivoire, l’ONU n’a que trop attendu pour reprendre les choses en mains et empêcher tous les ennemis du peuple ivoirien de lui nuire comme ils le font depuis l’année 2000, que ce soit du côté des forces gouvernementales ou des forces nouvelles. Il faut anéantir la capacité de nuire des deux côtés.
    Gageons que cette fois-ci sera la bonne et qu’en octobre 2006, des élections démocratiques seront organisées pour doter ce grand pays des dirigeants qu’il mérite. N’en déplaise aux anarchistes qui prétendent se nommer "patriotes". Lorsque l’on est patriote, on aime son pays et on évite que la violence ne soit un mode d’expression politique. Alors, vivement octobre 2006. Le vai patriote.

  • Le 13 février 2006 à 11:48 En réponse à : > Gbagbo et Blé Goudé : la fin n’est peut-être plus loin

    En tant qu’ivoirien, je trouve cet article vraiment bien cadré et très réaliste.

    La Côte d’Ivoire, cette nation qui aspirait à être la fièté de toute l’Afrique par sa politique d’ouverture et de tolérance est devenu par l’action des "refondateurs", ces "politichiens" d’un autre genre, un amocellement de puanteur et de rejet.

    Lorsque l’appat du gains facile par des gens qui n’ont jamais appris à travailler de leurs dix doigt se traduit par l’hypothèque de toute une nation, il est salutaire d’effectuer une ingérence salvatrice. En des temsp pas si lointains, etre ivoirien était une fièrté et un honneur, aujourd’hui, c’est une honte....

    Gageons que dans un avenir proche, la Cote d’Ivoire retrouve son lustre d’antan et la splendeur qui était la sienne. Fasse Dieu nous débérasser de Laurent GBAGBO et de ses affidés pour le bien de la Côte d’Ivoire et de l’Affrique en général

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