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MEBA : Des chiffres complaisants ?

Publié le mardi 27 janvier 2004 à 10h09min

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A l’occasion du nouvel an, le Syndicat national des travailleurs
de l’Education de base dresse un tableau peu réluisant de l’état
du système scolaire burkinabè. Parlant du taux de scolarisation,
le SYNATEB doute des chiffres fournis par le gouvernement
Voici son message.

Camarades militants (es) et sympathisants (es) du SYNATEB
Camarades Travailleurs de l’Education de Base

Le Bureau National du SYNATEB, à l’occasion du nouvel an,
vous présente ses voeux de bonne et heureuse année 2004. Il
souhaite que l’année 2004 soit pour chacun de nous et nos
familles respectives, une année de santé de prospérité et de
succès dans toutes nos entreprises.

Il voudrait également vous féliciter et louer votre courage et votre
sens de la combativité durant l’année 2003 pour la défense
ferme et consciente de nos intérêts matériels et moraux de
même que celle de notre système éducatif.

Des acquis certains ont été arrachés durant l’année scolaire
2002-2003. Sont de ceux-ci, la remise en cause du contrat
d’objectif par le conseil des Ministres du 16 Avril 2003, la prise
de conscience grandissante des militants et du peuple
burkinabè face aux effets pervers du PDDEB et de la RGAP. De
même, le boycott des conférences pédagogiques EMP, a aussi
contraint le MEBA à se pencher sur la question de la prise en
charge des GAP et des conférences pédagogiques même si
cela ne constitue pas une réalité pour le moment.

Malgré l’échec cuisant de l’application de ces Reforme et plan
sur le terrain, le conseil des Ministres du 30 décembre 2003 a
congratulé le Ministère de L’Enseignement de Base, qui de son
point de vue a obtenu des résultats satisfaisants en une année
seulement d’application du PDDEB.

L’arbre ne devant pas
cacher la forêt, nous nous donnons le devoir de vous éclairer
sur les desseins cachés de cette prise de position.
En effet, le PDDEB a prévu comme objectif entre autres de :`
- Porter le taux de scolarisation de 40 à 70% dans la période de
2002 à 2011 et celui d’alphabétisation de 28% à40%.

- Améliorer la qualité, la pertinence et l’efficacité de l’Éducation
de Base par la formation des personnels d’enseignement et
d’encadrement, l’amélioration des conditions
d’enseignement/apprentissage, la mise en place de projets
d’écoles et un contrôle permanent de la qualité.
Pour atteindre le taux de 70% en 2011, le PDDEB prévoit la
construction de plus de 20.000 salles de classes à raison de
2000 classes environ par an et le recrutement de 20671
enseignants au total.

"Une maison de singes"

Concernant la première phase qui va de 2002 à 2005, l’objectif
recherché est d’atteindre 55% de taux de scolarisation.
Cependant, nul n’ignore aujourd’hui les difficultés que le
PDDEB connaît à travers son démarrage malgré le lancement
politique intervenu le 14 Septembre 2002 sous le haut
patronage de Monsieur le Premier ministre. Nous en voulons
pour preuves les déclarations des premièrs responsables du
MEBA.

Le 5 mars 2003, au cours du lancement de la 1re mission
d’évaluation du PDDEB, Monsieur le Secrétaire général du MEBA
s’indignait sur les antennes de la TNB sur le fait qu’aucune
classe n’avait été construite malgré toute la médiatisation qui
était faite sur la mise en oeuvre du PDDEB et qu’ils sont tout le
temps interpellés par les parents d’élèves.

- Le 21 mai 2003 au cours d’un atelier du CCEB, le SP/PDDEB
déclarait que le bateau du PDDEB était toujours sur le quai. Il
ajoutait que l’ancre a été levée et malgré tout, le bateau n’arrivait
pas à bouger.

De façon plus claire, aucun centime n’était tombé
dans le panier du PDDEB.
Le 13 Octobre 2003 à l’ouverture d’un autre atelier du CCEB à
l’INA, Monsieur le Ministre de l’Enseignement de base déclarait
que le MEBA est devenu une maison de singes.

Pour lui,
pendant que les uns ramassent la paille pour construire le toit,
d’autres ramassent cette paille pour la jeter dehors. Pour être
plus précis, il ajoute que le MEBA est une locomotive avec un
long attelage de wagons. Conséquence, la locomotive ne bouge
jamais.
Pire, les constructions programmées de 3 complexes scolaires
par circonscription ont été annulées, faussant ainsi les
prévisions du PDDEB.

Plusieurs directions régionales manquent de nos jours de
personnels enseignants malgré le recrutement de 1200
IAC/PPTE en janvier 2003 et des 2550 du 1er septembre 2003
dont un bon nombre a fait défection. Par exemple, il y a un déficit
de près de 160 enseignants dans la boucle du Mouhoun, 125
au Centre Ouest, 48 au Centre Nord etc...

En dépit de tous ces ratés, le MEBA a pu réaliser un taux brut de
scolarisation passant de 42% à 52,25% en une seule année
scolaire, gagnant ainsi du coup plus de 10 points alors que ce
résultat était attendu en 2005, c’est-à-dire en 4 ans d’application
du PDDEB.

Parlant des inscriptions au CPI qui passent de 212874 en
2002-2003 à 276014 en 2003-2004, nous avons en début
d’année dénoncé le fait que le ministre ne visait que
l’accroissement du taux de scolarisation lorsqu’il disait de
recruter tous les enfants qui se présenteront devant les classes
sans tenir compte des capacités d’accueil et que si des
problèmes se posaient, il invite les directeurs d’écoles à
s’adresser directement à lui.

Aussi, il a annoncé la dispense du paiement des cotisations
des APE de toutes les filles inscrites à l’école. Toutes ces
injonctions ont été respectées par les enseignants. Mais
aujourd’hui la réalité est tout autre. Il y a des classes qui
comptent plus de 200 élèves sans qu’aucune solution ne soit
trouvée.

De nombreuses autres demeurent jusqu’à présent
sans maîtres. La part de cotisation des filles est toujours
attendue du PDDEB. Le paquet minimum de fournitures promis
aux nouveaux élèves du CPI n’est toujours pas réalité.
S’agissant des résultats au CEP, nulle part dans le PDDEB, il
n’est fait cas de l’atteinte de 70% de taux de réussite en 2011
comme l’indique le rapport du conseil des ministres du
décembre 2003. Et d’ailleurs sur les 70% d’admis au CEP soit
80 000 candidats seulement environ 18000 soit 22,5% sont
admis en 6e.

Tout ceci nous conforte dans notre analyse que le MEBA ne
cherchait qu’à élever coûte que coûte le taux de scolarisation
pour permettre à notre pays de quitter son rang de 173e/175 au
classement mondial du PNUD. Mais en définitive à qui cela
profite-t-il ? N’est-ce pas là une autre façon de sacrifier
l’éducation des enfants des pauvres ?

En tout état de cause, le BN vous invite pour l’année 2004 à
vous mobiliser pour lutter contre la liquidation de notre système
éducatif et la défense ferme et intransigeante de nos intérêts
matériels et moraux car seule la lutte paie.
Il vous invite également à plus d’ardeur au travail dans le sens
de la valorisation de la fonction enseignante et de la qualité de
l’éducation.
Bonne et heureuse année
Tous unis et déterminés, la victoire est certaine !"

Pour le Bureau National
Le Secretaire Général
Tahirou TRAORE

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