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Municipales 2006 : Contenir les espérances

Publié le samedi 28 janvier 2006 à 10h02min

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Après le chaud climat de la présidentielle du 13 novembre 2005, les Burkinabè renoueront dans quelques semaines avec une ambiance toute aussi électrique, celle des municipales du 12 mars prochain. Pour sa première expérience d’une communalisation intégrale, le Burkina affiche visiblement une assurance alors que bon nombre d’observateurs s’attendaient à l’expression d’une peur face à ce saut dans l’inconnu.

La réflexion est fondée sur ce qui a été donné de voir en 1992, lors de la désignation des candidats pour les toutes premières législatives de la IVe République.

Convaincus (à tort) que la ’’chose’’ n’allait pas durer, bon nombre d’intellectuels avaient décliné l’offre qui leur avait été faite d’être sur des listes.
L’engagement actuel pour les municipales du 12 mars est bien la preuve qu’en dépit des insuffisances, la marche démocratique du Faso rassure. Ces élections locales ne sont plus seulement une opération pour doter nos communes rurales de responsables à même de leur impulser une dynamique de développement.

Bien plus, les élections du 12 mars sont devenues un enjeu politique majeur et certains observateurs n’hésitent pas à les qualifier ’’d’heure de vérité’’. Ce serait assurément un bon moment pour jauger de la force de frappe de chacune de ces formations politiques qui entendent se faire une place au soleil. Ils sont au moins soixante partis politiques à se bousculer pour être présents au sein des futurs conseils municipaux. Cela laisse à penser que les prochaines municipales ne sont pas de vulgaires élections locales sans répercutions pour les partis au plan national.

A ce sujet, il y a des signes qui ne trompent pas. Les démissions en cascade des candidats à la candidature qui n’ont pas eu gain de cause au CDP sont assez éloquentes de l’importance des consultations du 12 mars. A Bobo-Dioulasso, et surtout à Gourcy, des figures politiques de premier rang ont rejoint l’ADF-RDA avec armes et bagages. Dans la capitale du Zondoma, les faits sont plus significatifs puisqu’un des protagonistes pourtant bien introduit dans le sérail politique du parti au pouvoir a le cur qui bat pour l’ADF-RDA. Pour sauver son honneur, le député Tahéré Ouédraogo, le beau-père national, sera obligé de soutenir la liste de ses partisans qui ont tourné le dos au CDP.

On murmure même dans les milieux bien avisés que le sort du gouvernement serait lié aux résultats des partis aux prochaines municipales. On pourrait donc procéder à une redistribution des cartes dans les semaines à venir, ce qui peut confirmer l’information selon laquelle l’équipe de Paramanga Ernest Yonli conduit une transition en attendant de passer le relais à un autre gouvernement dont la composition sera tributaire de la légitimité des partis.

Les municipales du 12 mars sont donc porteuses de beaucoup d’espoir, et il y a lieu dès à présent que l’ensemble des acteurs en aient parfaitement conscience pour que l’euphorie d’aujourd’hui ne produise un effet boomerang. En effet, si la gestion des maires doit se résumer pour l’essentiel aux lotissements, la communalisation intégrale ne servira qu’à créer des conflits d’intérêt et à dévier la décentralisation de l’essentiel.

Tirant leçon de la pratique actuelle dans les communes de plein exercice, les autorités étatiques doivent mettre des garde-fous et exiger des conseils municipaux de consacrer leurs moyens à la création d’infrastructures socio-économiques à même de sortir le pays de la pauvreté et les habitants de la précarité. Au regard des considérations sociologiques, une opération de lotissements à grande échelle entraînerait une résistance légitime des populations rurales à la décentralisation.

Adam Igor
Journal du jeudi

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