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Diplomatie : Offensive de Pékin en Afrique

Publié le samedi 28 janvier 2006 à 09h48min

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La fin de la guerre froide et la désagrégation de l’Union des républiques socialistes soviétiques ont de facto désigné les Etats-Unis comme seuls régents du monde. Ces derniers, munis de leur droit de Veto au Conseil de sécurité des Nations unies et forts du libéralisme économique dont ils ont toujours été les chantres, ont, depuis lors, créé bien de frustrations et suscité bien de rancœurs.

Le libéralisme envahissant ne fait plus sourire personne et l’unanimité est loin d’être faite autour de ce "guide" d’un genre spécial. En sabordant leur propre popularité par une absence d’âme que connaissent encore les "pauvres", les Etats-Unis poussent une partie du monde dans les bras de la Chine.

Les raisons sont nombreuses, pertinentes et objectives qui peuvent pousser beaucoup de pays à céder à la tentation chinoise. Au plan militaire, la Chine dispose de l’arme nucléaire et du plus grand réservoir de troupe du monde. Elle siège au Conseil de sécurité et dispose du droit de Veto. Elle peut donc être un allié capable de défendre ses partenaires sur les fronts où ceux-ci n’ont aucun pouvoir ni capacité de choix.

Une puissance économique qui monte

Au plan économique, la Chine a fait sienne le libéralisme économique dont les Etats-Unis sont les ardents défenseurs. Elle a concocté ce libéralisme à une sauce de son cru composée d’une main d’œuvre abondante et bon marché et d’une stratégie "communisante" assortissant certains accords d’additifs tels la construction de barrage, de stade ou de centrale électrique.

Le résultat est que malgré une entrée tardive et pour le moment incomplète dans l’économie de marché la Chine s’est imposée dans l’économie mondiale, notamment en s’illustrant dans un secteur tel que celui du textile. Parlant précisément de ce secteur et pour montrer pourquoi la Chine séduit tant, il faut garder en mémoire que ce pays est le premier producteur mondial de coton mais en est aussi un gros consommateur dans la mesure ou non seulement il consomme toute sa production mais en plus, en importe d’autres pays. Dans la configuration économique actuelle, les subventions américaines et européennes à leurs cotonculteurs ont réduit des pays tels que le Mali, le Tchad, le Bénin et le Burkina Faso à la portion congrue. Ce n’est pas le désespoir à proprement parler mais on n’en est pas loin et ces pays qui ont beaucoup misé sur le coton commencent à se mordre les doigts.

L’issue de ce dilemme peut venir de la Chine puisque celle-ci peut transférer une partie de son industrie textile directement sur le sol africain en vue de transformer le coton qu’elle y achètera alors à des conditions avantageuses. Cette délocalisation, en l’affranchissant des frais de transport et autres lui permet une présence plus marquée sur le marché africain alors que pour les Africains, l’installation d’unités industrielles qui feraient appel à une main d’œuvre locale et généraient des plus-values par la transformation de la production locale ne peuvent qu’être encouragées.

Si au passage, comme ils en ont l’habitude les Chinois agrémentent les négociations de la promesse d’un stade ou d’un hôpital, le tour est joué. La récente tournée du Premier ministre chinois dans certains pays d’Afrique est en ce sens grosse d’annonces. Pékin rêve de reconquérir des positions perdues en Afrique. Y parviendra-t-il ? Attendons de voir !

Luc NANA
L’Hebdo

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