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Côte d’ivoire : ADO is back

Publié le vendredi 27 janvier 2006 à 08h04min

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C’est autour de cet homme, Alassane Dramane Ouattara, surnommé ADO, que la crise ivoirienne s’est cristallisée depuis une dizaine d’années. Le parti, le Rassemblement des républicains (RDR), dont il est le président, existe depuis 1994. Mais la nationalité de celui qui a aidé à asseoir les bases de l’économie ivoirienne avait été contestée par le concept d’ivoirité.

Du coup, ADO s’était vu dénié le droit de briguer la magistrature suprême en Côte d’Ivoire. C’était, on se rappelle, à la présidentielle de 2000. Cette non-éligibilité a été la pierre angulaire de la crise survenue dans ce pays en septembre 2002. On connaît la suite des événements qui ont contraint cet ancien Premier ministre d’Houphouët-Boigny, père de la nation ivoirienne, à fuir sa terre natale. C’était dans des circonstances on ne peut plus difficiles, qui ont vu sa villa saccagée par des partisans enragés de l’ivoirité, qui lui en voulaient à mort.

Et voilà le principal opposant parmi les adversaires de Laurent Koudou Gbagbo, exilé depuis lors en France. Depuis Paris, l’homme n’a pas démordu et a continué de mener sa bataille politique. Mais loin du pays natal, pouvait-il vraiment rendre service à son parti, le RDR ? Cette longue absence commençait à embarrasser les gens, surtout dans les rangs de ses propres militants. Même si entre-temps, les choses étaient conduites sur le terrain par son secrétaire général, Henriette Diabaté, figure emblématique du RDR. En l’absence donc du grand patron du Rassemblement des républicains, cette Jeanne d’Arc de Côte d’Ivoire a su diriger le navire sur les ondes houleuses de la lagune ébrié.

C’est vrai, dans une situation où sa vie était en danger, on ne demandait pas à ADO d’être courageux, mais téméraire. Après trois ans d’absence, il était revenu à Abidjan en décembre 2005 pour les obsèques de sa mère ; le président du RDR avait annoncé à plusieurs reprises, devant les autorités françaises, son retour au bercail. Un come back discret qu’il a effectué par vol régulier d’Air France, de Paris. Accueilli par les principaux dirigeants de son parti, le mercredi dernier, l’exilé parisien a déclaré à cette occasion :

« C’est avec beaucoup d’amour que je reviens sur le sol de mon pays pour participer au processus politique, pour participer à la réconciliation, et pour dire que le plus important doit être la préparation des élections ». Ce retour qui se veut définitif va donner du grain à moudre aux forces de l’ordre, surtout les casques bleus, qui doivent assurer désormais la sécurité d’Alassane Dramane Ouattara.

La situation, au regard des récents événements qui ont précédé ce retour, n’augure pas du tout un climat apaisé. Encore que le nouveau Premier ministre, en la personne de Charles Konan Banny, peine à asseoir son autorité sur son gouvernement, formé, on le sait, en décembre dernier. Espérons malgré tout que les choses s’amélioreront au mieux et qu’on parviendra à l’élection présidentielle, prévue le 31 octobre prochain. ADO, désormais plus près des siens après ces trois années d’exil forcé, ne se fait pas d’illusions, conscient qu’il est que « le plus difficile est devant nous ».

Agnan Kayorgo
Observateur Paalga

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