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Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine : Le Burkina fait son entrée

Publié le jeudi 26 janvier 2006 à 07h41min

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Blaise Compaoré a participé, les 23 et 24 janvier derniers, au
6e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union
africaine. Une rencontre au cours de laquelle le Conseil de paix
et de sécurité de l’organisation panafricaine a été renouvelé. Y
adhère désormais, le Burkina Faso, pour deux ans.

Le président en exercice de l’Union africaine est désormais le
président congolais Denis Sassou N’Guesso. Exit donc le
dirigeant nigérian Olusegun Obasanjo, dont les intervenants à la
tribune du 6e sommet n’ ont pas manqué de louer les actions à
la tête de l’organisation, notamment pour son important rôle
dans la résolution des conflits qui ont défiguré l’Afrique.
Olusegun passe donc la main à celui qui préside aux destinées
du Congo Brazzaville.

Mais pour parvenir à la désignation du
nouveau président, la tâche a été bien ardue. Les discussions
lors du huis clos tenu dans l’après-midi du 23 janvier, après la
session inaugurale du sommet, ont achoppé sur cette question
de la présidence, reléguant pratiquement à un plan subalterne
les dossiers relatifs aux conflits sur le continent.

Sur le nom à
désigner, les chefs d’Etat et de gouvernement n’arrivaient pas à
s’accorder jusque tard dans la soirée. Le président burkinabè
Blaise Compaoré est alors désigné par ses pairs pour présider
un comité restreint de cinq membres, qui tentera de débloquer
la situation. Finalement, c’est Denis Sassou N’Guesso qui est
proposé par l’Afrique centrale, région à qui, au nom du principe
de rotation, doit revenir la direction de l’UA.

Le Tchad avait averti

Ainsi, la présidence de cet organisme africain a été refusée à la
présidence soudanaise. Le chef d’Etat tchadien, Idriss Déby, qui
avait averti qu’il ne ferait pas le déplacement de Khartoum - il
s’y est fait représenter par son ministre des Affaires étrangères -
et qui avait multiplié des entrevues avec ses pairs, quelques
jours avant le sommet, pour empêcher la nomination d’Omar
Al-Bashir à la tête de l’Union, clamant haut et fort que son
homologue du Soudan veut déstabiliser son pays, et que "la
terre des Noirs" abrite et soutient des rebelles tchadiens dans la
région du Darfour, à l’ouest du Soudan, peut-il, pour autant
jubiler ?

Rien n’est moins sûr. D’autant que, si le Soudan n’a pas
obtenu cette présidence tant souhaitée, il a au moins des
raisons de patienter, les chefs d’Etat ayant décidé que la
présidence reviendrait automatiquement au Soudan, après le
mandat d’un an attribué au président congolais. A condition,
toutefois, qu’il arrive d’ici là à mettre fin à la guerre du Darfour,
confie-t-on.

La profonde inimitié qui règne entre le Tchad et le
voisin soudanais peut-elle expliquer l’attitude prudente des
chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Khartoum ? Le
président soudanais n’aurait-il pas pu être à la fois juge et partie
si la responsabilité lui avait été confiée de présider à la destinée
de l’instance panafricaine, s’il s’était agi de prendre des
décisions concernant une guerre où le gouvernement
soudanais est lui-même acteur ?

Peut-être, ces quelques
préoccupations ont-elles milité en faveur de la décision de
remettre à un an la présidence au Soudan. Mais cette décision
ne surprend pas, commente un observateur. "Pour un pays
sous embargo économique américain, en brouille avec son
voisin soudanais, et qui ne file pas le parfait amour avec l’Union
européenne, les choses étaient certainement loin d’être
gagnées d’avance", analyse-t-il.

Le dossier Habré a
dû attendre

Le dossier Hissène Habré, dont on attendait que l’Union
africaine se prononçât, allait donc attendre, ainsi que bien
d’autres dossiers relatifs aux conflits. C’est à peine si le premier
n’ a pas été classé au registre des "divers". Il sera discuté au
prochain sommet de l’Union africaine qui se tiendra en juin
2006 à Banjul en Gambie.

En plus de la présidence de l’organisation continentale, d’autres
sujets tels que la réforme des Nations unies, le fonctionnement
de la Commission de l’Union africaine ainsi que les réformes
au sein de l’institution panafricaine ont été abordés. C’est ainsi
que le Conseil de paix et de sécurité a été renouvelé. Y adhère
désormais le Burkina, pour deux ans. Au cours du sommet qui
a été placé sous le thème de " l’Education et de la Culture", les
chefs d’Etat ont déclaré la 2e décennie de l’éducation en 2006
- 2015.

Suite dans nos toutes prochaines éditions.

Par Cheick Beldh’or SIGUE (envoyé spécial à Khartoum)


Les coulisses du sommet

Blaise Compaoré a, en marge du sommet, eu des entretiens
avec certains chefs d’Etat. Il s’agit notamment des présidents
mozambicain, libyen et gabonais. Il a aussi reçu le vice-ministre
cubain des Affaires étrangères.

Moammar Kadhafi a assisté à ce sommet. Mais il s’ est fait
discret au cours de la séance inaugurale de la rencontre.

Le président ivoirien Laurent Gbagbo a été représenté par
Laurent Dona Fologo, le président du Conseil économique et
social ivoirien. Comme lui, certains chefs d’Etat n’avaient pas fait
le déplacement de Khartoum. Il y a bien sûr le président
tchadien dont l’absence n’a pas surpris à cause de son
différend avec l’Etat soudanais. Mais à cette absence, il faut
ajouter celle de l’Egyptien Hosni Mubarak, du Malien Amadou
Toumani Touré, du Camerounais Paul Biya, du Rwandais Paul
Kagamé, du Guinéen Lansana Conté, de l’Algérien, du Tunisien
et de bien d’autres chefs d’Etat. Cette rencontre a cependant
enregistré une grande participation de chefs d’Etat et de
gouvernement.

La présidente du Liberia était absente à l’ouverture des travaux
du sommet. C’est qu’elle devait, le même jour, s’adresser au
Parlement libérien, avait indiqué le président sortant en exercice
de l’UA, Olusegun Obasanjo.

Khartoum, qui est un pays arabe, accueillera le prochain
sommet arabe, prévu en mars prochain.

Sur une affiche placée en face de la salle de conférences, le
Friendship Hall, où se tenait le sommet, des chefs d’Etat
figuraient doublement. C’était le cas des présidents Abdoulaye
Wade du Sénégal et Laurent Gbagbo de la Côte d’Ivoire.
Conséquence, quelques chefs d’Etat, bien que présents à la
cérémonie, n’étaient pas représentés sur l’affiche en question.

Le sommet africain de Khartoum a coïncidé avec la célébration
du cinquantième anniversaire de l’indépendance du Soudan, et
du premier anniversaire de la signature de l’accord de paix
global.

La rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement a quelque peu
péché par l’organisation. A tel point que des chefs d’Etat ont dû,
parfois, aller à leur voiture. Celle du président Abdoulaye Wade
aurait même failli être percutée par une autre voiture.

Le Soudan, après la signature de l’accord de paix, a décidé de
considérer les langues autochtones comme langues officielles,
et d’accorder le droit à chaque population d’utiliser sa langue.
C’est le président soudanais qui le dit. L’accord de paix a prévu
la création d’un Conseil national pour le développement et la
promotion de toutes les langues autochtones.

“Les civilisations doivent coopérer et s’entraider pour le
bien-être de l’humanité car, croire qu’une culture peut dominer
une autre relèverait de l’absurde. Toutes les civilisations doivent
s’ouvrir aux autres”, a dit le président soudanais Omar Al-Bachir.

En descendant du perron de la salle de conférences, Omar
Bongo, le président gabonais, a failli tomber. Il a été
heureusement soutenu, in extremis, par ses body gards

Trois jours ont été décrétés fériés à l’occasion de ce grand
rendez-vous de Khartoum.

Le président zimbabwéen, Robert Mugabé, acquiesçait de la
tête, quand le président soudanais déclarait que l’Afrique doit
rompre avec la dépendance vis-à-vis de l’Occident. "Il est de
notre devoir de libérer l’Afrique de la dépendance et des
pressions étrangères. Nous devons également la débarrasser
de la distinction entre l’Afrique anglophone et l’Afrique
francophone, léguée par le colonialisme".

<Rassemblé par Cheick Beldh’or SIGUE

Le Pays

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