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Municipales à Yako : De belles empoignades en perspectives

Publié le jeudi 26 janvier 2006 à 07h59min

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La conquête de la commune de Yako promet âprement d’être houleusement disputée car 12 partis politiques se sont manifestés pour ces élections municipales 2006 : le CDP, l’UNIR/MS, l’UNDD, la CPS, la CDS, l’ADF-RDA, l’UFDP, l’UFD, le PEDB, le PDP/PS, RFI/PJB, le RDM.

Il convient de souligner d’abord la curiosité que suscite la province du Passoré sur le plan politique. Bon nombre d’animateurs de la scène politique nationale en sont ressortissants et sont chefs de parti où occupent des rôles importants.

Me Bénéwendé Sankara est président de l’UNIR/MS, Nongma Ernest Ouédraogo, président de la CPS, Fidèle Kiètéga, président de la CPS.

Tout dernièrement, une scission au sein du CDP, qui a abouti à la naissance du RDM le 29 janvier 2005, dont Eugène Diendéré est le porte-drapeau. Ram Ouédraogo du REDB.

Pour ceux qui occupent des postes importants au sein de leur parti, il y a Fatou Diendéré, député et membre du bureau exécutif du CDP ; François Wendlassida Ouédraogo, lui aussi député et vice-président du PDP/PS. Mais sur la ligne de départ, on remarque l’absence du parti de Ram Ouédraogo et de celui de Fidèle Kiètéga.

Parmi les 12 partis annoncés, se dégagent le CDP, le RDM, l’UNIR/MS, qui mènent présentement une précampagne intensive dans la commune et dans les départements de la province.

Concernant la commune de Yako, pour l’ensemble des 7 secteurs et 40 villages, 94 conseillers sont à pourvoir. De sources proches de la Commission provinciale indépendante du Passoré, sur les 8 autres départements de la province, au moins 5 partis politiques se sont signalés dans chaque département.

Le secteur de tous les dangers

Selon plusieurs observateurs de la scène politique yakolaise, les yeux sont plus rivés sur le secteur 4. "C’est le secteur de tous les dangers", entend-on dire.

Ils n’ont peut-être pas tort. Pour deux postes de conseillers, quatre poids lourds du terrain politique vont s’affronter là-bas : Eugène Diendéré, le président du RDM, occupe la tête de liste de son parti ; François Wendlassida Ouédraogo, vice-président du PDP/PS ; le CDP aligne en tête Hamidou Zida, membre influent du part et marabout de son état. Dans ce même secteur, Alidou Sanfo, secrétaire général provincial de l’UNIR/MS.

Le très bouillant responsable de l’UNIR/MS, Alidou Sanfo, reconnaissant la supériorité matérielle et financière de ses concurrents, croit pourtant qu’il peut leur dammer le pion : "Je suis proche de la base, nous vivons nos joies et nos peines ensemble. L’UNIR/MS a suivi de près (en nombre de votants) le CDP dans ce secteur lors de l’élection présidentielle", lâche-t-il.

Il pense que lui, son électorat est fidèle, alors que le CDP et le RDM vont se partager entre eux les voix récoltées lors de la présidentielle. Au RDM, comme à l’UNIR/MS, on compte exploiter judicieusement le bilan du Conseil municipal sortant, jugé désastreux.

"On ne voit le maire à Yako que quand il y a des inaugurations ou quand des officiels arrivent. Il a été absent durant tout son mandat", regrette un groupe de jeunes.

Selon eux, le bilan de la mairie se résume à la gare routière, à la construction de la résidence du maire et du "Jardin du maire". Le reste, ils s’en souviennent vaguement, pour ne pas dire qu’il n’y a rien de plus.

Selon une certaine source, la gestion de la mairie est une corvée pour le maire sortant, Kouka Edouard Nanéma. Plus technocrate que politicien, sa tâche se serait compliquée davantage quand son protecteur, Mathieu Bêbrigda Ouédraogo, a perdu la bataille face à Fatou Diendéré lors de la lutte pour le positionnement sur la liste de la candidature à la députation en 2002.

C’est pourquoi d’ailleurs cette année, il ne s’est même pas montré intéressé par un poste de conseiller. Il aurait jeté volontairement l’éponge.

Bref, pour revenir sur les positionnements sur les listes dans certains secteurs pour dire qu’au secteur 2, les rivaux du CDP pensent être en bonne posture, espérant un vote sanction en leur faveur au détriment du secrétaire général provincial du CDP, qui serait vomi par sa base.

A entendre les dirigeants de l’UNIR/MS, leur poste de conseiller est assuré au secteur 6 où se présente Kindo P. Mamadou, coordonnateur régional du parti pour la campagne présidentielle écoulée.

Le clin d’œil d’Eugène Diendéré sur le fauteuil du maire

Du côté du CDP, on balait les déclarations des rivaux d’un revers de la main. Faute d’avoir le SG provincial du CDP lors de notre passage, nous nous sommes entretenu avec certains militants de base.

Selon eux, le parti de l’œuf est un ramassis d’élèves et de fonctionnaires, ne possédant même pas de cartes d’électeurs. Ils disent attendre le moment opportun pour étaler un véritable rouleau compresseur pour étouffer les ambitions démésurées de certains partis politiques.

A les écouter, la cible la plus détestée est le RDM, qu’ils accusent d’utiliser des approches régionalistes pour conquérir la chaise du maire au sortir du 12 mars 2006.

A ces insinuations, Martin Noufou, membre du bureau politique national du RDM et responsable à l’information rétorque : "Nous avons fini la mobilisation en ce qui concerne la commune de Ouahigouya ; qu’on le veuille ou pas, nous allons occuper le grand fauteuil".

Mais de régionalisme, ce dernier ne veut pas entendre parler : "Le RDM est né de la volonté des masses, nous sommes fatigués d’être humiliés et traités comme des moutons".

"Les gens croient que c’est uniquement dans la province du Passoré que le RDM a présenté des candidats ; dans les limites de nos moyens et de nos stratégies, nous avons déposé des listes dans trois communes de Ouagadougou, dans la commune rurale de Koumbri (département situé à 30 km de Ouahigouya), à Fada N’Gourma, à Tougan", etc.

A vrai dire, la commune de Yako ne sera pas la seule où la rivalité va être menaçante. Il y a la commune rurale de Samba, département natal de Bénéwendé Sankara, où l’UNIR/MS a donné du fil à retordre au CDP. Plus celle de Bokin, bastion d’Esnest Nogma Ouédraogo, où il passerait une grande partie de ses moments libres.

A Yako, la menace des partis d’opposition est réelle et ne laisse pas le temps aux militants du CDP de se déchirer entre eux. Le jeu va donc se jouer entre les partis politiques et non entre les clans d’un même parti.

Emery Albert Ouédraogo
Observateur Paalga

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