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Frontière Burkina-Bénin : Le miel de la discorde

Publié le jeudi 26 janvier 2006 à 08h02min

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Le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD), Pégdwendé Clément Sawadogo, a réuni la presse nationale et internationale, hier 25 janvier 2006, pour démentir les « mouvements de troupes » dont on a fait cas à la frontière bénino-burkinabè.

A peine deux semaines après sa prise de fonction au département de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le ministre Pégdwendé Clément Sawadogo a fait son baptême de feu avec un dossier brûlant.

Il s’agit des dernières informations faisant état de mouvements de troupes à la frontière entre le Bénin et le Burkina. Que s’est-il passé exactement ? L’explication du ministre Sawadogo : « Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2006, un jeune Burkinabè a été interpellé par la gendarmerie de Porga (en territoire béninois).

Après cet évènement, nos éléments de sécurité ont mené des investigations et avaient à leur tour procédé à des interpellations de quelques personnes ». Par la suite, dans la nuit du 22 au 23 janvier, poursuit-il, « nous avons appris que des agents de sécurité béninois empêchaient les mouvements de personnes et de véhicules du Bénin vers le Burkina ».

Faut-il par là déduire qu’il y avait « une montée d’adrénaline » dans la zone de Koalou-Kourou ? Non, c’est plutôt, selon le MATD, une simple montée d’humeur entre les forces de sécurité des deux pays et qu’en dehors de ces faits, il n’y a eu « ni accrochages ni mouvement massif de troupes, en tout cas pas du côté burkinabè ».

Les autorités béninoises ont reconnu, selon le ministre, qu’il n’y a pas eu de mouvements de troupes. Qu’elles ont dit avoir été probablement induites en erreur. Ce qui s’est passé, a estimé notre ministre, ce sont des différends habituels qu’on doit pouvoir gérer sans en arriver à des accrochages sérieux.

Les responsables locaux de la sécurité des deux pays, a déclaré le ministre, ont eu une rencontre le 23 janvier 2006 à l’issue de laquelle, ils se sont entendus pour libérer les personnes interpellées de part et d’autre. Ils se sont, en outre, engagés à travailler pour la pérennisation de la paix et de la sérénité au sein des populations.

Le Burkina Faso tout comme le Bénin, a-t-il clamé, n’a aucune volonté de déclencher des hostilités inutiles à un moment où les efforts des deux pays sont centrés sur le développement.

Koalou-Kourou, un vieux dossier

Il faut noter que cet incident n’est pas sans précédents. Il est inhérent à la non-matérialisation de la frontière, pendante depuis 1980. Selon le ministre, 90% de cette frontière ont été théoriquement délimités et aujourd’hui, c’est une portion de 68 kilomètres carrés qui constituent la pomme de discorde.

Celle-ci correspond à peu près « à la distance géographique qui sépare l’intersection du pont de la rivière de la Pendjari avec le 11e parallèle jusqu’au point triple Bénin-Burkina-Togo ». Et c’est dans cette portion que se trouve le village de Koalou, où il y a des problèmes de cohabitation.

Le ministre a par ailleurs évoqué les différentes discussions dans le cadre de la commission mixte paritaire bénino-burkinabè sur le tracé théorique de la frontière. En effet, on se rappelle que la 10e session de ce cadre d’échanges, tenue du 2 au 4 mai 2005 à Ouagadougou, n’a pas abouti à un consensus sur la délimitation de la zone.

Conséquence, les experts s’en étaient remis aux plus hautes autorités. Il s’agit, a expliqué le ministre, d’un problème d’interprétation des textes mais qui n’entrave en rien la volonté des deux parties de parvenir à une solution à l’amiable, d’ailleurs clairement affirmée par les présidents béninois et burkinabè.

Selon le ministre Sawadogo, son homologue et lui devraient même reprendre, ces derniers jours, les négociations relatives au litige frontalier. Elle a été reportée sur demande de la partie burkinabè, en raison des élections que chacun des deux pays s’attellent à organiser.

Et c’est finalement aujourd’hui même, a annoncé le ministre, qu’il se retrouvera avec son homologue, au Bénin, sur le dossier de la délimitation de la frontière. Ce rendez-vous, a-t-il précisé, n’a rien à voir avec le dernier incident. Il était, à ses dires, programmé bien avant.

Mais quelles sont les circonstances d’interpellation du jeune Burkinabè, du nom de Malick Ouédraogo ? Selon le ministre, ce dernier est allé à Timboundou, un quartier habité par des Béninois pour récolter du miel. Des mésententes nées entre lui et les habitants de la localité ont donc conduit à son interpellation par la sécurité béninoise.

Ce n’est pas en espion, a précisé le ministre, que l’intéressé s’est retrouvé dans la zone. Du point de vue du conférencier, il s’agit là d’une affaire qui doit faire l’objet d’une gestion purement civile.

Notons aussi qu’au cours de cette conférence, le ministre est revenu sur la mort dramatique du préfet de Mansila dans la province du Yagha, Soumana Ouali, abattu le 23 janvier par des coupeurs de route.

La gendarmerie et la police, a indiqué le ministre, sont à pied d’œuvre pour présenter un rapport circonstancié sur son décès.

Hamidou Ouédraogo
L’Observateur Paalga

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