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VIe Sommet de l’Union africaine à Khartoum : Le président Denis Sassou NGuesso porté aux commandes

Publié le jeudi 26 janvier 2006 à 07h39min

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Le président du Faso, Blaise Compaoré est rentré mardi dernier du Soudan où il a pris part au VIe Sommet de l’Union africaine qu’a abrité la ville de Khartoum les 23 et 24 janvier 2006. A ce sommet, qui a enregistré la participation d’une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement, les réflexions, les débats et les échanges ont porté sur les problèmes et les préoccupations qui se posent à l’Afrique ou que l’Afrique pose.

Entre autres, les crises et les conflits, les épidémies et les pandémies, les problèmes de gouvernance, d’éducation, d’emplois, de pauvreté... Au terme de leurs travaux, les chefs d’Etat et de gouvernement ont désigné le président du Congo Brazzaville, Denis Sassou NGuesso pour assumer pendant un an la présidence de l’Union.

C’est le président du Congo Brazzaville, Denis Sassou NGuesso qui a été désigné par consensus par le VIe Sommet de l’Union africaine (UA) qui vient de se tenir à Khartoum au Soudan, pour assumer un an durant, la présidence de cette Union panafricaine. Alors que logiquement, la présidence tournante de l’Union aurait dû revenir à l’hôte du Sommet, le Soudanais Omar Hassam Al-Bachir.

Sa candidature était contestée par plusieurs pays et de nombreuses organisations et associations non gouvernementales du fait du rôle du gouvernement Al - Bachir dans la crise du Darfour, dans la partie Ouest du pays. Pour des pays comme le Tchad, la contestation de la candidature du président soudanais se justifiait par « la situation d’accusé » du Soudan dans le contexte de troubles insurrectionnels au Tchad d’Idriss Déby.

Même si tous les pays n’étaient pas de cet avis compte tenu des divergences d’approche sur les questions du Darfour et du Tchad, ils ont été tous unanimes à se féliciter du retrait à la dernière minute de la candidature soudanaise. Ce qui a permis aux chefs d’Etat et de gouvernement, participant au Sommet de Khartoum, de mettre en place un comité pour se pencher sur une sortie de mésentente, voire de crise. C’est finalement ce comité, piloté par le président burkinabè Blaise Compaoré, qui a permis de sauver la face du Sommet.

En effet, sa proposition, celle de confier la présidence de l’Union africaine pour cette année au Congo Brazzaville, donc au président Denis Sassou NGuesso a été acceptée de façon unanime. Les incidents attendus n’ont donc pas eu lieu. Et c’est tant mieux pour la cohésion de l’Union africaine. Toutefois, le président soudanais Omar Hassan Al-Bachir a obtenu de ses pairs « l’assurance écrite » de pouvoir accéder en 2007 à la présidence en exercice de l’Union africaine.

Une victoire dont le Soudan peut se consoler, en attendant de savourer la présidence de l’Union l’année prochaine, si toutefois d’autres accusations et constats ne viennent pas compromettre cette nouvelle candidature. Une autre victoire dont Oumar Hassan Al-Bachir peut en être fier c’est d’avoir réussi l’organisation du VIe Sommet dont il avait la charge. La participation était jugée satisfaisante : une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement, de nombreuses délégations de partenaires techniques et financiers, plusieurs représentants d’organisations régionales et internationales.

Le président Idriss Déby du Tchad dont le pays s’est déclaré être en conflit avec le Soudan, lui, n’a pas fait le déplacement de Khartoum. Mais son appel au boycott du rendez-vous de Khartoum n’a pas porté. La VIe session de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine aurait tenu toutes ses promesses si l’essentiel du temps n’avait pas été consacré aux multiples et interminables tractations pour aboutir au compromis ayant porté. Denis Sassou NGuesso au poste de président en exercice de l’Union. Cela, après la cérémonie d’ouverture tenue le 23 janvier 2006, a pris toute l’après-midi du mardi et jusque tard dans la nuit.

C’est finalement dans la matinée du 24 janvier dernier jour du Sommet que le compromis a été accepté. Donc les travaux du VIe Sommet n’ont véritablement démarré que le dernier jour. Alors, il fallait faire vite et bien ! C’est ainsi que tous les problèmes et questions à l’ordre du jour ont été passés en revue, certains de façon plus approfondie et d’autres de façon très sommaire.

Ainsi l’affaire dite de l’ancien président tchadien Hussein Habré a fait l’objet de débats qui a abouti à la création d’une commission de juristes africains pour cerner toute l’ampleur du problème et proposer une solution. Il est de plus en plus question de trouver une juridiction africaine pour juger Hussein Habré, car c’est avant tout un problème africain. C’est dire donc que le problème sera de nouveau sur la table du prochain sommet de l’Union africaine prévu à Banjul en Gambie en juillet 2006.

Le thème de ce VIe Sommet « Education et culture », en dehors de son évocation dans les discours d’ouverture de la conférence, n’a pas fait l’objet de grands débats et des échanges lors des travaux. Toutefois, les chefs d’Etat et de gouvernement ont déclaré à Khartoum la période 2006 - 2015, « la 2e décennie de l’éducation » qui cadre bien avec la période des Objectifs du millénaire pour le développement.

Entre autres préoccupations qui ont retenu l’attention du Sommet et sur lesquelles des engagements et des directives ont été pris, figurent en bonne place les questions de justice, de paix, de sécurité, de solidarité, d’environnement, de démocratie, des réformes de l’Organisation des Nations unies, de renforcement des droits humains, économiques et sociaux, la bonne gouvernance, les situations de conflits et de crises qui déchirent le continent africain... Sur tous ces aspects, nous y reviendrons dans nos prochaines éditions. En attendant et comme le réclame le président de la Commission de l’Union africaine, Alpha Oumar Konaré, puisse l’Afrique chanter en chœur cet hymne formulé par le président sud-africain, M. Thabo MBeki : « Rien, ni personne ne pourra arrêter durablement ce soleil d’Afrique. Pas même ces horreurs du matin que nous voyons encore et qui nous perturbent tant, qui déchirent notre continent mais que nous souhaitons passagers. Très vite passagers ».

Encore faut-il que les pays africains acceptent de renforcer les bases de leur Union panafricaine en payant leurs cotisations ! Or aujourd’hui, 14 pays, soit presque le 1/3 des Etats membres contre 9 Etats en 2005 ne sont pas à jour de leurs cotisations. Ils sont sous sanction présentement. Mais en dépit de tout, l’Union reste « confiante et déterminée » à réussir ses missions.

Sita TARBAGDO,
Envoyé spécial au Soudan


Les conclusions du sommet par le président du Faso

« A ce sommet de l’Union africaine tenu à Khartoum, nous avons encore pris des engagements pour l’avenir. Des engagements assez importants dans la mesure où nous nous sommes penchés sur la promotion de l’éducation et de la culture comme instruments fondamentaux, essentiels pour développer l’économie, le social , la politique et la santé de nos pays ; et assurer un idéal beaucoup plus consistant pour les populations africaines. Ceci pour nous, nous donne à penser que les dirigeants africains vont prendre davantage conscience de l’importance de ces dimensions dans la vie sociale et économique du continent. Par ailleurs, nous avons dès dimanche, avec un certain nombre de pairs africains supervisé l’auto-évaluation du programme du Ghana, dans le cadre du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP).

L’exercice nous a permis de comprendre que l’on peut par rapport à ce mécanisme créer des moyens d’assurer une meilleure gouvernance des économies africaines, à travers bien sûr cette auto-évaluation qui se fait sous la conduite de l’ensemble des pairs engagés. Le Burkina au cours de cette année, se prêtera bien volontiers à l’épreuve. Il s’agira pour nous, après le travail d’une commission indépendante et portant sur tous les secteurs d’activités et de gouvernance de nous présenter devant nos pairs africains pour parler de nos problèmes et dégager des perspectives de solutions pour notre pays.

En ce qui concerne le sommet, lui même, il a été l’occasion d’évoquer les conflits qui sont encore nombreux sur le continent. Des résolutions et des dispositions ont été prises pour soutenir ça et là les différents processus de paix qui sont déjà opérationnels. Mais je peux souligner que nous avons eu beaucoup de retard avant d’aborder les questions, au niveau de l’élection du président de l’union africaine. Sur cette élection, il y a eu beaucoup de divergences. D’un côté, ceux qui pensaient que le Soudan devait diriger ce sommet. De l’autre, ceux qui étaient contre l’élection du Soudan pour assumer cette présidence . Et ceux-là qui proposaient une reconduction du président sortant, en l’occurrence le président Obasanjo ou le choix d’un président dans la zone Afrique de l’Est.

Dans tout ça, il a fallu mettre en place un comité qui a travaillé des heures durant sous notre présidence pour arriver à faire la proposition qui a été acceptée . A savoir que nous faisons une rotation. Et l’Afrique centrale a donc proposer le président du Congo Brazzaville, Denis Sassou NGuesso pour présider pendant une année la Conférence des chefs d’Etat. Bien sûr, nous n’avons pas manqué de saluer les efforts déployés par le Soudan, à travers la signature du traité de paix avec le Sud mais aussi les efforts déployés en ce qui concerne la question du Darfour.

Pour le sommet de 2007, nous avons proposé que le Soudan puisse être candidat à la présidence de l’Union africaine lorsque nous allons nous réunir en janvier prochain au siège.

Au délà de tout ça, il y a eu beaucoup de discussions bilatérales et des questions portant sur la réforme des Nations Unies, ainsi que sur les aspects liés au fonctionnement de la commission et les reformes pour l’union même. »

S. T.

Sidwaya

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