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Gabon : Après 40 ans, Bongo veut passer aux actes

Publié le lundi 23 janvier 2006 à 08h20min

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Omar Bongo Ondimba

Réélu président de la République gabonaise, le 27 novembre 2005, pour un mandat de sept ans (1), Omar Bongo Ondimba (OBO) a prêté serment le jeudi 19 janvier 2006 à Libreville. En présence de douze de ses pairs, dont le Burkinabè Blaise Compaoré, et du Tout-Etat gabonais, OBO, comme l’appellent ses partisans, est revenu avec insistance sur sa promesse électorale : "Poser des actes pour le Gabon".

Samedi 1er octobre 2005. Palais international des conférences sis à la Cité de la Démocratie à Libreville. Omar Bongo Ondimba, après plusieurs "appels" de ses partisans, déclare officiellement sa candidature à sa propre succession. "Je dis oui, tout simplement", a-t-il lancé ce jour lors du forum des jeunes de la majorité présidentielle. Trois mois plus tard, c’est la même salle qui prête son cadre majestueux à la cérémonie d’investiture du candidat du Parti démocratique gabonais (PDG) soutenu par un coalition hétéroclite de quarante formations politiques.

Tout ce qu’il y avait de sophistiqué a été réuni, comme pour convaincre les Gabonais de la modernité du dessein présidentiel : écrans géants relayant en direct l’arrivée des délégations étrangères, centre de presse ultramoderne et matériel multimédia high-tech. Côté sécurité, un impressionnant dispositif est déployé de l’aéroport à la Cité de la démocratie, un hélicoptère militaire balaie à intervalles réguliers l’espace du palais des conférences.

Sécurité des VIP venus saluer la réélection du doyen des chefs d’Etat ou souci de prévenir des troubles comme ceux qui ont éclaté au lendemain de la proclamation des résultats provisoires ? Les partisans du président, constitués en majorité de femmes, arborant des tee-shirts estampillés "OBO, notre choix", "Omar Bongo Ondimba, notre unique candidat", délirent d’allégresse.

Extrême solennité du cérémonial

A pas de danses et de chants folkloriques, ils accueillent dans l’enthousiasme Blaise Compaoré, Abdoulaye Wade, Amadou Toumani Touré, Mathieu Kérékou, Ellen Johnson Sirleaf... et Alpha Omar Konaré, président de l’Unité africaine. D’autres, massés à l’entrée du Palais des conférences, y demeurent faute de places à l’intérieur. Des "invités spéciaux", refoulés par la sécurité laissent échapper leur colère : "Nous sommes de la majorité présidentielle et nous avons contribué à la victoire du président", peste, dépité, l’un d’entre eux, carte d’invitation bien serrée dans la main.

A l’intérieur, on s’enchante du décor pittoresque des lieux. Mais l’extrême solennité du cérémonial n’est pas du goût de tous : "Qu’ils prennent place, déjà qu’on est en retard", murmure un journaliste local, parlant des chefs d’Etat installés dans une salle d’attente. 12h 15. Heure locale. Omar Bongo Ondimba, accompagné de la très ravissante présidente de la Cour constitutionnelle, Marie Madeleine Mborantsuo, fait son apparition. Les invités l’acclament.

Vêtu d’un costume noir, style XIXe siècle, la chevelure habilement teinte en noir, il s’avance à pas précautionneux vers le fauteuil placé sur une estrade. Commence alors la lecture du délibéré sur les requêtes en annulation introduites par le candidat de l’Union du peuple gabonais (UPG), Pierre Mambaudou, et le "néo-opposant" (2) président de l’Union gabonaise pour la démocratie et le développement (UGDD), Zakarie Myboto.

"Je m’engage à être juste envers tous"

Debout, la main gauche sur la Constitution, la main droite levée vers le drapeau, l’impétrant sacrifie au rituel républicain de prestation de serment. "Je m’engage à respecter et à faire respecter la loi... à être juste envers tous", a-t-il prononcé entre autres, les traits figés, mais liftés par le bonheur. Le regard perdu vers un horizon lointain, voit-il les innombrables photographes et cameramen qui se bousculent devant lui ? 13h 40. Le dernier des invités autorisés à lui serrer la main descend de l’estrade. Rideau sur le cérémonial, commence un nouveau règne. De quoi sera-t-il fait ? Durant les deux semaines de campagne électorale, il n’a cessé de marteler : "Je ferai du Gabon une société solidaire, équitable, de justice et de progrès". Son entourage ne veut douter de rien. Et tel un écho, il reprend : "Plus de littérature. Le septennat sera celui des grands travaux, des grands chantiers".

(1) Arrivé au pouvoir le 28 novembre 1967, Omar Bongo Ondimba brigue son septième mandat dont trois depuis l’instauration du multipartisme en 1990

(2) Compagnon politique du président Bongo trente ans durant, Zakarie Myboto fut un membre influent du PDG. Il fut plusieurs fois ministre de 1978 jusqu’à 2001, année de sa démission du gouvernement.

Alain Saint Robespierre Envoyé spécial à Libreville


Dans les coulisses

Sirleaf, superstar

S’il y a une personnalité qui a particulièrement marqué la cérémonie d’investiture, c’est bien la présidente du Liberia, Ellen- Johnson Sirleaf. A son arrivée dans la salle, comme au moment de lever pour aller serrer la main d’Omar Bongo Ondimba, c’est un vibrant hommage que lui a réservé l’assistance par des acclamations bien nourries. Commentaire d’un confrère gabonais : "Pourvu que son cas fasse école au Gabon".

Ondimba, vous connaissez la signification ?

Le surnom Ondimba du président gabonais vient du nom de père. En langue batéké, dialecte de la province du Haut-Ogoué (Sud-Est) d’où est originaire Omar Bongo, Ondimba est le nom d’un arbre, dont l’amande des fruits est beaucoup utilisée dans la cuisine. Cet arbre est considéré comme symbole de sagesse. "J’ai grandi à la manière d’un arbre : d’abord en sourdine et en profondeur, puis en souplesse et en force pour surmonter les obstacles", se plaît à raconter le président Bongo.

La presse burkinabè abandonnée par son chauffeur

A la fin de la cérémonie, pendant que les journalistes burkinabè s’efforçaient d’obtenir des copies des images de l’investiture, le chauffeur, commis à leur service, n’a trouvé mieux que de se fondre dans la nature. Conséquence, c’est avec près d’une heure de retard que l’avion présidentiel burkinabè a décollé pour le retour à Ouaga.

Rassemblés par Alain Saint Robespierre
Observateur Paalga

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