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Communication politique : Quand le pouvoir décontracte !

Publié le samedi 21 janvier 2006 à 19h30min

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Le régime burkinabè n’a pas encore désoûlé ! Jamais le pouvoir du président Blaise Compaoré n’a été aussi relax qu’après le verdict rendu par les urnes le 13 novembre dernier. C’est le grand manitou himself qui a donné le ton le 20 décembre dans un méchant takborsé lors de la soirée organisée en l’honneur des invités de marque à la cérémonie de son investiture.

Sans drap, le président du Faso s’est autorisé quelques pas de danse avec Mme Wade. Le très réservé Moussa Michel Tapsoba, président de la Commission électorale nationale indépendante, l’avait déjà devancé sur scène lors d’une émission de l’émission Cocktail.

L’exemple du chef a rapidement fait tache d’huile dans son entourage et au sommet de l’Etat. La liste est loin d’être close puisqu’un autre homme du système Compaoré s’est laissé aller à l’ambiance festive des fin et début d’année en se mettant à l’heure du takborsé. Golf, comme on l’appelle dans son fief du Conseil, n’y est pas allé du dos de la cuillère. Pour honorer l’invitation faite à son épouse pour l’inauguration de la gargote du groupe musical "Le pouvoir", le colonel Gilbert Diendéré a fait le camouflage complet.

Un commando ne faisant jamais les choses en détail, Golf s’est paré de tout ce qui permet de voir venir un faiseur de malin. Pour la circonstance donc, il s’est coiffé d’un chapeau à la Hamed Smani et naturellement muni de la pipe. Bien des commandos "à la Conseil" ont dû regarder par deux fois les images avant de se laisser convaincre que c’était bien leur chef qui se décontractait de la sorte.

Sur les traces de son époux, on a aussi aperçu l’honorable Fatou Diendéré se rappeler ses souvenirs de chanteuse et fredonner des mélodies dans le nouveau palais présidentiel de Ouaga-2000. La plus grande surprise est cependant venue de la "Chantou nationale". Là encore, devant un parterre d’invités, la première dame du Faso a réglé son compte au takborsé. L’épouse du chef de l’Etat s’est copieusement " enjaillée ", dansant par-ci, chantant par-là. Elle a fait "son malin" sans complexe aucun.

Bien qu’officiellement rien n’ait encore été dit sur le nouveau style de gouvernement, on peut imaginer que c’est certainement la "fessée électorale" administrée à ses concurrents qui a libéré le premier cercle du système Compaoré. Le large score de plus de 80% a nettoyé la souillure que traînait le capitaine Blaise Compaoré depuis la sanglante prise de pouvoir le 15 octobre 1987. Le 13 novembre apparaît comme la renaissance et l’acquisition d’une vraie légitimité.

Sans pourtant baisser complètement la garde, le pouvoir se débarrasse de sa crispation légendaire et personne ne veut être en reste. Ainsi, pour sa première conférence de presse depuis la composition du tout premier gouvernement du septennat, Paramanga Ernest Yonli a tourné le dos à la langue de bois qu’il affectionnait tant. Très décontracté, il n’a esquivé aucune question, et il était visiblement à l’aise.

Le chef du gouvernement n’a pas mis de gant pour répondre aux questions. Il n’a pas hésité à dire qu’il était un fusible qui pouvait sauter à tout moment, même dans des délais courts. Pendant les précédentes années, le Premier ministre était plutôt allergique à certaines questions, et les quelques journalistes courageux qui fonçaient ramassaient une "mal cause" qui tuait toute envie de recommencer.

Indéniablement, ce nouveau look contribue à rapprocher le pouvoir du peuple. Cependant, tout excès étant nuisible, il y a lieu de rester dans l’acceptable, car, à trop faire le malin, on court le risque de donner une mauvaise image aux dirigeants. Le peuple veut certes des responsables qui s’identifient à lui, mais il ne souhaite pas non plus que le pouvoir fasse le malin alors que le peuple a faim, car, comme dirait le groupe La Cour suprême, "Ça, c’est pas normal".

Adam Igor
Journal du jeudi

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Vos commentaires

  • Le 22 janvier 2006 à 11:52, par Douni yaa sougrii En réponse à : > Communication politique : Quand le pouvoir décontracte !

    A la suite du commentaire du journaliste, j’ajoute que c’est la preuve que les dirigeants politiques et les gouvernants sont l’émanation du peuple. En Conséquence ils sont comme tout le monde. Dès lors, il ne faut surtout pas leur demander ce qui est humainement impossible.
    Quant à la référence de la notion de "l’acceptable", il faut dire que tout le monde ne danse pas, ou ne fait pas la fête tous les jours. Soyons donc indulgents en toutes circonstances de cause....

    • Le 23 janvier 2006 à 06:34 En réponse à : > Communication politique : Quand le pouvoir décontracte !

      celui qui à écrit le message précédent est très intélligent

      • Le 23 janvier 2006 à 22:15, par le gêneur En réponse à : > Communication politique : Quand le pouvoir décontracte !

        j’aimerais savoir si la censure est aussi commune à le faso.net. Hier dimanche j’ai fait une contribution par rapport à l’écrit de JJ sur la communication politique de nos dirigeants. S’il ya censure pouvez vous nous dire sur quels critères afin de nous permettre de continuer à participer à ce forum si important et si enrichissant pour nous ?

        • Le 23 janvier 2006 à 22:48, par Douni yaa sougrii En réponse à : > Communication politique : Quand le pouvoir décontracte !

          Cher Monsieur,
          Vous évoquez tout de suite les grands mots : "censure". C’est excessif !!! rire
          Je peux vous affirmer qu’à la suite de certains disfonctionnements techniques, certains de mes propres messages n’ont pas été retranscrits. Ce n’est pas pour autant que j’ai crié à la "censure". Et quelle censure ? Monsieur Cyriaque PARE est un journaliste qui fait consciencieusement son travail. Il faut savoir lui être indulgent car, nous n’imaginons pas toujours les difficultés que celui-ci rencontre pour nous faire vivre ces moments de bonheur en maintenant le contact entre burkinabè et autres.
          Donc, je ne crois pas, un seul instant, à votre suputation de "censure".
          Alors, il faut recommencer votre message jusqu’à ce que les dieux de la technique soient avec vous car il ne faut pas oublier qu’internet rend le monde plus petit qu’une petite boule d’acassa ou néon. Douni yaa sougri.

      • Le 23 janvier 2006 à 22:39, par Douni yaa sougrii En réponse à : > Communication politique : Quand le pouvoir décontracte !

        Merci de votre compliment sur ma position.Je pense que vous êtes très sincère.
        Alors, moi aussi, je suis sincère dans mes propos. Vous aussi vous avez la sagesse car les sages parlent peu et bien.
        J’espère que j’aurai un jour le loisir de partager quelques idées avec vous pour accroître mon degré de sagesse et de justice.
        Douni yaa sougri

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