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Investiture d’Ellen Johnson Sirleaf : Une femme pour sauver le Libéria

Publié le samedi 21 janvier 2006 à 09h33min

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Historique, la cérémonie d’investiture d’Ellen Johnson Sirleaf l’a été le 16 janvier dernier. Devant le peuple libérien et de nombreux amis du Libéria, Ellen Johnson Sirleaf a prêté serment. Ainsi, elle est la première femme africaine à briguer la magistrature suprême de son pays. Après quatorze (14) années de guerre civile, le Libéria a effectivement besoin d’une battante pour sortir le pays de l’ornière après une guerre qui a trop duré.

En se rendant à Monrovia au Libéria, le président Blaise Compaoré est allé témoigner son attachement à la paix dans ce pays éprouvé par quatorze (14) ans de guerre qui a fait plus de deux cent mille (200 000) morts et plus d’un million de réfugiés dans les pays de la sous-région.

Comme Blaise Compaoré, une quinzaine de personnalités au nombre desquelles des chefs d’Etat, des représentants de chefs d’Etat, des ministres, l’épouse du Chef d’Etat américain, Mme Laura Bush et la secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères Mme Condeleeza Rice ont fait le déplacement et c’est sous bonne escorte des forces de la paix des Nations unies au Libéria que les différents cortèges ont regagné le lieu de la cérémonie. Ellen Johnson Sirleaf fut très ovationnée par le public au sein duquel une forte délégation de femmes du Burkina venues soutenir la présidente du Libéria.

Blaise Compaoré a pris place aux côtés des invités de marque de la cérémonie. Le premier acte de la cérémonie était l’entrée en fonction des membres du nouveau parlement, un acte qui met fin aux fonctions du parlement de transition ouvrant ainsi une nouvelle ère dans la vie de la 52e législature depuis l’indépendance du pays en 1847. L’acte 2 de la cérémonie était l’investiture de Mme Ellen Johnson Sirleaf en sa qualité de présidente du Libéria.

Et comme le stipule la constitution du pays, le vice-président a lui aussi prêté serment. Dans son premier discours en sa qualité de première présidente du Libéria, la première femme élue chef d’Etat du continent africain a d’abord tenu à rendre hommage aux personnalités invitées, et au regard de leurs actions en faveur du processus de paix au Libéria. Ellen Johnson Sirleaf a relevé avec elle les nombreux défis du développement. Défis au nombre desquels le retour à une vie constitutionnelle normale, la réinsertion socioéconomique et politique des nombreux exilés et des réfugiés et la reconstruction du Libéria. A ces propos, Mme Ellen Johnson Sirleaf a exhorté la diaspora libérienne à rentrer au bercail. Elle promet de lutter contre la corruption qui constitue un frein aux efforts de développement.

Dans cet ordre d’idées, elle a invité l’ensemble des acteurs et dirigeants politiques à déclarer leurs biens avant leur prise de fonction. L’eau et l’électricité sont les priorités de l’action gouvernementale et la coopération pacifique avec les pays voisins sera son cheval de bataille. Raison pour laquelle elle condamne d’office l’implication de tout Libérien dans les affaires intérieures de quelque Etat que ce soit. Sur le plan international, la collaboration avec les institutions et organismes sous-régionaux et internationaux sera un des axes prioritaires de la politique extérieure de son pays.

Ellen Johnson Sirleaf a signifié son ardent désir de voir à jamais s’éloigner le spectre de la guerre au Libéria et à travers le monde.

La dame de fer, comme on l’appelle affectueusement, a convié ses hôtes à un dîner. Un dîner au cours duquel les entretiens se sont multipliés entre les personnalités et invités. Le Libéria vient de donner l’exemple en tournant l’incroyable page de la guerre.

Elle met ses promesses en application

Ellen Johnson Sirleaf avait promis un gouvernement de technocrates et ouvert à l’opposition. La première liste des personnalités proposées pour rejoindre le nouvel exécutif libérien confirme en partie cette promesse. Pour le poste combien sensible de la Défense, la nouvelle présidente a choisi un ancien chef de la police jugé unanimement comme compétant et apolitique. Le portefeuille des Finances qui sera très étroitement contrôlé par la Communauté internationale en raison de la corruption généralisée au sein de l’Administration libérienne est confié à Antoinette une ex-directrice du Programme de la Banque mondiale au Bénin. Le ministère du Travail sera dirigé par un novice dans la politique, le défenseur des droits de l’Homme Samouwelle Koffi est connu pour ses critiques de l’ancien régime de Taylor. Si les affaires étrangères et la justice ne sont pas encore pourvues, certains dignitaires du gouvernement Brayane conservent leurs postes.

L’ouverture à l’opposition est timide, mais des mesures conservatoires ont été prises. Pour l’heure, aucun poste n’a été proposé à George Weah et à ses soutiens.

Une femme responsable et courageuse

Ancienne ministre et économiste de la Banque mondiale, Ellen Johnson Sirleaf est une figure incontestable du paysage politique libérien.

Les résultats du scrutin du 11 octobre l’avait classé devant l’ex-footballeur George Weah qui entre temps conteste les résultats. Ainsi des manifestations étaient organisées un peu partout à travers le pays par les partisans du candidat malheureux.

George Weah qui n’avait pas participé à la manifestation avait réitéré ses appels au calme après avoir appelé à des marches pacifiques dans tout le pays. Ellen Johnson Sirleaf qui avait refusé de se déclarer victorieuse malgré les estimations avait émis son intention de proposer à son rival un rôle important dans son gouvernement.

Elle venait de donner la preuve de son esprit d’ouverture et de rassemblement pour l’intérêt de son pays. Pour elle, le Libéria a besoin de tous ses fils et chacun peut contribuer à sa manière à la construction du pays. George Weah qui avait déposé une plainte auprès de la Commission nationale électorale pour fraudes supposées au second tour était revenu sur sa décision en retirant sa plainte. Le Libéria vient de franchir une étape importante de sa vie, il reste maintenant à la consolider. Notre pays a toujours été du côté des Libériens pour manifester son désir de voir le pays en construction. Beaucoup d’efforts ont été entrepris par notre pays pour ramener la paix dans ce pays. On se rappelle que nos autorités avaient tenté de trouver une solution à la crise en organisant des rencontres à Ouagadougou entre les différents protagonistes. Notre pays était incompris et aujourd’hui les événements nous donnent raison.

Kibsa KARIM


Une forte délégation de femmes burkinabè au Libéria

Elles étaient nombreuses à faire le déplacement de Libéria pour soutenir Ellen Johnson Sirleaf qui est un exemple à suivre. Nous avons réussi à obtenir l’impression de certaines d’entre elles.

Pourquoi avoir fait ce déplacement et quels sont vos sentiments face à cette investiture ?

Mme Odile Marie Bonkoungou, ministre de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation : En tant que femme africaine, c’est un grand événement pour les femmes. Nous sommes venues au Libéria pour soutenir notre sœur et lui traduire notre satisfaction pour son élection à la tête de ce pays.

J’ai été très émue par ce qui s’est passé. J’ai suivi le discours en partie étant entendu que c’est en anglais mais nous lui exprimons tous nos encouragements pour qu’elle participe réellement à la construction de son pays.

Mme Monique Ilboudo, ministre de la Promotion des droits humains : Ce moment est historique. L’Afrique a sa première femme à la tête d’un Etat et en tant que ministre de la Promotion des droits humains essayant de promouvoir la citoyenneté dans notre pays et à travers le monde.
Je crois que l’expression de la citoyenneté est de savoir que les femmes ont des droits et des devoirs au même titre que les hommes et qu’elles peuvent aussi accéder aux hautes fonctions et c’est une très bonne chose. Elle a fait un discours magnifique et nous sommes fières d’elle.

Est-ce que vous pensez que Ellen Johnson Sirleaf sera capable de ramener la paix dans son pays ravagé par 14 années de guerre ?

C’est vrai que nous avons de la fierté pour elle mais nous avons aussi beaucoup de crainte pour elle parce que ce n’est pas facile la tâche qui l’attend. Mais nous faisons confiance aux femmes et aux hommes du Libéria pour la soutenir pour qu’ensemble ils puissent sortir le pays de cette situation. Le Libéria est un bon pays il suffirait seulement que ces gens s’y mettent pour que ça soit un des pays prospère en Afrique.

Kibsa KARIM
L’Hebdo

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