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Aïcha Junior, membre du groupe “Les Premières Dames” : “Les gens apprécient positivement l’œuvre même si on chante comme des casseroles”

Publié le vendredi 20 janvier 2006 à 08h14min

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Aïcha Junior

Il ne restait qu’un petit pas, et Aïsha Junior l’a franchi allègrement. Après avoir fait les beaux jours d’Horizon FM, et joué au haut niveau dans le championnat national de hand-ball avec l’ASFA-Y, Aysha Junior s’est lancée dans le management culturel avec le festival « Deni-show » qui donne la chance aux tout-petits de s’exprimer en chant et danse .

Tantie Aïcha comme l’appellent affectueusement les enfants a pris en charge le petit Madson Junior qui, a porté haut les couleurs du Faso aux Koras en Afrique du Sud. A force de se frotter à la chose culturelle, Aïsha Junior a été piquée par le virus de la chanson et avec deux potesses Maguy Leslie et Mimi Kadi Jolie, le groupe les « Premières Dames est né ». Aysha Junior nous a ouvert son cœur.

Où êtes-vous allé chercher le nom « Premières Dames »

Aysha Junior : Nous sommes parties du fait qu’il y a des groupes comme le Gouvernement, le Pouvoir, la Cour suprême et nous avons estimé qu’il fallait une réplique féminine à ces groupes d’hommes. Car la femme est à la base de tout ; ne dit-on pas que la barbe dit le jour ce que les tresses lui ont dicté la nuit. Pour nous toutes les femmes sont des Premières Dames. C’est pourquoi, nous avons donné ce nom à notre groupe. Il faut souligner que ça n’a pas été facile au studio car nous ne sommes pas des professionnelles dans la chanson, nous avons bénéficié de l’aide immense du groupe Yelen et je les en remercie.

Est-ce que vous ne gâtez pas le nom des vraies Premières Dames, comme le dit la Cour suprême à propos du Pouvoir ?

A.J : Non. (rires) Nous sommes les Premières Dames entre griffes il n’y a donc aucun problème avec les aimables épouses de nos chefs d’Etat. Il faut même dire que quelque part, on se soutient ; pour preuve nous avons donné un spectacle au palais présidentiel sur invitation de Mme Chantal COMPAORE.

Peut-on voir dans votre nombre (3) une copie des « Trois Go » de Kotéba de Souleymane KOLY ?

A.J : J’ai une amie à Abidjan, elle a fait une cassette avec comme chanson phare « Les Premières Dames ». J’ai proposé à mes deux copines et complices, Maguy et Mimi Kadi Jolie de prendre ce nom pour notre groupe. Il n’y a pas de lien avec les « Trois Go » de Kotéba, car au départ, l’intention était de former un groupe avec de petites filles, mais dans les échanges avec mes copines nous avons décidé de la faire nous-mêmes, tout juste pour rire et s’éclater.

Depuis la sortie de votre œuvre, comment vous vous sentez ?

A.J : Rires. Je suis toujours la même Première Dame sur ma moto et je circule dans la ville. Des gens me taquinent en disant : « La 1ère Dame, ça suffit maintenant la moto », il faut chercher une voiture. Je réponds qu’il y a 1ère Dame et 1ère Dames ; moi je suis très près du peuple (rires).

Comment se comporte l’œuvre sur le marché discographique ?

A.J : Vous connaissez bien le marché de notre pays, notre objectif premier a été atteint avec la sortie de l’œuvre. Maintenant si le public se l’arrache comme de petits pains, nous en serons très heureuses.

De l’amusement, allez-vous vous mettre au sérieux pour embrasser une carrière de chanteuse ?

A.J : Chanter a toujours été un rêve pour moi. Dieu merci, j’ai réalisé ce rêve. De là à être une chanteuse professionnelle, je n’en sais rien pour le moment. « L’appétit vient en mangeant », dit-on. Si le Gouvernement, la Cour suprême, le Pouvoir continuent de nous attaquer nous allons répliquer (Rires).

Avez-vous des tournées en vue ?

A.J : On attend les organisateurs de spectacles.

Avec de multiples cordes à votre arc, n’êtes-vous pas quelque peu dispersée ?

A.J : C’est dans la dispersion que je me retrouve. (Rires). C’est mon côté charmant.

Comment le public a reçu votre œuvre ?

A.J : Les gens ont été surpris de nous voir chanter. Dès notre première sortie, le public a semblé nous adopter. Les gens apprécient positivement l’œuvre même si on chante comme des casseroles. (Rires). Je crois que c’est l’humour qu’il y a dans l’œuvre qui plait aux gens. Nous avons le soutien massif des femmes.

Est-ce que vos convictions religieuses musulmanes ne sont pas mises en mal par le fait d’être une chanteuse ?

A.J : Mon oncle me disait qu’une musulmane ne doit pas porter un pantalon.

Je lui ai dit de me laisser prier mon Dieu dans mes pantalons. On dit aussi qu’une musulmane ne doit pas mettre des mèches dans les cheveux, je porte mes mèches et je prie bien Allah. Pour moi, la foi n’a rien à voir avec le port de ceci ou de cela. On ne prie pas pour les beaux yeux de quelqu’un, on prie parce qu’on croit en quelque chose. Il y a eu des fois où des gens croient en quelque chose. Il y a eu des fois où des gens sont venus chez moi et lorsqu’ils me voient sur mon tapis de prière, ils n’en reviennent pas, ils sont étonnés de me voir musulmane pratiquante. Me voir en ville ne permet pas de savoir que j’ai la foi religieuse musulmane.

Vous vous occupez de Madson Junior, en retour qui vous manage ?

A.J : (rire) Je m’occupe de moi-même. Je suis mon propre manager. C’est spécial non ?

Quel a été l’apport du ministère de la Promotion de la femme dans votre œuvre, surtout que vous semblez être des féministes ?

A.J : Non, nous ne sommes pas des féministes. Toutes nos chansons ont été écrites par des hommes. Malheureusement nous n’avons pas approché le ministère de la Promotion de la femme. Mais nous pensons que le ministre de la Promotion de la femme a bien aimé notre œuvre.

Quels sont vos vœux à l’entame de cette nouvelle année ?
A.J : Je souhaite que Dieu révise les dossiers positifs de tout le monde. Que cette année 2006 soit uniquement que du bon. Particulièrement aux femmes, je souhaite une bonne et heureuse année 2006.

Et aux hommes ?

A.J : Est-ce la peine ... bonne année quand même (rire).


L’esprit de l’œuvre des « Premières Dames »

La cassette des « Premières Dames », Aysha Junior, Maguy Leslie et Kady Jolie, comporte six titres, en fait trois chansons et trois instrumentales.
Toute l’œuvre est un plaidoyer pour la défense de la cause des femmes. Elle essaie de prendre en compte la charte mondiale des femmes dont la Marche mondiale des femmes section Burkina, avec sa présidente Awa OUEDRAOGO le répondant.
Les « Premières Dame
s » appellent à lutter contre l’excision ; demandent une plus grande représentation de la femme aux instances décisionnelles et à l’Assemblée nationale. Elles demandent aux femmes de se lever pour revendiquer de meilleures conditions de vie afin de mieux participer au développement du pays. Elles estiment que les hommes ont toujours la parole au détriment des femmes. Il faut que cela change.

Pour les « Premières Dames », la femme doit prendre son destin en main. C’est pourquoi, elles rendent un grand hommage aux femmes en milieu rural, en les exhortant à l’union et la participation accrue aux grandes actions de développement car toutes les femmes sont des « Premières Dames ». Elles leur disent de ne pas se laisser faire, il faut se battre pour arracher des places à la hauteur de leur nombre élevé par rapport aux hommes et aussi par leur ardeur au travail. En s’adressant aux femmes, une fenêtre est naturellement ouverte aux enfants, l’avenir de la nation. Tout cela finit par un clin d’œil aux hommes, car sans eux la femme n’est rien et vice-versa.

Issa SANOGO
Bendré

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