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Côte d’Ivoire : Gbagbo appelle au calme

Publié le jeudi 19 janvier 2006 à 08h25min

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Obasanjo et Gbagbo

Le président ivoirien Laurent Gbagbo et son Premier ministre Charles Konan Banny ont appelé mercredi soir leurs compatriotes "à se retirer des rues" et à "reprendre le travail" après une réunion avec le président nigérian, Olusegun Obasanjo, alors qu’Abidjan est paralysée depuis trois jours par des manifestations.

C’est la première fois que les deux dirigeants ivoiriens s’expriment depuis le début de la crise lundi.

Au moins quatre personnes ont été tuées mercredi dans des affrontements entre partisans du président Gbagbo et Casques bleus bangladais, qui ont dû évacuer sous escorte de l’armée ivoirienne deux localités de l’ouest du pays.

Face à cette brusque détérioration de la situation, le président nigérian, Olusegun Obasanjo, président en exercice de l’Union Africaine (UA), s’était rendu mercredi soir à Abidjan.

Il a rencontré pendant plusieurs heures M. Gbagbo et le Premier ministre de transition, Charles Konan Banny, en présence notamment du représentant spécial du secrétaire général de l’Onu, Pierre Schori.

Un communiqué publié à l’issue de la rencontre précise que MM. Gbagbo et Banny sont "invités" à "continuer leur consultation en vue de parvenir à une solution politique" de la crise actuelle "dans les jours à venir".

Le Conseil de sécurité de l’Onu doit se réunir jeudi pour "envoyer un message plus fort que les précédents", en évoquant notamment la possibilité de sanctions individuelles contre les responsables ivoiriens, a indiqué mercredi son président, l’ambassadeur de Tanzanie à l’Onu, Augustine Mahiga.

Le Premier ministre français Dominique de Villepin, dont le pays entretient une force d’interposition en Côte d’Ivoire, a tenté de calmer le jeu.

"Il y a des échéances, des perspectives fixées jusqu’en octobre pour les élections présidentielles, il y a un chemin tracé pour la voie du désarmement, et chacun doit s’en tenir à ses obligations", a dit M. de Villepin, durant un déplacement en Allemagne.

Les partisans du pouvoir manifestent contre la décision du Groupe de travail international (GTI), chargé du suivi du processus de paix, de ne pas prolonger le mandat de l’Assemblée nationale, dominée par les partisans de M. Gbagbo, qui a expiré en décembre.

Ils y voient une "atteinte à la souveraineté nationale" et réclament le départ des 7.000 Casques bleus et 4.000 militaires français.

"Le Groupe de travail international n’a pas de pouvoir pour dissoudre l’assemblée nationale", précise le communiqué publié mercredi soir, soulignant que le GTI "n’a pas dissous" cette assemblée.

La veille, le parti présidentiel, le Front populaire ivoirien (FPI), avait accru la tension en annonçant son retrait du gouvernement de transition de M. Banny, qui regroupait toutes les tendances ivoiriennes.

Ce geste a été perçu, chez des diplomates, comme "un signe de défiance" à l’égard de la communauté internationale.

Les affrontements meurtriers entre partisans de M. Gbagbo et Casques bleus se sont produits à Guiglo (ouest).

"Il y a eu quatre morts et douze blessés lorsque des assaillants ont voulu investir le camp des Bangladais (...) Les Casques bleus ont tiré à balles réelles", a affirmé à l’AFP une source militaire française.

Après ces affrontements, "les militaires de l’Onuci ont quitté Guiglo et Duékoué (localité proche) sous escorte des FDS", les forces loyalistes ivoiriennes, selon un officier de l’état-major des FDS ayant requis l’anonymat.

L’Onuci est la cible depuis trois jours des manifestants favorables à M. Gbagbo.

Mercredi en fin d’après-midi, quelque 300 manifestants ont tenté de pénétrer mercredi "la base vie" de l’Onuci à Abidjan, c’est-à-dire le périmètre de résidence du personnel de l’Onu, selon une source militaire française.

Plus tôt dans la journée, 2.000 à 3.000 de ces "patriotes" avaient tenté de pénétrer dans le siège de l’Onuci à Abidjan, lançant des cocktails molotov.

Abidjan, la capitale économique, a été paralysée pour le troisième jour consécutif par les manifestants, qui ont érigé de nombreux barrages et contrôlent passants et automobilistes.

Plusieurs centaines maintiennent un sit-in depuis lundi soir devant l’ambassade de France, et deux à trois cents ont fait diffuser sur les antennes de la télévision nationale (RTI, officielle) un message appelant les "Ivoiriens à descendre dans la rue pour libérer le pays", après que les gendarmes ivoiriens leur ont ouvert la porte des locaux.

Comme les deux journées précédentes, les forces de sécurité ne sont pas intervenues, alors que les manifestations sur la voie publique sont interdites depuis plus d’un an à Abidjan.

La ministre française de la Défense Michèle Alliot-Marie, a qualifié mercredi la situation d’"extrêmement préoccupante".

Casques bleus et soldats français de la Licorne sont en particulier chargés de surveiller le cessez-le-feu entre l’armée loyaliste et la rébellion des Forces nouvelles (FN) qui contrôle, depuis son coup d’Etat raté contre M. Gbagbo en septembre 2002, le nord du pays.

La rébellion a appelé à la "cessation immédiate" des manifestations, qui sont une "manoeuvre de déstabilisation du gouvernement de transition" qui "ne saurait être acceptée".

AFP

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