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Musique : Pourquoi le “Takborsé” marche ?

Publié le jeudi 19 janvier 2006 à 08h04min

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Il n’y a pas longtemps, les complaintes genres « les Burkinabè n’aiment pas leur musique », « les Burkinabè n’aiment pas les artistes burkinabè ; ils préfèrent les étrangers » ou encore, « on ne nous aide pas », « il nous manque ceci, il nous manque cela » étaient les airs favorites des artistes musiciens burkinabè.

A quelque chose malheur est bon, dit-on à la faveur de la crise ivoirienne, il y a eu un flux important de jeunes artistes qui ont fait leurs premières armes au bord de la lagune Ebrié. De retour au pays, ils ont donné un grand coup de fouet à la musique moderne burkinabè aides en cela sur le plan infrastructurel par Seydoni Production, cette grosse machine de l’industrie musicale et audiovisuelle au Burkina et un ministre de la Culture, Mamoudou OUEDRAOGO, un peu trop sensible à leurs pleurs et qui a grandement ouvert les portes de son département devenu une sorte de caisse d’aide et d’assistance financière aux artistes. Il y avait de l’argent donc dans la musique au Faso, mais pas d’œuvres qui accrochent les populations.

Le Projet de soutien aux initiatives culturelles (PSIC) a déversé plusieurs millions dans la musique et cela n’a pas permis un décollage sinon que celui de certains artistes.

Comme le disait Lénine que faire ? Surtout quand on est jeune et sans soutien. Il suffit d’y croire et de continuer à bosser. C’est à ce prix qu’aujourd’hui le Burkina d’en haut et le Burkina d’en bas chantent, dansent et arborent pour certains les attributs du « Takborsé » ce concept musical du cru. Son initiateur, un « obseur musicien de cabaret » si l’on peut dire, est aujourd’hui devenu un symbole de la musique burkinabè.

Qui se rappelle encore qu’Ahmed Smani était un animateur de soirée avec sa guitare au Makno dans le quartier Zangouettin de l’époque ? « Zalissa » qui est comme l’hymne national aujourd’hui n’était qu’une simple composition servie chaque soir au Makno aux clients qui l’appréciaient déjà. Ahmed Smani, l’inconnu, ne pouvait pas bénéficier du soutien du PSIC. Il n’était qu’un petit musicien grinçant sa guitare en chantant. Mais comme le dit le Gandaogo national, Georges OUEDRAOGO, si Dieu veut donner quelque chose à un crapaud, il ne met pas sa part sur le faîte d’un arbre.

A la faveur du « Décalé-Couper » et par l’entrepreunariat culturel développé par les jeunes loups aux dents longues, Ahmed Smani avec son ami El’Tafa Siboné ont conjugué leurs efforts pour mettre sur le marché et « Zalissa » et la mode « Takborsé ».

Avant cela, les AS-DJ avaient bien donné le ton en faisant une sorte de réplique magistrale à l’emploi de la culture pour instrumentaliser les jeunes par le régime ivoiritaire de GBAGBO. Avec ces prémices du mouvement « Coupé-Décaler » au Faso, Ahmed Smani a tiré les marrons du feu pour créer le « Takborsé » typiquement propre aux Burkinabè et la mayonnaise a pris.

Et d’autres jeunes artistes talentueux sont entrés dans le mouvement en étoffant « Takborsé » avec des concepts socio-politiques. Ainsi est né le « Gouvernement » qui part de la musique pour poser avec lucidité les grands problèmes de l’heure et participe ainsi à l’éducation des populations tout cela dans un « concert des ministres ».
Après le « Gouvernement », il y a le « Pouvoir » venu avec un autre concept à savoir le « malin ». Ce groupe appelle les Burkinabè à sortir de leur gong et à s’affirmer dans le « Takborsé ». La porte est alors ouverte à la « musique reality-show ».

« La Cour suprême » un autre groupe a vu le jour pour donner la réplique au « Pouvoir » en mettant les barres sur les « T » et les points sur les « I ».
La musique burkinabè venait de prendre un nouveau tournant, celui qui lui donne le droit de relater ici et maintenant les problèmes brûlants du moment à la manière des journalistes.

C’est peut-être cela la vérité sur l’engouement que connaît le « Takborsé ». Paraphrasant Paulin Soumanou VIERRA, qui disait : « tant que l’intellectuel africain ne mettra pas ses œuvres au service de son peuple, son rôle sera dévoyé », nous dirons : « tant que l’artiste musicien ne sera pas proche des populations, sa musique n’aura pas de succès ».

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 19 janvier 2006 à 09:24, par l’analyste En réponse à : > Musique : Pourquoi le “Takborsé” marche ?

    Lorsqu’on analyse de près, plus de 80% des jeunes qui participent à la relance de la musique Burkinabé sont issus de la diaspora ivoirienne..Kel est la part de la créavitité musicale locale ? A mediter..

    • Le 19 janvier 2006 à 10:52, par Lefaso.net En réponse à : > Musique : Pourquoi le “Takborsé” marche ?

      Parce que pour vous, la jeunesse issue de la diapora est à l’écart de la jeunesse locale ?

      Très dangeureux comme conception.

      Thom

    • Le 19 janvier 2006 à 12:05, par DAVY K. En réponse à : > Musique : Pourquoi le “Takborsé” marche ?

      AVEC UN TEL RAISONNEMENT ON EST PAS A L’ABRI DES "ET" ET DES "OU" UN DIASPO N’EST IL PAS BURKINABE ????? OOHGHOO. DAVIS K.

    • Le 19 janvier 2006 à 16:43 En réponse à : > Musique : Pourquoi le “Takborsé” marche ?

      Je suis très decouragé de votre idée de diaspo. voilà la cote d’ivoire dechirée par la guerre à cause de ces mêmes manières de pensées. En plus tu sais tres bien qu’en cote d’ivoire, il ya pas de burkina diaspo quand il s’agit de nous tuer. ça te suffit pas ça ? si tu veux être ivoirien il faut aller prendre la nationalité là bas. d’ailleurs ils vont pas de le donner !!! Burkinabé c’est Burkinabé. un point un trait. Que ça cesse !!!

      • Le 21 janvier 2006 à 00:05, par Jet li En réponse à : > Musique : Pourquoi le “Takborsé” marche ?

        C’est vrai,on dirait que le Francais nous echappe !Il faut donc jetter un coup d’oeuil dans le Dico pour voir la definition du mot Diaspora avant de faire tout jugement quant a ce qui concerne les ressortissant Burkinabe EN CI.
        Moi je comprend par Diaspo toute personne qui ne reside pas dans son Pays d’origine et non pas un Burkinabe en CI.
        Pour vous un Diaspo c’est quoi ?
        Nous devons depasser ce complexe de musique importee. Vive le Tacbonrse !

        • Le 24 janvier 2006 à 17:40, par le maitre En réponse à : > Musique : Pourquoi le “Takborsé” marche ?

          salut ça f 1 moma que je vous et aprecie differema tou ce que lefaso.net f pour les burkinabè en general et dotr nationalité pour peu kel vel simprégné d notr réalité alors svp épargnons lèr no gueguer et lavon notre linge sal ou on c.L’artiste Madess a di diaspo ou pa nou avons tous le mèm drapo.c vrai que toute 7 dynamik incomb en grand parti o diaspo de la ci mais av la complicité des loco com sam étienne zongo dont on parle p et ki è a lorigine en tan q arangèr de 7 tendanc musicale.sachon aprécié les choz a lèr just valèr et soyons tolerants. le maitre

  • Le 19 janvier 2006 à 13:52, par Manitou En réponse à : > Musique : Pourquoi le “Takborsé” marche ?

    Le takiborsé n’est pas une danse ou un courant comme le coupé décallé. C’est un refrain que l’artiste Smokey a trouvé bon de reprendre et qui a connu du succès.
    Mais si les burkinabé veulent s’y identifier, on ne peut qu’applaudir des mains et des pieds. On s’en fout que ce soit une danse initiée par des burkinabé nés au Faso ou par des burkinabé nés sur je ne sais quelle planête (et je ne sais pas grand chose sur Ahmed Smaney mais Smokey n’est pas des "diaspos" venu de la Côte d’Ivoire, ainsi que la plupart des membres du gouvernement et les artistes du pouvoir n’ont pas attendu la crise pour s’exprimer dans les médias).
    En tout cas, quel qu’il soit, on dit Bravo et Longue vie au takiborsé.
    On en est même à régrétter le faible engouement constaté de la part des artistes (si je suis bien informé, on a encore que 4 albums sans compter les 1ères dames)...

  • Le 19 janvier 2006 à 14:02, par Jamal En réponse à : > Musique : Pourquoi le “Takborsé” marche ?

    est ce que ca veut dire que parce que les mathématiques n’ont pas été créé au burkina alors on ne peux pas etre bon en maths au burkina ? On pourrait continuer dans ce raisonnement jusqu’à n’en plus finir. Les jeunes ont maitrisé un concept. ils l’ont exprimé au Burkina Faso dans un style qui valorise la culture burkinabè. Quand on sait ce qu’on pense du Burkina Faso du coté de la Lagune Ebrié, c’est positif de voir que des burkinabès (et je dis bien burkinabè et pas diaspo) s’investissent au Faso.
    Alors "Takborsons" mes amis !!

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