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CDP : chronique d’une implosion annoncée ?

Publié le lundi 16 janvier 2006 à 07h53min

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Après la présidentielle du 13 novembre dernier qui a ouvert les portes du premier quinquennat de Blaise Compaoré, place maintenant au scrutin municipal du 12 mars 2006 qui fait déjà l’objet de gorges chaudes dans les différents états-majors.

Si jusque-là les partis de l’opposition dans leur quasi-totalité restent discrets sur le sujet, tel n’est pas le cas au parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), où la gestion de son riche patrimoine humain divise plus qu’elle ne rassemble.

Et nous l’écrivions dans ces mêmes colonnes, les récoltes postprésidentielles n’ont point répondu, pour certains et pour l’instant, à la promesse des fleurs.

L’ADF-RDA, "chef de file de la mouvance présidentielle", les amis, tanties et autres papys sont bien payés pour nous le confirmer. Nombreux sont ceux qui, en vain, ont attendu leur visa d’entrée dans le gouvernement Paramanga III, ou une propulsion à un quelconque poste suffisamment juteux. Ont-ils seulement réalisé que le gâteau, en l’espace d’une présidentielle, est devenu trop petit pour tant de militants ?

Le cercle des mécontents, lui, s’agrandit ; la grogne monte dans l’indifférence presque générale des barons du mégaparti à moins que ce ne soit une impuissance à colmater les fissures qui apparaissent ici et là. Blaise Compaoré, le grand Sachem, lui, fait la sourde oreille quand les pas des immigrés, même clandestins, du CDP se font entendre dans les confins de la mouvance présidentielle ou dans la chambre de la dernière épouse, l’ADF-RDA.

Il n’a pas si tort que ça, puisque les rats qui fuient le navire n’ont pas autre refuge que le parc animalier de Ziniaré. Le ton en tout cas a été donné depuis ce 8 janvier 2006 où, las des humiliations et autres brimades, Célestin B. Koussoubé, l’édile de Bobo-Dioulasso, et ses partisans ont poliment remis leur démission au président du Bureau politique national du CDP.

Une chose rare dans ce pays dit des hommes intègres où on n’ose pas toujours franchir le pas, quand on sait que celui qui a ainsi claqué bruyamment la porte était aussi membre du Bureau politique national et de la section du Houet. Cette démission longtemps susurrée est certainement la bienvenue puisqu’elle contribuera, nous l’espérons, à calmer les ardeurs bellicistes de bien de cadres du CDP/Houet.

On se souvient encore comme si c’était hier de la guerre de tranchées dont la capitale économique avait été le théâtre après l’éviction d’un certain Alfred Sanou, et l’installation de Koussoubé à l’Hôtel de Ville. Un divorce qui pue le ras-le-bol d’un homme qui se sentait à l’étroit chez lui.

Aussi ne devrait-il pas enfin réveiller tous ces "sans-voix" qui peuplent le CDP rien que pour exécuter et répercuter les ordres des gourous indéboulonnables ? Il y a bien longtemps que le volcan a commencé à couver, signe avant-coureur d’une nouvelle ère dans le landerneau politique burkinabè.

Le vent venu de Sya, à l’évidence, fera des effets au Zondoma où la hache de guerre a une nouvelle fois été déterrée, et au Yatenga où le maire Simplice Ouédraogo semble être marqué à la culotte pour éviter que lui aussi, absent des listes du CDP pour les municipales, ne jette l’éponge, ce qui serait désastreux à la veille du scrutin.

Quid de Simonville où la composition des listes en vue du rendez-vous électoral de mars 2006 a ravivé beaucoup de plaies et révélé le refus de la base militante de subir ? Alors, l’implosion du CDP, victime de son gigantisme, serait-elle pour demain ?

Tel devrait, en tous les cas, être le vœu secret de tous ces militants abandonnés au bord de la route pour une raison ou pour une autre. Nous voyons déjà sourire ces maires accusés de tous les péchés du Faso, pour ne pas dire d’Israël, décriés comme Satan, qui attendent toujours que justice leur soit rendue ; tous ces recalés d’office des primaires qui, eux aussi, attendent de prendre leur revanche avec ou sans le CDP.

Comme qui dirait, un château fort se prend de l’intérieur, et c’est ce à quoi doivent s’être résolus les laissés-pour-compte de ce parti qui, assurément, souffre de son gigantisme. Mais aussi l’opposition étouffée à tout point de vue, et dont le salut pourrait venir de ces bisbilles. En tout état de cause, c’est la démocratie burkinabè, plombée par cette majorité écrasante et étouffante, qui s’en porterait mieux.

Il y a sans doute encore loin de la coupe aux lèvres et ce n’est pas demain que les militants quitteront le navire par charters entiers, certains préférant avaler toutes les couleuvres du monde et préserver leurs intérêts que de dire basta ! Mais ce qui se passe est, à tout le moins, un signe des temps, et Blaise a du souci à se faire.

Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 17 janvier 2006 à 15:37, par curieux !!! En réponse à : > CDP : chronique d’une implosion annoncée ?

    ""Après la présidentielle du 13 novembre dernier qui a ouvert les portes du premier quinquennat de Blaise Compaoré"""
    premier quinquennat de Blaise Compaore....
    Premier ????
    ça fait pas 18 ou 19 ans qu’il est a la ête du pays ????
    Drole de façon de compte...
    ce journaliste ne saurait comter que jusqu’a un ??
    ou bien les pendules ont été remis a zero ????

    • Le 17 janvier 2006 à 16:33, par burkindi En réponse à : > CDP : chronique d’une implosion annoncée ?

      Oui Mais mon cher Curieux, si vous étiez vraiment curieux vous auriez du savoir que
      Blaise Compaoré a fait 4 ans au pouvoir en tant que "Rectificateur" et il a ensuite enchainé avec 2 septennats.
      Maintenant il commence son premier quinquennat et cela ne signifie pas qu’il vient d’arriver au pouvoir . Mais le système de quinquennat est là pour éviter que le peuple se lasse et trouve son règne trop long.

      Enfin M. le curieux, ne vous y detrompez pas, Blaise va enchainer derriere avec un 2ème quinquennat. Et ce n’est qu’apres ce deuxieme quinquennat qu’il décidera de partir ou de creer des mandats de 4 ans et dans ce cas il faudra trouver un autre terme pour désigner le nouveau type de mandat(sans etre un expert je propose « quadrunnat » je ne sais meme pas si ça existe)

      Et peut-etre avec un peu de chance il partirait (de quelle fçon je ne saurait vous dire !) durant son premier « quadrunnat »

      Naan Laara an saara

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