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Démissions au CDP/Houet : Un parti victime de sa gestion

Publié le vendredi 13 janvier 2006 à 07h51min

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Thomas Sanou

Pour paraphraser
l’homme politique français Jean-Pierre Chevènement, "un
ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne". Célestin
Koussoubé, le maire de la commune de Bobo Dioulasso, qui en
avait "ras-le-bol", ainsi que deux autres maires de la commune,
sans être à ce niveau de responsabilité, ne s’en sont pas moins
inspirés.

A défaut de fermer leur gueule, comme bien des
hommes politiques qui ont subi, sans dire mot, et se sont
ensuite mis à l’ombre, après avoir été pressurés par leur parti
puis jetés aux rebuts, eux, ont choisi de frapper là où ça fait mal
en quittant avec armes et bagages, le navire du Congrès pour
la démocratie et le progrès (CDP), entraînant avec eux des
militants qu’ils estiment à plusieurs milliers.

L’exclusion de ces maires de la liste électorale de leur secteur,
lors de l’opération de renouvellement des structures de base du
CDP dans la commune de Bobo Dioulasso, pour les
municipales du 12 mars prochain, serait la principale raison du
divorce avec le parti.

Une séparation plus ou moins attendue,
tellement les scènes de ménage avaient fini par être étalées au
grand jour. De celles-là, on peut retenir les nombreuses
irrégularités qui auraient émaillé cette opération
d’établissement des listes électorales, notamment avec le
non-respect de certaines directives, ce qui, bien entendu, a fait
le lit des querelles de positionnement pour lesdites élections.

Leurs valises déjà faites, et les nouvelles alliances plus ou
moins déjà contractées, certains démissionnaires ont déjà
rejoint de nouveaux foyers conjugaux. Ce sont notamment
l’ADF/RDA et l’Union pour la République (UPR). Reste à savoir
s’ils y adhèrent par défaut ou par conviction. Mariage de raison,
sans doute, plus que d’amour, pour bien des démissionnaires
du grand parti.

D’autant que, pour la reconquête de leurs postes
respectifs, à la faveur des prochaines élections municipales, la
section provinciale du parti de l’Eléphant, par exemple, leur
aurait fait des promesses alléchantes : leur attribuer des
classements en tête de liste. Idem pour l’UPR qui n’a pas fait
mystère de son intention de les placer sur les listes pour les
municipales, si ce n’est déjà fait.

Il est clair qu’un mammouth comme le CDP, qui étouffe par la
pléthore de ses candidats à ce scrutin, ne peut satisfaire tout le
monde, en termes de positionnements. Il en résulte
irrémédiablement un choc des ambitions et de nombreuses
frustrations qui ne peuvent qu’engendrer ce clash et conduire
des militants à aller "voir ailleurs". Là-bas au moins, ils sont
presqu’ assurés de ne pas être les oubliés des grandes
manoeuvres en sous- main du parti.

Le parti majoritaire survivra-t-il à cette guerre de leadership,
pardon "de positivité" entre clans au CDP/Houet ?
Certainement, tant que le père spirituel de la formation, le PF, le
voudra. En tout état de cause, cet épisode est le témoignage
d’une crise profonde dans la grande famille que dirige Roch
Marc Christian Kaboré.

Le parti fera-t-il le bond salutaire ? En tout cas, des départs
massifs interviendront toujours quand, à l’intérieur d’un parti, la
démocratie semble avoir été prise en otage pour la simple
raison que les règles du jeu ne sont pas transparentes ; quand
y règne l’esprit clanique, comme l’avancent les démissionnaires
du CDP/Houet ; quand les préoccupations des militants
semblent laisser indifférent ; quand les candidats aux élections
locales sont imposés et que règne, à ce sujet, une certaine
opacité. Quand l’esprit de franche camaraderie et de fraternité
entre les militants, qui devrait être pourtant le leitmotiv, ne sont
plus de mise. Vrai ou faux, ce sont généralement là, les griefs
entendus.

Et ce grand exode semble les confirmer. Cependant,
ces démissions ne devront pas entamer les relations avec le
"Blaiso" tous réitérant leur volonté de faire bloc autour de son
programme et l’assurant de leur ferme soutien indéfectible.
Comme quoi, on n’a pas besoin d’être au CDP pour être ami du
président.

Comme pour dire aussi que, quelle que soit
l’ampleur de la bourrasque, il faut tenir bon, s’agripper aux murs
lézardés du parti pour ne pas être happé par les vents violents
qui éloignent des rivages du pouvoir. Le parti courait
visiblement vers un dégraissage à la hauteur des
mécontentements accumulés. Une brèche ouverte que ne
manqueront peut-être pas d’exploiter certains partis de
l’opposition. Car si tous les dissidents n’obtiennent pas leur
ralliement aux partis alliés du CDP, il n’est pas exclu qu’ils
déposent leur baluchon dans des partis de l’opposition.

"Le Fou"

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 13 janvier 2006 à 11:07, par belleville En réponse à : > Démissions au CDP/Houet : Un parti victime de sa gestion

    ça fend le coeur en mille morceaux quand on lit les nouvelles sur la situation CDP-houet dans le journal le pays. que de sous-entendu non éclairé par le fou. comme un fou reste un fou, au moins le journal qui publie les informations n’est pas fou. pour des informations justes le journal doit s’informer , enquêter et donner les informations réelles.
    la démocratie c’est quoi ? un maire qui n’est pas capable de s’imposer dans son secteur,pourquoi s’en prendre aux premiers responsables du parti.
    serait ce de la démocratie si le commissaire politique qui n’est pas dans tous les secteurs décide à partir de son bureau de les imposer ?
    le journal " le pays" me fait honte avec ses prises de postion.

    • Le 13 janvier 2006 à 14:02, par le gêneur En réponse à : > Démissions au CDP/Houet : Un parti victime de sa gestion

      de toutes façons la démission de koussoubé du CDP est un non évènement. Cet homme n’est animé par aucun idéal politique. Seuls ses interets personnels comptent. Il a quitté le cdp pour rejoindre l’adf rda et rester sous l’ombre du pouvoir. D’ailleurs l’adf rda je suis désolé pour ce parti, s’il doit être animé par d’anciens aigris du cdp, alors il n’a pas d’avenir. Ce sera un conglorat d’opportunistes prêts à rejoindre le pouvoir dès qu’on les rappelera. En cela l’adf rda ne pourrra prétendre conquérir le pouvoir d’etat faute de militants convaincus. Gilbert gérera le parti j’usqu’au jour ou le pouvoir décidera de faire appel à une autre personne parce qu’il en a marre de gilbert et parce qu’il a des taupes dans le parti. En cela l’homme politique gilbert est mort car il n’a pas d’avenir avec son parti faute d’avoir défini une ligne claire

      • Le 13 janvier 2006 à 17:46, par Patience En réponse à : > Démissions au CDP/Houet : Un parti victime de sa gestion

        Et qui vous dit que Gilbert O est en quete d’un avenir politique ? Il cherche de l’argent, come son père, et il en a. La politique au Faso, pour ne pas dire en Afrique tout court, où la misere est mauvaise reine, chacun couvre sa tête. Voyez un peu les N. Congo Kaboré qui sont en campagne depuis 18 ans mais ne mobilisent pas plus que leur famille nucléaire, mais qui cependant ont été Ministres parce qu’ils acceptent danser au rythme du grand maitre. Et tant que Blaise sera là, personne, aucun de ces leaders n’osera s’affranchir. C’est la règle du jeu. Faire de la politique au Faso, c’est simplement devenir riche, il suffit d’avoir la bonne carte et faire l’idiot. Le reste, on n’a pas besoin d’avoir des ambitions pour son pays.

        • Le 13 janvier 2006 à 20:55 En réponse à : > Démissions au CDP/Houet : Un parti victime de sa gestion

          Ce qui est vraix, mais dans ce cas qu’allons nous faire ? ou du moins quelle Avenir si on peut employer ce mot , pour les Burkinabés d’en bas, le peuple, et que pouvons nous faire ? La question est là ? Des idées chers Burkinbis ?
          Lemossy

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