Les deux parties n’arrivent pas à accorder leurs violons sur le choix des candidats aux élections municipales 2006. Dans ladite province, l’ensemble des partis qui seront en compétition se disputeront pour 90 postes de conseillers. Au niveau du CDP, chacune des deux parties avait soigneusement confectionné sa liste.

C’est le week-end dernier que les deux protagonistes se sont rencontrés à Ouagadougou, autour du commissaire politique régional, Salif Diallo, pour essayer de trouver un terrain d’entente. Le patron de la région du Nord aurait suggéré la concession de 40 candidats au clan du député Tahéré Ouédraogo et 50 au groupe d’Issouf Baba Mandé, le secrétaire général provincial que l’autre camp conteste.

Cette proposition n’a rencontré l’assentiment d’aucune des deux parties. Du côté du député Tahéré Ouédraogo, ils prétendent être les plus représentatifs.

A la limite, ce qu’ils pourraient accepter, c’est le partage équitable. De l’autre côté, on trouve qu’octroyer 40 candidatures au député Tahéré Ouédraogo, c’est courir le risque que la mairie ne leur revienne pas au moment opportun.

"Nous sommes sûrs que le député Tahéré Ouédraogo soutiendra l’ADF-RDA, comme il l’a fait en 2000, et nous, nous récolterons les pots cassés au moment de l’élection du maire", soutient un proche d’Issouf Baba Mandé.

Remue-ménage de chaque côté

Le samedi 7 janvier 2006, c’était le remue-ménage dans chaque camp. Souleymane Ouédraogo que nous avons rencontré au domicile du député Tahéré Ouédraogo avait l’air très préoccupé. Le député Tahéré, portable collé à l’oreille, trouvait difficilement un petit instant pour répondre à nos sollicitations.

"Ce que ces gens-là veulent est inadmissible ; c’est nous qui mobilisons le plus et il faut que le partage se fasse dans les règles de l’art ; c’est une humiliation si nous les suivons aveuglément", lance-t-il avec un air de dépit.

Et d’ajouter : "La dernière rencontre, c’est ce soir, nous sommes en conciliabule pour prendre une résolution finale ; s’il n’y a pas d’entente, chacun prendra ses responsabilités". Nous nous sommes quittés sur ces mots en nous donnant rendez-vous le lendemain dimanche pour les dernières nouvelles.

Au même moment, Issouf Baba Mandé et son groupe tenaient une Assemblée générale avec les responsables des structures départementales et villageoises de la province. "Nous ne nous sommes pas entendus d’abord ; s’il y a un terrain d’entente, tant mieux, dans le cas contraire, chacun ira de son côté, c’est nous qui avons mandat de déposer les listes au nom du CDP, nous n’avons pas peur", s’écrie le responsable chargé de la jeunesse du CDP.

Reparti chez le député Tahéré Ouédraogo le dimanche aux environs de 16h30, nous nous sommes entendu dire que la situation est toujours en l’état.

Lui et son petit frère Souleymane Ouédraogo se seraient rendus matinalement à Ouagadougou où une rencontre devait avoir lieu avec le ministre Lassané Savadogo de la Fonction publique pour discuter de la question.

C’est le député Bernard Lédéa Ouédraogo que nous avons aperçu devant le domicile du député Tahéré Ouédraogo. Il venait de finir une rencontre avec les partisans de son homologue.

Quelle alternative pour Tahéré Ouédraogo ?

Renseignements pris, Bernard Lédéa serait pressenti pour être proposé maire de la commune de Gourcy au compte du clan de l’élu. Les rumeurs sur les bisbilles entre Salif Diallo et Bernard Lédéa autour des listes à Ouahigouya seraient-elles effectives au point de décider ce dernier à effectuer un "come back" dans sa province natale ? L’avenir nous le dira. Ce qui est certain, il est chef traditionnel d’un quartier à Gourcy.

Finalement, jusqu’à la nuit du lundi 9 janvier 2005, les tractations se poursuivaient. La grande interrogation, c’est sous la bannière de quel parti politique le député Tahéré Ouédraogo pourrait déposer sa liste au cas où la situation ne connaîtrait pas une évolution.

Selon nos sources, c’est le Front national de salut (FNS), parti de la mouvance présidentielle représenté par un jeune à Gourcy, qui était pressenti pour porter la liste du député au cas où... Malgré des propositions juteuses qui lui auraient été faites, le jeune aurait monté les enchères en exigeant que les militants de son parti soient classés têtes de liste. Tahéré Ouédraogo l’aurait envoyé paître.

"Même si nous allons soutenir l’ADF/RDA, nous ne resterons pas les bras croisés en cas de trahison de dernière minute", entend-t-on du côté du député Tahéré Ouédraogo.

Il ne reste qu’un mince espoir ; tout le ghotta politique du CDP Zondoma se serait transporté à Gourcy pour la fête de la Tabaski et cette journée devrait servir à trouver une solution à l’amiable avant la date fatidique du mercredi 11 janvier (c’est-à-dire hier), dernier délai pour le dépôt des listes des candidatures.

Emery Albert Ouédraogo
Observateur Paalga