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Gouvernement Paramanga III : " C’est le monopole d’un petit groupe d’amis"

Publié le mercredi 11 janvier 2006 à 07h29min

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Que pensent les Burkinabè du gouvernement Paramanga III, formé le vendredi 6 janvier 2006 ? C’est ce que nous avons voulu savoir en promenant notre micro lundi dernier. Le moins qu’on puisse dire est que cette nouvelle équipe n’emballe pas spécialement les gens.

Pour les uns, c’est le monopole d’un petit groupe d’amis, pour les autres, c’est la même sauce qu’on nous ressert depuis. Mais tous espèrent que ces élus pourront s’attaquer aux vrais problèmes qui assaillent les populations

• Boureima Sawadogo, imprimeur : « Il n’y a pas du tout un changement véritable au niveau du nouveau gouvernement. Je m’attendais à un chamboulement avec de nouvelles compétences, mais ce qu’on nous a concocté donne l’impression que c’est un petit groupe d’amis qui est toujours là. Peut-être que ce sont des génies qui vont nous extirper de la pauvreté. Malheureusement, depuis des années, de nombreux Burkinabè croupissent dans la misère avec justement ces mêmes têtes.

Je constate que le président du Faso a libéré la plupart des malades. C’est bon pour les autres, mais pas pour Mahamoudou Ouédraogo, qui a abattu un travail considérable avec l’appui de ses collaborateurs et que tout le monde apprécie parce que ses résultats sont bien visibles. Un tel homme, on aurait dû le laisser continuer son ascension...

Je terminerai mes propos en demandant à nos autorités de tout mettre en œuvre pour vraiment réduire la pauvreté dans notre pays ».

•Daouda Ouédraogo, agent commercial à Mégamonde : « J’ai vu la composition du nouveau gouvernement, mais j’avoue qu’il n’ y a pas un grand changement excepté des ministères qui ont éclaté pour donner naissance à plusieurs départements dont celui des Transports, qui revient à mon oncle Gilbert Ouédraogo. Je profite de l’occasion pour lui adresser mes vives félicitations. Même si la configuration du gouvernement est presque la même, j’ai foi en ces hommes, qui pourront relever certainement les défis et répondre aux attentes des populations.

Le fait d’avoir créé un ministère plein pour les jeunes à l’image de celui de la promotion des femmes, il y a quelques années, est à louer parce qu’en dépit des efforts de l’ex-ministre délégué chargé de la Jeunesse, on ne sentait pas vraiment ses actions sur le terrain ».

D’aucuns trouvent que votre oncle Gilbert Noël Ouédraogo, ex-chef de file de l’Opposition, qui a soutenu Blaise Compaoré, n’a eu "qu’une miette du gâteau". Quel en est votre commentaire ?

• « Depuis fort longtemps, je n’étais pas du parti au pouvoir, le CDP, mais avec le temps, j’ai constaté qu’il y a des avancées significatives dans ce pays ; peut-être que Gilbert a fait les mêmes observations en décidant de soutenir Blaise pour le bien de nos populations. Sans ce poste de ministre des Transports, Gilbert vit bien et je suis sûr qu’il voit ce poste comme une reconnaissance mais non une récompense. C’est donc un poste symbolique ».

Une réaction sur les ministres partis ?

• « Sur tous ceux qui sont partis, celui dont le cas m’a beaucoup touché, c’est Mahamoudou Ouédraogo. C’est un monsieur qui faisait des merveilles en toute discrétion. Voyez un peu comment notre musique a énormément évolué. Elle est maintenant plus écoutée et très respectée même à l’extérieur, et la musique burkinabè n’a plus rien à envier à celles des autres pays. Pareil pour les autres arts tels que le cinéma, le théâtre, etc., ainsi que le secteur du tourisme, qui a connu un essor considérable. Certes, on dit que nul n’est irremplaçable, mais honnêtement je n’avais jamais pensé à un gouvernement sans Mahamoudou. Mais c’est le cas aujourd’hui, peut-être qu’il y a d’autres raisons qui ont milité pour son départ, au-delà de ses problèmes de santé ».

• Raïssa Judith Sandwidi, professeur à Garango :
« Je ne vois pas tellement un changement dans cette nouvelle équipe gouvernementale ; c’est presque la même sauce qu’on nous ressert. Je constate néanmoins qu’il y a maintenant cinq femmes contre précédemment quatre. C’est une légère amélioration, mais cela ne suffit toujours pas. Il faut travailler davantage à atteindre la parité dans des délais raisonnables. En dehors de cela, il m’est difficile de faire des analyses sur une équipe composée presque des mêmes joueurs. Il n’ y a pas d’enjeu dans ce cas-ci ».

• Salimata Sanogo, 2e année de sociologie à l’université de Ouaga : « Je ne connais pas parfaitement les membres du gouvernement. J’attends de voir leur programme d’action. L’entrée du président de l’université, le Pr Joseph Paré, dans le gouvernement, est un bon signe pour nous, les étudiants. Je voudrais qu’il se penche sur nos conditions de vie et d’études avec surtout la construction d’autres amphithéâtres. Je souhaite également que le nouveau gouvernement trouve les voies et moyens pour l’écoulement des produits de nos paysans ».

• Véronique Gandema, 1re année de droit : « Je constate l’arrivée de nouvelles têtes dans le gouvernement. Comme l’a si bien dit le Premier ministre, Ernest Paramanga Yonli, des changements peuvent intervenir en cas d’incompétence de certains membres de l’équipe gouvernementale, et c’est une bonne chose. La nomination du Pr Joseph Paré au département des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique est à saluer et je crois qu’il pourra satisfaire les attentes des étudiants comme il l’a déjà fait en tant que président de l’université. J’exhorte l’équipe Paramanga à se pencher sérieusement sur le chômage des jeunes et la santé de nos populations ».

• Moussa Doumbia, agent commercial : « J’ai appris la nomination des membres du nouveau gouvernement par la voie des ondes. Ma première déception vient du départ du ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme, Mahamoudou Ouédraogo. Je trouve que c’est l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Son passage à ce poste ministériel, de mon point de vue, a démontré qu’il avait la maîtrise du sujet. Je note aussi que le maintien d’Alain Yoda à la tête du département de la Santé est justifié. Il a montré, à mon sens, qu’il sait gérer la chose sanitaire. Monique Ilboudo de la Promotion des droits humains méritait également de rester à son poste. Mon point de vue sur certains nouveaux venus est qu’il faut attendre de les voir à l’œuvre. Un nouveau venu tel que Gilbert Noël Ouédraogo, même s’il a déjà occupé un poste ministériel, il faut attendre de voir de quoi il sera capable aux Transports.

Abdoulaye Ira, secrétaire général de l’ONSL : « Je n’ai pas de point de vue particulier. Ce qui préoccupe l’ensemble des travailleurs, c’est leur situation sociale, l’augmentation des salaires, la prise en compte des problèmes. Je déplore le fait qu’au niveau du secteur privé, beaucoup d’entreprises mettent la clé sous le paillasson. Je lance un appel au ministre du Commerce, Benoît Ouattara, qui a été reconduit, à ouvrir bien les yeux pour voir. Car, privatiser c’est bien, mais il y a les conséquences sociales qui sont préoccupantes. La composition du nouveau gouvernement m’importe peu. Ce sont des Burkinabè, je n’ai pas de préférence. Pourvu que les préoccupations des travailleurs trouvent satisfaction ».

Paul Kaboré, syndicaliste service Fret de l’aéroport international de Ouagadougou : « Le président du Faso a reconduit le premier ministre pour une question de confiance. C’est normal. Mais il faut que celui-ci se penche à présent sur les revendications des différents syndicats, qui ne sont pas encore satisfaites. Je pense que c’est une bonne équipe. Il reste maintenant à faire quelque chose pour les travailleurs ».

Hamadé Bélem, commerçant : « Le nouveau gouvernement est composé des gens du pouvoir et de ceux qui les ont soutenus à la présidentielle. Je pense qu’il fallait l’élargir à l’opposition. Pour moi, quand on parle de démocratie, le pouvoir seul ne doit pas gérer les affaires du pays. Mais ce qui me préoccupe, c’est mon travail. On a reconduit le ministre du Commerce. Il faut qu’il prenne en compte tous les commerçants. Benoît Ouattara ne s’occupe que des grands commerçants. Nous, les petits du secteur informel, sommes des laissés-pour-compte. Concernant par exemple le grand marché de Ouagadougou, il y a eu des promesses de réhabilitation, mais jusque-là, rien ! ».

Propos recueillis par Cyr Payim Ouédraogo
Agnan Kayorgo
Adama Ouédraogo Damiss
Alassane Kéré

L’Observateur

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