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Gouvernement Paramanga III : Des collisions en perspective ?

Publié le mercredi 11 janvier 2006 à 07h37min

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Lorsque Paramanga Ernest Yonli a présenté sa démission le 4 janvier 2006 au chef de l’Etat, les choses sont allées très vite puisqu’il a été reconduit dans ses fonctions deux jours plus tard. Pour certains observateurs de la scène politique nationale, Blaise a encore créé la surprise quand d’autres parlent de comédie.

’’Si c’était pour arriver à cela, il fallait aller droit au but au lieu de le faire démissionner pour le reconduire aussitôt’’, entendait-on dire par-ci, par-là. Paramanga ayant gagné la confiance du patron du CDP, il n’a pas mis du temps à faire connaître son équipe. Au petit matin du lundi 9 janvier, il n’y avait presque plus de journaux dans les différentes rues de la capitale. Chacun tenait à avoir son ’’canard’’ pour découvrir surtout les nouveaux ministres et revoir au passage les visages des anciens.

Les nouveaux venus, au nombre de treize, ont été nommés à des postes différents selon leurs compétences. Ils ont tous fait leurs preuves ailleurs avant de rejoindre les autres, qui font figure de héros. Si vous l’avez remarqué, la plupart n’ont pas bougé de leurs ministères et il faut craindre que leur travail ne devienne une espèce de routine.

Après plusieurs années au gouvernement, ils doivent peut-être se dire que tout marche comme sur des roulettes. Or, on sait que la vie est dure au Faso. La preuve, les syndicats se sont fait entendre à maintes reprises en 2005 sur les conditions de travail et de vie, sans obtenir quelque chose de palpable du pouvoir. C’est à croire que Blaise et ses ministres narguent les travailleurs pendant qu’eux, il faut le dire, ont presque tout et donnent l’impression de manger aussi dans la calebasse comme le petit peuple. Dans un pays où on ne cesse de ressasser que nous n’avons pas de pétrole, n’aurait-il pas fallu diminuer le nombre de portefeuilles pour réduire le train de vie de l’Etat ?

Louis XVI, qui a été confronté à ce problème avant sa fuite à Varennes (20 juin 1791), s’est, par la suite, rendu compte que son peuple manquait vraiment de pain. Il a fallu que Paris et les provinces soient en ébullition pour qu’il sache qu’il n’est pas une lumière de son temps. A Versailles, il ignorait complètement la misère de son peuple et passait son temps à courir après le gibier à ses heures perdues.

Ici, c’est à peu près la même chose quand on est à Ouaga 2000, le quartier champion pour ne pas dire de la haute classe, entouré des courtisans qui vous disent que le peuple vaque normalement à ses occupations et qu’il n’y a rien à l’horizon. Le capitaine, qui a décidé de faire cavalier seul après les événements de 1987, dont la bibliothèque est maintenant riche, a eu le temps de lire Ange Pitou, ce troisième volume de la série des ’’Mémoires d’un médecin’’.

Le constat qu’on peut faire après la formation de ce gouvernement, c’est qu’il y a des ministères qu’on aurait dû rattacher à d’autres pour plus d’efficacité. Le ministère du Travail et de la Sécurité sociale, et celui de la Jeunesse et de l’Emploi sont presque la même chose, de même que ceux de l’habitat, des Infrastructures et du Désenclavement.

D’autres aussi se ressemblent et on se demande s’il n’y aura pas des collisions sur le terrain. Un ministre délégué auprès du ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques, chargé de l’Agriculture, n’est-il pas de trop ? Il n’existait pas auparavant et à ce qu’on sache, tout allait pour le mieux.

Le patron de ce département, Salif Diallo, est-il essoufflé ou veut-il s’occuper à d’autres tâches ? Les nouvelles têtes, qui héritent des ministères qui font doublon, savent en tout cas à quoi s’en tenir. Dans tous les cas, le ministère des Finances et du Budget, et celui de l’Economie et du Développement sont là pour leur servir de repères. Trente-cinq (35) membres contre trente-deux (32) dans la précédente équipe, c’est comme si on a découvert du pétrole au Faso et que les émoluments des uns et des autres ne représentent plus rien...

Justin Daboné

L’Observateur

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