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Christine Demontès, vice-présidente de la Région Rhône-Alpes : "C’est sur la base d’un réformisme de gauche que nous construisons notre programme »

Publié le mercredi 11 janvier 2006 à 07h07min

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Christine Demontès

En visite privée au Burkina Faso, madame Christine Demontès, responsable politique française s’est entretenue avec nous de questions d’actualité touchant son pays et son continent, l’Europe. Elle commence par nous situer sur l’objet de sa visite au Burkina Faso.

Christine Demontès (C.D.) : je suis ici pour répondre à l’invitation du président d’une association qui œuvre dans le domaine du développement local. C’est une première visite dans votre pays et j’en profite pour rencontrer certaines personnalités politiques comme le maire Simon Compaoré. Aussi, je profite pour jauger l’état de développement de coopération et d’aide à ce développement de votre pays et des possibilités par la France et l’Europe et la région Rhône Alpes. Une coopération qui à ce niveau est en train d’être mise en place, le Burkina Faso poursuivant son processus de décentralisation. Il y a déjà eu un certain nombre d’initiatives de la région en faveur du Burkina Faso, notamment la région des Hauts-Bassins. Cette coopération est appelée à se poursuivre et à se densifier.

Sidwaya : vous êtes par ailleurs secrétaire nationale du Parti socialiste français ; lequel semble traversé par des courants contraires. Comment voyez-vous l’avenir de votre parti ?

C. D. : Je pense qu’il y a une volonté d’union au sein du PSF et le dernier congrès, à l’initiative du premier secrétaire François Hollande a œuvré à la synthèse et à l’unification du PS. Le Parti socialiste ne sort pas indemne du débat qu’il y a sur le traité Constitutionnel européen. Les militants s’étaient prononcés au cours d’un référendum interne en faveur du traité et un certain nombre de responsables nationaux se sont exonérés de ce vote des militants. Vous connaissez les résultats du référendum du 29 mai 2005, avec le « non » qui l’a emporté à une large majorité. Je considère que c’est une erreur car si ce traité Constitutionnel n’était pas l’outil idéal, il n’en constituait pas moins un vrai progrès en particulier pour la construction d’une Europe politique.

Suite à cet échec, il était normal de tenir un congrès d’où une ligne politique claire a été définie et qui a constitué à travers un juste milieu entre une économie administrée qui s’est révélée impuissante ces dernières années et une économie de marché qui se résume à un libéralisme outrancier, financier qui a pour conséquence de creuser les inégalités au niveau français, européen et mondial. C’est donc sur la base de ce reformisme de gauche que nous construisons notre programme et c’est sur ce programme que sera désigné notre candidat pour la présidentielle de 2007.

S. : Quel est le candidat qui vous paraît le mieux à même de porter ce programme parmi tous les prétendants au sein du parti ?

C.D. : Je pense qu’il y a trois candidats potentiels qui de mon point de vue ont la légitimité, la capacité d’être candidats et à assumer la fonction de président de la République. C’est d’abord Laurent Fabius, même si je suis en désaccord avec lui par rapport à sa position sur le traité Constitutionnel.

C’est ensuite Dominique Strauss Kahn qui a été un excellent ministre de l’Economie et qui a su faire la part dans l’emploi du public et du privé et qui a pris des mesures pour permettre aux jeunes de rentrer dans la vie professionnelle. C’est enfin Segolène Royal qui peut être une bonne candidate à la présidentielle. Je crois que les Français y sont prêts comme un certain nombre de peuples partout dans le monde.

S. : La crise politique et sociale en France et l’incapacité des partis traditionnels d’y répondre, ne va-t-elle pas provoquer une montée des extrémismes lors du prochain scrutin présidentiel ?

C. D. : On l’a déjà vu lors de l’élection de 2002 puisque notre candidat Lionel Jospin qui avait été un bon Premier ministre a été éliminé par le candidat de l’extrême-droite, Jean-Marie Le Pen.

C’est vrai qu’aujourd’hui, on a un vrai problème en France et aussi ailleurs de cette crise de l’idéologie, laquelle se résume à la recherche du modèle de développement idéal. Avec des grandes questions telles que la place de l’Etat, de l’éducation et de la formation. Bref, un modèle qui permet de réduire les inégalités en donnant à chacun sa chance quels que soient son lieu d’habitation et sa famille d’origine. Il y a des déterminismes qu’il faut combattre et c’est cela qui doit nous permettre de construire un programme qui donne envie aux Français de nous faire confiance plutôt que de se réfugier dans des votes extrêmes qui sont un peu des coups de gueule qui ne correspondent à aucune analyse politique. Je dirai que c’est une mauvaise réponse à de vraies interrogations, de vrais soucis. La montée des extrêmes nous met donc face à nos responsabilités en ouvrant et en élargissant le débat pour apporter les vraies réponses aux préoccupations de nos concitoyens.

S. : Quelle est votre conception de l’Europe ?

C. D. : C’est une Europe politique que je veux et je crois dans cette optique que l’on est passé à côté de quelque chose lors du vote sur le traité Constitutionnel. Ce traité posait en effet les prémisses de cette Europe-là , avec un président européen désigné et élu par le parlement, un ministre des Affaires étrangères européen... Il faut pourtant arriver à construire cette Europe en continuant à œuvrer à la construction d’un programme politique commun avec nos amis socialistes européens. Car, les autres continents à commencer par l’Afrique, attendent beaucoup de l’Europe en poids politique plus important face aux Etats-Unis et à d’autres modèles. J’ai bon espoir que nous y arriverons.

Propos recueillis par Boubacar SY
Sidwaya

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