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Présidence du Faso : Cherche P.M. pour quinquennat difficile

Publié le vendredi 6 janvier 2006 à 04h54min

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Blaise Compaoré après son investiture le 20 décembre

Convoqués dans la nuit du 3 au 4 janvier 2006 par Paramanga Yonli, ci-devant 4e Premier ministre de Blaise Compaoré, pour une réunion très importante le lendemain à la Primature, les ministres de la République se sont entendu dire, le matin du 4 de ce premier mois de l’année, de faire leur paquetage, car le locataire du 10, rue Agostino-Neto, allait rendre le tablier dans la journée.

Commentaire d’un des ministres au sortir de cette laconique réunion : "Moi j’avais fait mes cartons depuis longtemps, au cas où...". Puis vers 14 h 15, on apprenait officiellement que le chef du gouvernement était démissionnaire et par conséquent en vertu de l’article 69 de la Constitution, tout le gouvernement également.

A vrai dire, ce départ est presqu’un non-événement, car peu ou prou, l’opinion s’y attendait, la grande interrogation demeurant le moment où il allait intervenir. En fait, oint de la volonté populaire le 13 novembre 2005, le chef de l’Etat se devait de récomposer l’équipe gouvernementale, surtout que cette victoire a été le fruit du travail de nombreux camarades politiques et de son bilan à lui.. La question basique hic et nunc est de savoir qui sera le remplaçant de l’enfant de Tansarga. A l’heure où vous lirez ces lignes, peut-être que son nom sera connu.

En tout cas, comme à l’accoutumée, les Burkinabè s’exercent à l’un de leur sport favori en pareille situation : les pronostics politiques. Chacun se disant dans le secret des dieux. Ainsi donc, des noms circulent pour ce poste momentanément inoccupé : Seydou Bouda, Christophe Dabiré, Djibrina Barry, ou même une reconduction d’Ernest Paramanga Yonli, si ce n’est une dame, en l’occurrence Juliette Bonkoungou.

Fidèle à sa culture du secret et à ses actions anticipatrices, Blaise Compaoré, aux dires de certains, aurait déjà résolu la question il y a peut-être deux ans. Vrai ou faux, en tout cas on observe que de plus en plus, il tient compte de la géopolitique pour la nomination à cette place de premier rang. Ainsi, selon cette logique principielle, si Yonli, qui est de l’Est du Burkina s’en allait définitivement, il serait probable qu’il soit remplacé par quelqu’un du Sud-Ouest, ou carrément de l’Ouest ou encore du Nord. Question de montrer qu’il y a une rotativité tacite dans l’occupation de la Primature.

De ce fait, si c’est Seydou Bouda, le Centre-Ouest aura son "PM" ; si c’est Christophe Dabiré, le Sud-Ouest aura le sien ; et si c’est Djibrina Barry, ce sera pour le Nord... Il y en a qui sursurrent même qu’un Salif Diallo pourrait être amené à cette première loge. Ce que balayent du revers de la main beaucoup d’analystes politiques, qui pensent que le Président du Faso ne commettra pas ce qu’ils appellent une erreur en nommant "Gorba", car il est l’homme de toutes les situations ; il a été l’architecte de sa victoire de novembre et, Premier ministre, il sera trop vulnérable, le P.M. étant par essence un fusible qui saute dès que le mercure politique ou social grimpe à un certain degré. De plus le long compagnonnage avec le directeur de campagne de la présidentielle de 2005 risque de vicier les rapports P.F./P.M. Enfin pourquoi pas Yonli for ever ?

C’est connu, ce dernier aura battu le record de longévité à ce poste (plus de 5 ans) et la perspective qu’il soit reconduit n’est pas exclue. A ce poste, EPY aura réussi à calmer une situation sociale délétère au début de sa nomination (drame de Sapouy). La baraka aidant, il a aussi gouverné avec les desiderata du moment. De plus, il ne fait de l’ombre à personne, ni dans le parti majoritaire, ni au grand manitou himself, et un tel Premier ministre au Faso, qui se contente de boire le lait sans compter les bœufs, peut rester scotché à son fauteuil pendant longtemps. Il est possible qu’il le reste donc jusqu’aux.... législatives de 2007. Et pour finir, une femme au premier ministère n’est pas à exclure, et le nom en vu, (c’est un euphémisme de le dire) est la Julie nationale.

Quel que soit le P.M. qui sera nommé, il aura à appliquer le programme du président pour l’avènement d’une société d’espérance. Tâche titanesque s’il en est, car à ce 3e mandat, le constat est qu’il y a trop de chantiers à réaliser ou de chantiers entamés qui méritent finition. Les différents axes de ces programmes ont été sérinés lors de la campagne électorale, sans oublier les nombreuses promesses faites pendant les meetings.

C’est vrai que souvent, entre celles-ci et les réalisations, il y a un écart béant, mais les Burkinabè ont mûri, et même cet électorat légitimiste des campagnes, qui a plébiscité Blaise Compaoré et qui attend beaucoup de ce quinquennat, peut en cas de forfaiture se rebiffer. Qu’en sera-t-il de ces barrages promis à tour de bras ? Et ces autoroutes ? Et quid des emplois promis aux jeunes ?

En fait, ce quinquennat devra se départir des sentiers battus et proposer des choses concrètes. Un signal fort à l’endroit des Burkinabè serait de bonne facture, car le pouvoir aura tort de balayer du revers de la main la critique qui consiste à dire que si en 18 ans de pouvoir, Blaise n’a pas pu faire ce qu’il a dit, il serait vain de croire qu’en 5 ans il le pourra. Et les Burkinabè pensent que ce premier signal devrait être un grand lifting gouvernemental en lieu et place du saupoudrage habituel. Car, et on ne cesse de le répéter, être fort dans son fief est relatif, et la compétence est limitée dans le temps et dans l’espace.

Il faudra à l’évidence que l’occupant de la primature sache vraiment conduire, non, appliquer plutôt ce programme de son patron, et que les Burkinabè ressentent cela dans le quotidien. La ruse et la force étant les deux faces de Janus en politique, il s’agira pour chaque département de poser des actes clairs, quitte à se tromper et à rectifier le tir, au lieu de tout politiser.

Autant dire que le PM devra aussi se choisir de bons collaborateurs, qui sauront diriger leur ministère, car c’est à l’aune du bon fonctionnement de ces parcelles de pouvoir que les citoyens jugeront la marche de l’équipe entière. Si l’on convient que le poste de ministre est éminemment politique, il est aussi vrai qu’il devra échoir à un politique compétent, et des ministres sans fief politique se sont illustrés comme de véritables stakhanovistes. Et les guéguerres à fleurets "démouchetés", que se livrent des ministres avec leurs ministres délégués sont à proscrire désormais, car c’est pour le même programme qu’ils ont été nommés.

Et Blaise Compaoré, qui déclarait en novembre 2004 : "Si je me représente deux fois de suite (2005 et 2010) et si Dieu me prête vie, dans dix ans au plus tard, je serai à la retraite. A la soixantaine", sait qu’avec ce quinquennat, il entame sa sortie de l’histoire, qu’il ne voudrait rater à aucun prix, une histoire dans laquelle il était entré petitement, quoique bruyamment, à coups de fusils il y a 19 ans de cela. En somme, une équipe qui va préparer avec lui cette préretraite de façon honorable, trotte déjà dans sa tête et que ses adversaires politiques trépignent d’impatience de voir arriver, en attendant le bal des prétendants.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
Observateur Paalga

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