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Côte d’Ivoire : Abidjan sous tension après une attaque contre son principal camp militaire

Publié le mardi 3 janvier 2006 à 09h24min

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Le principal camp militaire d’Abidjan a été attaqué lundi, des tirs et des explosions retentissant avant l’aube. L’opération, dont les auteurs restent non-identifiés, a fait dix morts, ont annoncé les autorités. Les forces loyalistes se sont déployées dans la cité lagunaire où régnait un calme tendu.

On ignorait l’origine de cette attaque sur le camp d’Akouédo dans le nord-est d’Abidjan. Le chef des forces armées, le général Philippe Mangou, est rapidement intervenu à la télévision pour rassurer les habitants de la principale ville du pays, expliquant que les forces loyalistes avaient repoussé l’assaut de forces non-identifiées au bout d’une heure.

Le colonel Hilaire Gohourou Babri, porte-parole de l’armée, a affirmé pour sa part que sept des assaillants et trois membres des forces de sécurité avaient été tués dans les affrontements.

Un journaliste de l’agence Associated Press (AP) a pu voir quatre cadavres, un soldat et trois hommes en vêtements civils qui étaient parmi les assaillants, selon les militaires. Deux autres agresseurs, capturés, étaient assis en plein soleil, torse nu et en sang.

Selon M. Babri, plusieurs dizaines d’assaillants ont été arrêtés. Il a écarté les rumeurs selon lesquelles il y avait eu une mutinerie.

Il s’agit du premier incident d’envergure depuis l’entrée en fonctions la semaine dernière du nouveau gouvernement d’union nationale dans ce pays coupé en deux. Le 1er décembre, les forces loyalistes avaient déjà repoussé une brève attaque sur une caserne de gendarmerie d’Abidjan.

Lundi, le général Mangou a appelé les habitants du secteur à garder leur calme et à ne pas sortir de chez eux, tandis que les forces de sécurité lançaient la chasse aux assaillants, dont certains se seraient enfuis en vêtements civils.

Deux casernes séparées par une autoroute ont été attaquées, dont l’une abritant un bataillon de chars et des armes lourdes.

Des gendarmes armés jusqu’aux dents se sont déployés en ville, dressant des barrages sur les routes principales et refoulant les rares voitures se hasardant dehors. Les rues étaient désertes et des chars ont été déployés pour protéger les bâtiments de la télévision publique dans le quartier résidentiel de Cocody, alors que des hélicoptères français de la force Licorne patrouillaient au-dessus d’Akouédo.

On était peu loquace du côté des soldats français chargés du maintien de la paix à Abidjan. "Nous n’avons pas à être impliqués dans ce type de problème puisque c’est un problème de maintien de l’ordre (...) même si, par ailleurs, cette situation doit être surveillée parce que nous devons être vigilants parce qu’il peut y avoir des débordements à n’importe quel moment", a expliqué le lieutenant-colonel Jean-Luc Cotard, porte-parole de la force Licorne.

Devant le Camp d’Akouédo, où un calme tendu semblait effectivement revenu, on pouvait voir les carcasses de deux véhicules, un civil et un militaire.

Plus tard dans la journée, le président Laurent Gbagbo s’est rendu dans les deux casernes.

Le nouveau Premier ministre, Charles Konan Banny, a condamné cette attaque, affirmant dans un communiqué qu’il "regrette que des gens aient recours à la violence et aux armes pour exprimer leurs revendications et régler leurs divergences, quelles que soient les raisons".

Ce nouvel assaut risque de raviver les tensions en Côte d’Ivoire, où, après l’annulation des élections d’octobre, le président Laurent Gbagbo a obtenu le soutien de l’ONU et de l’Union africaine à la prolongation d’un an de son mandat, au grand dam des rebelles qui en contestent la légitimité.

La rébellion a cependant accepté d’entrer dans le nouveau gouvernement d’union nationale dirigé par Charles Konan Banny. Entrée en fonctions la semaine dernière, cette équipe de 32 membres compte comme numéro deux le chef rebelle Guillaume Soro, nommé ministre de la Reconstruction. Le nouveau gouvernement a pour tâche principale l’organisation d’un nouveau scrutin.
AP

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