Le palais présidentiel a accueilli les représentants des différentes couches de la société burkinabè en cette soirée du 29 décembre 2005. Du gouvernement au monde paysan en passant par celui de la communication, des associations de la société civile, tous étaient présents à cette cérémonie de présentation annuelle de vœux.

Au-délà des notes musicales distillées par l’orchestre de la Présidence, la cérémonie a été un moment pour les composantes de la société de s’adresser directement par la voix du secrétaire général du gouvernement, Clément P. Sawadogo au premier responsable de tous les Burkinabè. « La présentation des vœux des Corps constitués n’est pas seulement une tradition à laquelle se soumettent chaque année les différentes composantes de la société. Elle représente, pour les Corps constitués, une des merveilleuses opportunités pour magnifier notre appartenance à une même communauté de destin, une occasion idéale pour vous traduire les sentiments des Burkinabè sur la marche et la conduite des affaires de la nation dont vous êtes le garant », a signifié le porte-parole des Corps constitués, Clément Sawadogo.

Portant un regard sur l’année 2005 qui s’achève, les Corps constitués retiennent que celle-ci a été difficile aussi bien au plan national qu’international même si des acquis importants ont été enregistrés çà et là. Les Corps constitués ont salué les initiatives du chef de l’Etat et du gouvernement pour faire face au déficit céréalier enregistré pendant la campagne agricole 2004/2005 et pour répondre à certaines préoccupations des forces vives de la nation. Sur le plan de la démocratie et des libertés, ils ont apprécié positivement l’esprit dans lequel l’élection présidentielle s’est déroulée et félicité le président Blaise Compaoré pour sa réélection à la tête de l’Etat.

Les Corps constitués notent au plan africain et international les efforts d’intégration régionale et africaine déployés par le président Compaoré, l’organisation de grandes rencontres internationales sur des questions relatives à l’eau, l’agriculture, à l’environnement, au Sida. La dénonciation des barrières non tarifaires et les subventions à l’exportation du coton du Nord par le chef de l’Etat a également été saluée par les Corps constitués.

Des attentes et des préoccupations

Tout en relevant avec satisfaction le fonctionnement régulier des institutions républicaines en 2005, les Corps constitués ont traduit leurs attentes et préoccupations à Blaise Compaoré.

Ainsi, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) demande au président Compaoré de prendre en compte sa préoccupation portant sur le statut et les rémunérations de ses membres, de ses démembrements, de ses personnels techniques et administratifs. « Elle souhaite enfin que le gouvernement mette à sa disposition en temps opportun les moyens nécessaires à l’organisation et à la tenue des consultations locales en début 2006 ».

Quant au secteur de l’information, il s’attend à ce que 2006 favorise davantage l’éclosion d’une presse plurielle grâce à la couverture radiophonique en FM du territoire, la déconcentration, la spécialisation et la régionalisation des médias de service public et la densification du réseau des radios communautaires de proximité.

En ce qui concerne le Médiateur du Faso, il souhaite que des mesures conservatoires soient prises pour éviter aux Burkinabè l’immigration clandestine dans les pays d’Europe. Ceci à travers une politique de sensibilisation et d’information appropriée. Sa suggestion est la signature d’accords de main d’œuvre par des contrats de travail à durée déterminée entre le Burkina Faso et les pays européens qui le souhaitent. Il souhaite enfin voir l’implication effective des jeunes dans les prises de décisions qui les concernent.

Les anciens chefs d’Etat demandent à Blaise Compaoré « de rappeler à tous, décideurs comme exécutants, les règles, les vertus et les exigences de la déontologie et de l’éthique professionnelles qui doivent guider chaque artisan de la construction nationale ». Ils attendent que le président accomplisse son devoir de premier citoyen de l’Etat avec justice, lucidité et clairvoyance au profit de tous les Burkinabè.

Le Conseil économique et social (CES) souhaite bénéficier de l’extension de son siège qui vient d’être réhabilité. Le Conseil constitutionnel sollicite, pour sa part, des concours suffisants et des facilités afin de garantir la crédibilité des élections municipales à venir. Aussi, il souhaite la relecture de la loi organique qui le régit pour tenir compte de l’évolution nationale mais également pour cristalliser le statut et le rang de ses membres.

La Cour de cassation émet le vœu de renforcement de son personnel en magistrats et greffiers tandis que la Cour des comptes souhaite l’adoption d’une loi qui attribuerait l’exploitation effective des déclarations des biens de personnalités à leur entrée en fonction et à la fin de leur exercice. « Elle souhaite par ailleurs l’insertion dans le code électoral de nouvelles dispositions interdisant à tout gestionnaire de fonds publics n’ayant reçu quitus de sa gestion de postuler à un mandat électif dans sa juridiction ».

Autres attentes, celles de l’Association des municipalités du Burkina Faso (AMBF) à savoir la réinstitution en 2006 des plaques et vignettes, le transfert effectif et progressif des compétences et des ressources aux collectivités territoriales. Ceci dans l’optique d’une plus grande viabilisation des communes. Les préoccupations de la chefferie coutumière et traditionnelle sont entre autres la sécurité des personnes et des biens, la formation civique, le développement durable, la santé et la responsabilisation des populations à la base. Quant au monde universitaire et scientifique, il forme le vœu d’augmentation des capacités d’accueil des infrastructures, de recrutement des enseignants, de décentralisation de l’enseignement en supérieur et des moyens logistiques.

Les Forces armées nationales souhaitent en ce qui les concerne qu’une subvention leur soit accordée pour soutenir la mise en place prochaine d’une mutuelle en leur sein, la réalisation d’infrastructures adaptées pour l’accueil et l’épanouissement des effectifs féminins. En ce qui concerne le monde syndical, il souhaite que le dialogue social soit plus dynamique et plus fécond afin que soient résolues les préoccupations contenues dans son cahier de doléances.

Réponse du président Compaoré

Aux nombreuses préoccupations des Corps constitués, Blaise Compaoré a déclaré avoir été attentif. Il affirme avoir partagé ses vues sur ces questions lors des rencontres avec les couches de la société burkinabè en février et mars 2005.

Parmi les questions évoquées, la promotion d’une société multiculturelle respectueuse des règles républicaines, la mise en œuvre effective des principes de bonne gouvernance, l’élargissement de l’offre éducative, le respect de la personne humaine, le renforcement de la sécurité publique, la consolidation du dialogue secteur privé/gouvernement, l’amoindrissement des coûts sociaux et économiques de l’organisation des scrutins etc.

En réponse aux vœux de santé, de joie, de prospérité, de paix et de bonheur des Corps constitués, Blaise Compaoré a formulé les siens de santé, de bonheur et de prospérité à ses hôtes.

Enok KINDO
Sidwaya