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2006 sera sociale ou ne sera pas

Publié le vendredi 30 décembre 2005 à 08h57min

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Le monde des vivants s’apprête à enterrer une nouvelle année. Plus qu’une poignée d’heures et ç’en sera fini pour 2005. Pour les Burkinabè, cette année aura été éminemment politique. Ce fut en effet celle de l’élection présidentielle, la troisième depuis le début de la quatrième République, mais la première à enregistrer beaucoup de candidatures.

Contrairement à 1991 qui avait vu Blaise prendre seul le départ de la course, pour cause de boycott de l’opposition, et à 1998 où il avait fait face, pour les mêmes raisons, à deux candidats jugés peu sérieux, le 13 novembre dernier, 11 challengers lui disputaient le fauteuil présidentiel sur lequel il est assis depuis un après-midi de 1987.

Et même 12, si l’on y inclut Me Hermann Yaméogo qui a jeté l’éponge peu avant, mais dont la candidature a été maintenue contre son gré, par le Conseil constitutionnel et la CENI. L’autre fait marquant reste le ralliement inattendu de l’ADF/RDA, alors chef de file de l’opposition, au président sortant.

Ce scrutin aura été précédé, on le sait, d’un intéressant et enrichissant débat politico-juridique sur la rétroactivité ou non de l’article 37, autrement dit, la possibilité pour Blaise Compaoré de se présenter pour un 3e mandat, après les multiples révisions de la Constitution. On sait ce qu’il en est advenu et c’est sans grande surprise que l’enfant terrible de Ziniaré a rebelotté, avec un score quasi stalinien de 80,35% des suffrages.

Au-delà de la polémique somme toute normale et même souhaitable sur le fameux article 37 et de l’organisation pratique de l’élection (informatisation du fichier électoral), on ne peut que se féliciter de ce que cette présidentielle se soit déroulée dans le calme et la sérénité. En bonne démocratie, une élection présidentielle constitue un des temps forts dans la vie d’une nation, et le scrutin du 13 novembre participe du renforcement de l’Etat de droit et de la démocratie dans notre pays.

Il faut souhaiter que les différents acteurs de la scène socio-politique en tirent les leçons qui s’imposent dans le sens d’une consolidation de notre démocratie renaissante. Il reste maintenant au président réélu à pouvoir répondre aux aspirations de ses compatriotes, dont beaucoup sont en proie à la pauvreté, voire à la misère, au chômage, au renchérissement du coût de la vie, etc.

C’est sur ce terrain social qu’on l’attend le plus, et 2006 devrait être marquée de ce sceau. L’année qui s’achève aura été aussi marquée par la famine qui a frappé durement les pays sahéliens, dont le nôtre, ainsi que par l’insécurité grandissante dans nos villes et campagnes. Puisse 2006 apporter des solutions structurelles à tous ces problèmes. Le Front social a également été constamment surchauffé par les marches-meetings et autres débrayages des syndicats, qui ont, à intervalle régulier, battu le pavé ouagalais et des autres villes du Burkina pour protester contre le renchérissement des prix des produits de première nécessité, notamment des hydrocarbures, qui tiennent les travailleurs à la gorge. "Viima ya kanga", le tube fétiche du groupe de rap burkinabè K-ravane, est ainsi devenu un cri de ralliement pour nombre "d’hommes intègres" qui ne savent plus à quel saint se vouer.

Le gouvernement fera-t-il un effort pour soulager un tant soit peu les travailleurs, dans la mesure où sa précédente augmentation de salaires, du reste symbolique, a été complètement annihilée par la cherté de la vie ? C’est en tout cas un vœu qu’on ne peut s’empêcher de formuler, surtout qu’avec la débauche de moyens qu’a étalée le pouvoir à l’occasion de la présidentielle, on ne peut plus dire qu’il n’y a pas d’argent dans le pays.

On ne peut survoler, comme nous le faisons dans ces lignes, l’actualité nationale sans souligner le décès, le 25 mai, à l’âge de 89 ans, du général Aboubacar Sangoulé Lamizana, fondateur de l’armée burkinabè et président de la Haute-Volta de 1966 à 1980. Rarement hommage aura été ainsi unanime autour d’un homme politique et d’un chef d’Etat comme ce fut le cas lors de ses obsèques, tout le monde ayant alors émis le vœux que ce bon père de famille, ce parangon de vertu puisse inspirer la classe politique actuelle, qui n’est pas toujours un exemple de probité.

Alors que 2006 commence en même temps que le nouveau mandat de Blaise, il faut en effet espérer que la moralisation de la vie publique et la lutte contre la corruption seront en bonne place dans l’agenda gouvernemental pour les 365 prochains jours. A nos lectrices, lecteurs et à tous nos compatriotes, nous formulons des vœux ardents de santé, de prospérité. Que le Burkina Faso connaisse toujours cette paix sociale sans laquelle tout effort de développement est d’avance voué à l’échec.

L’Observateur

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