LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Cohabitation Gbagbo-Banny : Les premiers couacs

Publié le vendredi 23 décembre 2005 à 08h35min

PARTAGER :                          

L. Gabgbo et C.K. Banny

Plus de deux semaines après la nomination du premier ministre, Charles Konan Banny, les obstacles se font jour quant à la formation de l’équipe gouvernementale. L’homme providentiel qu’on est allé chercher à la BCEAO, à Dakar, commence sans aucun doute à réaliser que la politique est différente des finances.

Quand on l’a vu, l’autre jour, tout souriant dans la salle des Banquets de Ouaga 2000 à l’occasion de la prestation de serment de Blaise Compaoré, on croyait qu’il maîtrisait la situation au bord de la lagune Ebrié.

Or, il y a des problèmes et peut-être que son escapade dans la capitale burkinabè était une façon de changer d’air. En effet, avant son départ d’Abidjan, il n’a pu nommer à la tête de chaque ministère les hommes qu’il estime les plus aptes à accomplir cette fonction au point que presque tous les partis politiques l’accusent ou le soupçonnent de vouloir se faire une clientèle pour les futures batailles politiques.

La pierre d’achoppement, c’est le nombre de portefeuilles à pourvoir aux partis politiques. Selon l’esquisse de son équipe gouvernementale qu’il a faite au président Gbagbo, il prévoit 4 ou 5 ministères pour les trois grands : PDCI, FPI et RDR, ainsi que le MPCI, et 2 postes pour l’UDPCI à raison d’un ministère pour les deux tendances, 1 ministère pour les autres signataires de Linas Marcoussis (PIT, UDCY, MFA, MPIGO et MJP), 1 ou 2 portefeuilles pour la société civile et 1 ou 2 ministères délégués pour Banny lui-même. Ce qui fait un gouvernement soit de 31 ou 32 membres, le Premier ministre y compris. C’est cette équipe que Banny est allé présenter à Gbagbo afin d’avoir son aval pour passer à la deuxième phase de son travail à savoir mettre des noms à chaque poste.

Mais, comme lors de l’épisode Diarra, l’enfant de Mama a renvoyé Banny, selon le courrier d’Abidjan, pour ’’copie illisible’’._Le FPI, qui entend malice à quelque chose, s’arc-boute sur son refus de se voir attribuer 4 ou 5 postes ministériels alors que le bloc rebelle réuni au sein du G7 aura, si cette répartition proposée par le Premier ministre est entérinée, à lui seul au moins 15 à 18 ministères. Gbagbo, qui ne voulait pas prendre le risque de mécontenter le parti qui l’a porté au pouvoir, a tout simplement demandé à Banny d’aller se concerter avec Affi N’Guessan, le président du FPI. Ce dernier, qui n’attendait que cela, a déjà donné le ton en disant qu’il n’est pas d’accord.

Il trouve que c’est une proposition qui est inacceptable parce qu’elle est injuste. Selon lui, il n’est pas acceptable que le Front populaire ivoirien, qui avait plus de 20 portefeuilles en 2002, se retrouve avec 5 dans le gouvernement après avoir fait tous les efforts dans la restauration de la paix ; après avoir accepté de céder la primature, de se retrouver avec 10 ministres dans le gouvernement de Seydou Diarra.

En tombant de Charybde en Sylla, comme on dit, son parti refuse de reculer de façon indéfinie. Comme on le voit, les choses ne font que croître et embellir à Abidjan et il faut craindre que le blocage continue. Banny a donc du pain sur la planche puisque le FPI ne veut pas non plus lâcher le ministère des Finances, la Défense et la Sécurité. Avec le temps, va-t-il se passer de ce parti pour composer avec les autres partis, qui ont déposé la liste de leurs ministrables sur son bureau ?

Pour trouver une solution de crise consensuelle, il est temps que le groupe de médiation mis en place conformément à la résolution 1633 du Conseil de sécurité de l’ONU agisse rapidement pour que tout se passe sur la base du compromis. Banny, qui veut être le seul maître à bord, devra tenir compte de certains paramètres...

Justin Daboné

L’Observateur

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique