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7e anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo : Le Collectif ne désarme pas

Publié le mercredi 14 décembre 2005 à 08h45min

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Le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP) a commémoré, hier 13 décembre à Ouagadougou et sur toute l’étendue du territoire national, le 7e anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo et de ses trois compagnons.

C’est le 13 décembre 1998, on se rappelle, que notre confrère Norbert Zongo et trois de ses compagnons ont été assassinés à Sapouy. Depuis cette date, le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP), né à la suite de ce drame, réclame vérité et justice pour les victimes.

Et hier 13 décembre, soit 7 ans jour pour jour après, à Ouagadougou, ils étaient des milliers les militants dudit mouvement à sortir pour dire aux auteurs et aux commanditaires de ce quadruple crime crapuleux qu’ils refusent de l’oublier. Tôt le matin, ils se sont retrouvés au cimetière de Gounghin, où reposent depuis le 16 décembre 1998 les suppliciés de Sapouy.

Parés de brassard, foulard ou fanion noirs, signe de deuil, ils y ont procédé à un dépôt de gerbes de fleurs sur les tombes de Norbert Zongo et de ses quatre compagnons ainsi que de Flavien Nébié, suivi d’un recueillement. Un hommage à la mémoire de Norbert Zongo, de toutes les victimes de la violence en politique a été prononcé, au nom du Collectif, par le président de l’Association des journalistes du Burkina (AJB).

Après le cimetière, rendez-vous à la place de la Nation d’où les milliers de manifestants ont marché pour dire non au blocage du dossier Norbert Zongo et d’autres et exiger du juge Wenceslas Ilboudo un bilan. Avec les responsables du Collectif (Halidou Ouédraogo, Me Bénéwendé Sankara, Philippe Ouédraogo, Ali Lankoandé, Tolé Sagnon) ainsi que la veuve de notre confrère et son benjamin, Constant Zongo, ils ont parcouru la ville tout en scandant des slogans hostiles au régime en place.

De l’avenue de la Nation, ils ont rallié celle de Kwamé-N’Krumah en passant devant le palais de justice, où s’étaient positionnés des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité armés de gaz lacrymogènes. Ils ont par la suite emprunté l’avenue Houari-Boumédienne puis la Bassawarga, avant de regagner leur point de départ pour un meeting.

Des âmes en errance

Le président du Collectif, Halidou Ouédraogo, est revenu sur ce 13 décembre 1998 à Sapouy où Norbert Zongo, Ernest Zongo, Ablassé Nikiéma et Blaise Ilboudo ont été « retrouvés morts, brûlés dans leur véhicule ». Parlant de Norbert Zongo, il rappellera que son corps, « sous l’emprise des flammes meurtrières, et auparavant criblé de balles, a été complètement brûlé.

A la place du journaliste de 49 ans, quelques amas de chair carbonisée » et « les photographies rapportées étaient absolument violentes, insoutenables, révoltantes ». Depuis ce crime odieux jusqu’aujourd’hui, les militants, dira-t-il, ont bravé la répression du pouvoir de la IVe République et ses alliés, dans la lutte pour la conquête de la liberté, « brandissant fièrement le flambeau de la lutte » que Norbert leur a légué et arrachant de grandes victoires.

Malgré les réformes annoncées dans le domaine de la justice, sept ans après Sapouy, « Les âmes de Norbert Zongo, d’Ablassé Nikiéma, Flavien Nébié, Thomas Sankara et treize autres », auxquels il faut ajouter celles de Guillaume Sessouma, des enfants de Garango, de Michel Congo, du commandant Amadou Sawadogo et de 200 autres « errent à la recherche de la vérité et de la justice pour pouvoir reposer en paix ».

Halidou Ouédraogo a traduit la détermination des militants du « pays réel » à se battre jusqu’à ce que lumière soit faite non seulement sur les drames de Sapouy mais aussi sur tous les autres crimes de sang et économiques. Et ce ne sont pas les résultats artificiels de la présidentielle du 13 novembre 2005, prévient-il , qui feront oublier le « pays réel » que les crimes crapuleux de Sapouy et tous les autres cas demeurent impunis.

Il a en outre dit non à la vie chère, à la misère morale et matérielle croissante et à la confiscation progressive des libertés démocratiques, syndicales et politiques, des franchises scolaires et académiques, à l’impunité persistante qui favorise les détournements crapuleux, les crimes de sang et économiques.

La sortie du procureur général le 8 décembre dernier, jugée injurieuse et provocatrice par le Collectif, a été dénoncée par Halidou Ouédraogo. La lutte du Collectif, a-t-il dit, c’est aussi contre « l’arrogance et le mépris de nos dirigeants » avant d’ajouter que « les intimidations ne peuvent détourner l’Organisation de ses objectifs et que la justice ne peut dormir sur les dossiers et empêcher les citoyens de s’adresser à elle.

Il est temps, a lancé Halidou Ouédraogo, que Marcel Kafando rejoigne la MACO et parle de ses actes de cet après-midi du 13 décembre 1998 qui furent fatales à Norbert et à ses trois compagnons. Selon ses dires, des dossiers de crimes de sang, dont celui de Norbert Zongo et ses compagnons, seront portés devant des juridictions internationales.

Cette manifestation, faut-il le souligner, s’est terminée sans aucun heurt. Toutefois, nous aurons remarqué que le bourgmestre de Ouagadougou n’était pas du tout tranquille. En tout cas, à travers le talky-walky d’un de ses policiers municipaux, nous l’avons entendu qui demandait « la situation des marcheurs ».

Hamidou Ouédraogo

L’Observateur

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