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Affaire Norbert Zongo : "Si Blaise le veut, la lumière jaillira", dixit Robert Zongo

Publié le mercredi 14 décembre 2005 à 08h40min

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Robert Zongo

Aujourd’hui, les Burkinabè célébreront le 7e anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo, alors directeur de publication du journal "L’Indépendant". Cet assassinat avait mis le pays sens dessus dessous, avec des quotidiens faits de marches, de meetings, de grèves, de débrayages... autour d’un objectif unique : faire la lumière sur cette sauvagerie et rendre justice à Norbert Zongo et à ses trois compagnons d’infortune.

Sept ans après, dans quel état d’esprit se trouve la famille de Norbert Zongo ? Attend-elle toujours que justice soit faite ? C’est ce que nous avons voulu savoir en rencontrant le frère du sus-cité, Robert Zongo.

Dans quel état d’esprit est la famille de Norbert Zongo en ce septième anniversaire de l’assassinat de votre frère ?

• Déjà ce que la famille peut louer, c’est l’esprit de tous ces Burkinabè qui ont toujours sauvegardé cette mémoire de Norbert et qui, au fil des ans, cherchent toujours à pérenniser cette mémoire. Nous sommes arrivés, au niveau de la famille, à un stade où l’expression "Trop c’est trop", prend toute sa valeur, car sept ans, c’est trop. Ça fait sept ans que nous attendons que quelque chose bouge du côté de la Justice, mais rien. On a inculpé un suspect, en la personne de Marcel Kafando, sans que le dossier connaisse un début de déblocage. Je pense que même si c’est sur une civiaire, l’importance de ce dossier commande qu’on amène Marcel Kafando à témoigner afin de faire avancer cette affaire.

Que prévoyez-vous au niveau de la famille pour commémorer ce triste événement ?

• On se retrouve pour faire la même chose, mais rien ne bouge. On a cette impression qu’on veut faire perdurer les choses. Ce problème Norbert Zongo souffre du manque de volonté. Si le président Blaise Compaoré, qui vient d’être réélu, claque du doigt, ce dossier sera jugé en un quart de tour. Ça, j’en suis convaincu. On a encore prévu une veillée de prières, une messe souvenir, outre toutes celles que les gens demandent un peu partout. Ces veillées et messes rassemblent chaque année une foule, car les gens ont comme quelque chose en travers de la gorge. Je suis convaincu que Norbert a été lâchement assassiné pour des futilités et quand le procès se tiendra, vous serez étonné de voir que ce crime a obéi plus à l’humeur d’une personne qu’à tout autre chose.

Que deviennent les enfants de Norbert Zongo ?

• Les enfants sont avec leur maman à Ouaga. Une brave femme, que je loue en passant, qui s’est beaucoup battue pour ses enfants durant ces 7 ans. Elle a su maintenir le cap et n’eût été elle, la famille ne saurait pas comment elle allait s’en sortir avec ces enfants. Arnold est en classe d’examen et Constant est à l’université. Nous louons Dieu que tout aille bien de ce côté-là.

Avez-vous toujours espoir que justice sera rendue à Norbert Zongo ?

• Ils sont condamnés à ce qu’il y ait justice parce que c’est une parenthèse qu’ils ont ouverte et quand on ouvre une parenthèse, il faut, tôt ou tard, la fermer.

Avec le recul, est-ce que vous ne regrettez pas de n’avoir pas participé à la Journée nationale de pardon, avec tout ce que cela aurait comporté comme avantage tant moral que pécuniaire ?

• En son temps, nous avons dit nos principes : nous voulons avoir toute la lumière sur cet assassinat. Nous avons perdu un frère et nous voulons savoir ; nous voulons comprendre. Le reste ne nous intéresse pas.

On apprend du côté du Collectif que le dossier sera déposé auprès des juridictions internationales. Cela constitue-t-il pour vous un nouvel espoir ?

• On voit ce qui se passe avec le dossier Hissène Habré et autres C’est la même salade. Que le dossier soit au niveau des juridictions nationales ou internationales, s’il n’y a pas la volonté ou s’il y a des blocages de tous ordres, on n’avancera pas. Je vous le répète, si le président Blaise Compaoré veut que le dossier Norbert Zongo soit traité, dès le lendemain on aura la lumière là-dessus. Maintenant, nous n’omettons pas que le dossier n’incombe pas seulement à la seule famille de Norbert Zongo. C’est désormais l’affaire de tous ceux qui sont épris de paix et de justice.

Si vous avez le premier magistrat du pays, en l’occurence Blaise Compaoré, en face de vous, que lui direz-vous ?

• Blaise Compaoré vient d’être élu pour un mandat de cinq ans. Nous avons foi qu’enfin au cours ou au début de ce mandat, il veillera à ce que le dossier Norbert Zongo et d’autres dossiers soient réglés. Si je l’avais en face, je lui dirais : "M. le Président, vous avez les coudées franches, mettez les bouchées doubles ; si toute la population vous suit, faites le geste qui va résoudre judiciairement et définitivement ce dossier Norbert Zongo. Car il vous suffit de claquer du doigt, rien que ça".

Interview réalisée par Cyrille Zoma
L’Observateur

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