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7e anniversaire du drame de Sapouy : Le Collectif toujours mobilisé pour la vérité et la justice

Publié le mercredi 14 décembre 2005 à 08h48min

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Dépôt de gerbe de fleurs sur la tombe de Norbert Zongo

Dépôt de gerbes de fleurs sur les tombes de Norbert Zongo et ses trois (3) compagnons ainsi que le jeune Flavien Nébié et marche-meeting ont constitué l’ossature des manifestations de la commémoration du 7e anniversaire du drame de Sapouy.

Organisées par le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques, ces manifestations ont mobilisé un grand monde, hier mardi 13 décembre 2005.

Depuis le 13 décembre 1998, date à laquelle a eu lieu le quadruple drame de Sapouy, le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques n’a cessé de la commémorer pour rappeler aux autorités de la IVe République que justice et vérité doivent voir le jour dans ce drame. Pour la 7e année consécutive, des manifestations ont encore eu lieu ce mardi 13 décembre 2005.

Membres du Collectif, élèves, étudiants et citoyens épris de justice se sont rendus dès 7 h 30 mn, au cimetière de Gounghin.

Là, après les dépôts de gerbes de fleurs sur les tombes de Norbert Zongo, Ernest Zongo, Ablassé Nikièma, Blaise Ilboudo et du jeune Flavien Nébié, l’assistance s’est recueillie sur les tombes. Un hommage a été ensuite rendu au journaliste Norbert Zongo par le président de l’AJB, Jean-Claude Méda. Il a réaffirmé l’engagement des confrères à œuvrer à travers éditoriaux, analyses et commentaires à ce que justice et vérité apparaissent pour cet homme de la plume et ses compagnons.

L’ensemble des manifestants ont de là, rallié la place de la Nation pour une marche à travers la ville de Ouagadougou.

Le trajet suivi a été la place de la Nation, le rond-point des Nations unies, l’Avenue Kwamé N’Kruman, l’Avenue Haouari Boumédienne, l’Avenue Bassawarga, Place de la Nation. Au fur et à mesure que le cortège avançait, le nombre des marcheurs allait grandissant. De part et d’autre du circuit, on scandait le nom de Norbert Zongo.

Sur les banderoles, on pouvait lire : « Jugement et châtiment des assassins de Norbert Zongo et de ses camarades ». « Non au blocage du dossier Norbert Zongo et autres, le juge Wenceslas doit maintenant déposer son bilan ».

« Non à la vie chère, à la misère morale et matérielle croissante », « Non à la confiscation progressive des libertés démocratiques, syndicales et politiques, des franchises scolaires et académiques ».

Le slogan habituel « Na an Laara, Ansaara » n’a pas non plus fait défaut sur les lèvres de la multitude de citoyens venus commémorer le drame de Sapouy. La lettre qui devrait être remise au ministre de la Justice, garde des Sceaux à propos du dossier Norbert Zongo au palais de justice n’a pas pu l’être en raison de la fermeture du lieu et de son blocage par les forces de l’ordre.

Le meeting qui a clos la marche a permis au président du Collectif, Me Halidou Ouédraogo, de livrer le message de la coordination nationale. Un message à travers lequel le président Halidou Ouédraogo a réaffirmé que sa structure ne recherche que la vérité et ne veut que la justice dans les dossiers de crimes économiques et de sang :

« La Justice doit mieux faire et ses représentants doivent arrêter de menacer les populations du pays réel. Les citoyens burkinabè ont le droit de s’adresser à leurs institutions dans les formes qu’ils jugent opportunes. La lutte du Collectif, c’est aussi contre l’arrogance et le mépris de nos dirigeants.

Les intimidations ne peuvent détourner le Collectif de ses objectifs et la justice ne peut dormir sur les dossiers et empêcher que les citoyens s’adressent à elle ».

Pour Me Halidou Ouédraogo, les voies de recours seront ouvertes au plan international.

Pour que le dossier Norbert Zongo ne continue pas de piétiner, le Collectif a décidé d’approcher les institutions telles la Cour des Droits de l’Homme et des peuples et le Comité des droits de l’Homme des Nations unies. »Nous allons désormais les saisir et renforcer le dossier Thomas Sankara, par l’apport des autres dossiers Norbert Zongo, Congo Michel et autres », a précisé le président du Collectif.

Ismaël BICABA (bicabai@yahoo.fr)
Sidwaya


Lettre ouverte du collectif au ministre de la Justice

Dans le cadre de ses activités de ce jour 13 décembre 2005, le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques avait promis de remettre une lettre au ministre de la Justice, garde des Sceaux à propos du dossier Norbert Zongo. L’acte n’a pas pu être posé. Nous vous proposons par contre le contenu de cette lettre.

Lettre ouverte à Monsieur le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux à propos du dossier Norbert Zongo

Monsieur le Ministre de la Justice,

S’il est encore besoin de vous le rappeler, il vous souvient très certainement que cela fait sept ans que le journaliste Norbert Zongo et trois de ses compagnons ont été le plus sauvagement assassinés le 13 décembre 1998 à Sapouy. Selon le rapport de la Commission d’enquête indépendante créée par le Gouvernement le 18 décembre 1998, le corps de Norbert Zongo a été complètement calciné, les membres supérieurs et inférieurs réduits en morceaux d’os. Il en a été de même pour les autres victimes que sont Yembi Ernest Zongo, Blaise Ilboudo et Abdoulaye Nikiéma dit Ablassé.

Monsieur le Ministre, les conclusions de l’enquête sont claires et établissent péremptoirement que Norbert Zongo et ses compagnons d’infortune ont été assassinés. Que l’assassinat visait principalement Norbert Zongo alias Henri Sebgo pour des motifs purement politiques parce qu’il pratiquait un journalisme engagé d’investigation. Il défendait un idéal démocratique et avait pris l’engagement avec son journal, de lutter pour le respect des droits de l’homme et la justice ainsi que contre l’impunité et la mauvaise gestion de la chose publique. Le même Zongo et ses compagnons ont été assassinés par plusieurs personnes qui les ont abattus aux moyens d’un revolver 38 spécial et de fusils calibre 12 semi-automatique dont l’un de marque VALTRO.

Monsieur le Ministre, les faits sont constants. Il est donc étonnant, que votre Procureur Général Monsieur Barry Abdoulaye, vienne à affirmer toute honte bue, que le dossier est en l’état et ce, au cours d’une conférence de presse animée par ce dernier et le Procureur du Faso, le jeudi 8 décembre 2005. Malheureusement, les propos menaçants tenus par ces deux personnalités judiciaires nous rappellent la déclaration du 16 décembre 1998, faites par votre prédécesseur Monsieur Yarga Larba, qui affirmait qu’il est évident que le Gouvernement ne saurait trouver un quelconque intérêt dans la tragique disparition de Norbert Zongo. Mais sept ans après, les faits contre- disent monsieur le Ministre Yarga, tant le Gouvernement s’est retrouvé dans l’incapacité de faire trouver les assassins de Norbert Zongo. Ceci explique sans nul doute les menaces et les intimidations brandies à souhait chaque fois qu’il est question du dossier Norbert Zongo. Mais le peuple est debout et réclame justice. C’est une aspiration profonde à laquelle les menaces et les élucubrations de certains hommes ne peuvent arrêter le cours. Aussi à cette étape de notre processus démocratique, point n’est besoin de dire qu’il nous faut une séparation effective des pouvoirs qui garantisse l’indépendance du juge et les libertés ; En revanche, la question qui mérite d’être posée est de savoir pourquoi l’affaire Norbert Zongo n’ est pas encore jugée malgré les moyens matériels et humains qui ont été déployés. La réponse est sans équivoque : Le Gouvernement a tout intérêt à ce que la lumière ne soit jamais faite dans l’assassinat du journaliste Norbert Zongo.

Pour nous militants du pays réel et membres du Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques, il n’y a point de doute que les assassins et leurs commanditaires se trouvent au cœur du régime de Monsieur Blaise Compaoré comme l’atteste le mobile du crime, indiqué par la CEI, à savoir que Norbert Zongo a été tué pour des motifs purement politiques parce qu’il pratiquait un journalisme engagé, d’investigation. Dès lors, nous comprenons fort bien les limites et l’incapacité du pouvoir judiciaire,

Monsieur le Ministre, vous savez mieux que quiconque qu’ en l’état actuel de notre appareil judiciaire dont la dépendance vis-à-vis du pouvoir politique est d’une évidence manifeste, qu’aucun juge intègre ne peut connaître de l’affaire Norbert Zongo. Vous-même qui êtes arrivé à la tête de ce département, battez le record de longévité des ministres de la Justice depuis l’affaire Norbert Zongo en ce que depuis votre nomination, vous avez reléguer cette affaire aux calendes grecques, et ce dans une totale impunité des crimes crapileux. Dans ces conditions, nous comprenons les propos de vos procureurs et le silence de vos juges. Cependant, il est de votre responsabilité de faire rendre la justice. Vous rendrez un énorme service à votre pays et à la nation entière qui réclament vérité et justice pour Norbert Zongo et pour toutes les victimes des crimes impunis.

Le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques, créé aux lendemains de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, s’est fixé cela comme objectif. En outre, il œuvre à l’approfondissement de la démocratie, à l’élargissement des espaces de liberté, au respect de la Constitution et des lois de la République, à la lutte contre l’impunité. C’est convaincu que seul le respect de la légalité peut contribuer au renforcement de notre processus démocratique que le Collectif, une fois de plus, vous interpelle vivement sur votre devoir en tant que ministre de la Justice dont les services ont en charge l’examen du dossier Norbert Zongo qui demeure un crime imprescriptible selon les recommandations de la CEI.

Monsieur le Ministre, plus vite ce dossier sera réglé, plus d’avancées significatives notre jeune démocratie fera.

Aussi, en ce jour anniversaire de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques tient à vous rappeler sa ferme détermination à lutter pour que la lumière puisse se faire. Il vous invite en conséquence à user de tous vos pouvoirs pour la vérité et la justice sur l’assassinat de Norbert Zongo et de ses compagnons. Le Collectif vous réitère que le dossier Norbert Zongo ne sera jamais enterré.

Veuillez croire monsieur le Ministre, en l’expression de notre profonde détermination

NA AN LAARA, AN SAARA !

Pour le coordination nationale, le Bureau :

Le Président du Collectif

Me Halidou Ouédraogo

M.B.D.H.P

Vice-président

Tolé Sagnon

collectif CGT-B

Jean Claude Méda

AJB

Rapporteurs

Ernest R. Traoré

UGEB

Vice-président

Ali Lankoandé

Groupe du 14 février

Me Bénéwendé S. Sankara

Collectif/Avocats


Conférence-débats et exposition de photos à Bobo-Diuoulasso

A l’instar des militants du Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP), ceux de Bobo-Dioulasso ont célébré le 7e anniversaire du drame de Sapouy. C’est à la Bourse du travail que les militants du CODMPP se sont retrouvés pour cette célébration autour du président local, Drissa Touré, par ailleurs président de la section du Houet du Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP).

Faisant le bilan des actions menées par le Collectif depuis sept ans, M. Touré a fait le constat que le peuple a constamment soutenu les activités de ce mouvement né au lendemain du drame de Sapouy en y prenant une part active.

A cela, les responsables du Collectif opposent la répression, la corruption, les illusions électoralistes, les pressions orchestrées, selon eux, par le pouvoir de la IVe République. Tant et si bien que « jusqu’à présent, les coupables courent toujours », disent-ils. En termes de perspectives, ils estiment que leur mouvement est « toujours debout » et que « la crise que le Burkina traverse actuellement est plus profonde qu’en 1998 ».

Des échanges ont suivi l’exposé de M. Touré pendant que dehors étaient exposées des photos prises sur les lieux du drame qui, rappelons-le a coûté la vie, le 13 décembre 1998 à Norbert Zongo, alors directeur de publication de « L’Indépendant » et à trois de ses compagnons à Sapouy, dans la province du Ziro à une centaine de kilomètres de Ouagadougou.

U.K
Sidwaya

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