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Croisade anti-corruption : Haute autorité cherche autonomie

Publié le mardi 13 décembre 2005 à 08h34min

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Honoré Tougouri, président de la HALCC

La Haute Autorité de lutte contre la corruption doit être capable "de saisir les
juridictions sans en référer à qui que ce soit, quand elle se retrouve face à
des cas suspects ou avérés de corruption. Sinon, on tournera toujours en
rond".

Ce sont les propos de son président qui présidait, dans la salle de
conférences du Liptako-Gourma, un atelier de restitution d’une étude sur la
corruption dans le secteur privé.

Après avoir rappelé que la Haute Autorité de coordination de la lutte contre
la corruption, qu’il dirige, ne faisait que des recommandations au Premier
ministre, et tirant le bilan de deux ans et demi de fonctionnement (le mandat
est de 3 ans et se termine en avril 2007), Honoré Tougouri a souhaité que la
structure soit plus autonome, si elle se veut réellement efficace. Elle doit par
exemple être capable "de saisir les juridictions sans en référer à qui que ce
soit, quand elle se retrouve face à des cas suspects ou avérés de corruption".

Sinon, dit-il, "on tournera toujours en rond, recommandation après
recommandation. Pourquoi ne prendrait-on pas l’exemple de la structure
soeur du Nigeria qui, selon le président, peut faire des enquêtes, procéder à
des arrestations, et engager des poursuites judiciaires ?"

M. Tougouri
s’exprimait le 9 décembre dernier (Journée mondiale de lutte anti-corruption),
en marge de la cérémonie d’ouverture de l’atelier de restitution d’une enquête
sur la "corruption et le secteur privé", réalisée dans 4 villes, en
septembre-octobre. L’enquête a concerné 9 secteurs d’activités, dont
l’artisanat, le commerce, les bâtiments, les travaux publics, etc.

Selon Honoré
Tougouri, cette enquête constitue une première étape d’un débat qui doit
interpeller l’Administration burkinabè et la société en général. Il souligne que
l’idée à la base était de voir, avec les opérateurs économiques du secteur
privé, acteurs, témoins ou victimes de la corruption qu’ils sont, quelle était
leur perception du phénomène et quelles solutions pratiques ils proposaient.

Les révélations
d’une enquête

Une perception du phénomène selon laquelle la corruption est extrêmement
développée dans notre pays, ces opérateurs économiques avouant vivre le
phénomène de manière quotidienne et à tous les niveaux. Ceux-ci indexent
des administrations précises, comme l’indique M. Tougouri, et proposent des
solutions, débattues lors de l’atelier. Honoré Tougouri s’insurge contre les
pratiques de corruption, d’autant que "nous avons très peu de moyens dans
ce pays, et ce peu de ressources doit être utilisé à bon escient.

Il ne doit pas
être utilisé au profit personnel de quelques individus parce qu’ils ont une
parcelle de pouvoir ou sont situés à des niveaux de responsabilité". Il ajoute
qu’un climat assaini encourage les partenaires extérieurs et les investisseurs
économiques à apporter leur appui à notre pays parce que convaincus que
les ressources qu’ils injecteront seront employées à bon escient.

"Quand on devient subitement riche"

Afin que le fléau soit mieux combattu, M. Tougouri invite l’ensemble des
Burkinabè à connaître leurs droits et leurs devoirs. S’il est vrai qu’il est plus
facile de s’attaquer au menu fretin que de prendre dans la nasse le gros
poisson, on doit tout de même reconnaître, dit-il, que des cadres de haut
niveau ont été épinglés et sanctionnés.

"Des comptes rendus ont été faits à
des Conseils de ministres et des dossiers ont fait l’objet de poursuites
judiciaires contre des responsables de haut niveau", ajoute-t-il. Il estime
cependant que "ce n’est pas suffisant", et en appelle à des actions plus
vigoureuses. "D’autres faits relativement avérés dont on a eu connaissance
sont toujours dans les tiroirs, donnant ainsi le sentiment d’impunité.

Quand
des gens deviennent subitement riches et qu’on ne se pose pas de questions,
manifestement, il y a une défaillance quelque part". L’atelier s’est tenu dans le
cadre du programme d’activités 2005 de la Haute Autorité, et le document
soumis à finalisation devrait participer à la mise en oeuvre de la politique
nationale de lutte anti-corruption.

Par Cheick Beldh’or SIGUE
Le Pays

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