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<I>Droit dans les yeux</I> : Le programme de Blaise Compaoré

Publié le mardi 13 décembre 2005 à 07h47min

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Le programme de Blaise Compaoré a été distribué au début de la campagne
électorale, et comme le Conseil supérieur de la Communication avait bien
verrouillé toute prise de position pour ou contre un candidat durant la
campagne, il n’y a pas eu la possibilité d’analyser ce programme.

C’est
vraiment une compilation (mot de Salif Diallo) de dogmes et d’orientations.
"Produit national brut avec une évaluation de plus de 5%", c’est comme la
moyenne de l’Afrique subsaharienne mais c’est déjà bien pour le Burkina
Faso de ne pas être derrière tous les autres. "Garantir une existence digne".

Voici le résultat après 17 ans de règne : le pays est toujours le 3e pays le plus
pauvre du monde. Comme toujours, de gros mots : "Les femmes et les
jeunes, qui forment la majorité de la population burkinabè, occuperont une
place de choix dans mon programme car ils constituent le socle du
développement durable.

« La prise en compte de cette réalité sera matérialisée à travers les réponses
conséquentes et cohérentes que j’accorderai aux questions
démographiques, sociales, économiques et politiques". Bien dit, mais aucun
engagement réel.

"Un pays émergent" 3e de la queue, drôle d’émergement.
"Ecole gratuite et obligatoire jusqu’à 16 ans" : des promesses vides et
impossibles à réaliser. "La généralisation de l’usage de l’informatique à
l’école » : le Burkina a-t-il les moyens pour réaliser cela ? « La consolidation
des canaux de dialogue avec la jeunesse, sa sensibilisation aux défis futurs ».
Encore des mots et des mots.

« La première priorité consiste à créer les
conditions pour que les paysans et les éleveurs améliorent leur capacité de
financement en vue d’assurer la satisfaction de leur besoins de base ».
Combien de premières priorités à monsieur Blaise ? Rien sur le comment de
cette amélioration.

"Attention particulière pour le développement d’une
industrie textile diversifiée". C’est en route et c’est formidable. "Construction
de fosses fumières" ; cela aussi en route. Mais après 17 ans de pouvoir,
monsieur Blaise constate qu’il faut "reconquérir la place de choix dont les
produits bénéficiaient par le passé sur le marché mondial" et qu’ils ont donc
perdu sous le règne de Blaise.

"L’encouragement de l’agrobusiness et l’exploitation de type industriel". Ceci
est une vraie catastrophe. L’histoire de l’Amérique du Sud nous l’a montré.
Quelques grandes propriétés avec des champs immenses qui deviendraient
de plus en plus riches et la paupérisation de la masse du peuple.

L’agrobusiness sera peut-être possible dans cinquante ans, quand les gens
trouveront du travail dans l’industrie. Ici au Burkina, il y a une usine textile,
Fasotex, qui va, dans quelques années, employer cinq cent personnes et
pour le Burkina c’est un exploit comme l’emploi des salariés par la Sofitex et
les brasseries, mais qui ne résout pas le problème du chômage. En Europe,
le chômeur a encore une allocation de chômage mais avec l’agrobusiness
les paysans n’ont plus de terre à cultiver ni une allocation de chômage. Par
cette voie, on prépare la révolte pire que ce qu’on voit en France, mais surtout
la misère et la pauvreté seront encore plus grandes.

Naturellement, les riches deviennent de plus en plus riches. "La libéralisation
du marché" (voir les résultats d’Amérique avec l’Amérique du Sud).
"Utilisation de l’énergie solaire". Qui peut se payer ce luxe ? "Un nouvel
aéroport international" (comme par hasard à Ziniaré). Pourquoi faire ? Les
quelques avions qui viennent à Ouagadougou n’encombrent vraiment pas
l’aéroport.

Je lis encore : « Notre pays s’est toujours distingué, sur le plan judiciaire,
surtout par l’attachement à leur indépendance pour dire le droit ». Il faut avoir
du sang froid pour écrire cela. Ou encore : "Il conviendrait de renforcer la lutte
contre la fraude et la corruption". Mais elle n’a fait qu’augmenter depuis le
règne de Blaise et jusqu’à maintenant toutes les mesures sont inefficaces. Il
s’agit d’actes et pas de mots. Un pays où la corruption est généralisée ne peut
pas se développer. Dans le programme, on dit aussi "qu’il faut lutter contre
l’impunité". Durant 18 ans, la corruption et l’impunité n’ont fait que se
développer.

Si avec ce programme ça va changer, il y aura la possibilité de démarrage
du progrès. Le progrès n’est pas possible avec un appareil judiciaire
inéquitable, la fraude et l’impunité. Les belles paroles étaient déjà
prononcées en 1998 dans les voies de l’espérance, mais le résultat est tout
différent.

Bonne nouvelle : Ça va changer.

Mauvaise nouvelle : le 8 novembre j’avais donné comme bonne nouvelle
qu’un trafiquant de produits alimentaires était sous les verrous. Moins d’un
mois plus tard, la personne a été relaxée au bénéfice du doute malgré le
constat des faits par le LNSP, la Coordination nationale de la lutte contre la
fraude et la Police de Ouaga 2000.

F. Balmans BP. 332
Koudougou

Le Pays

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