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Dossier Norbert Zongo : Bientôt devant les juridictions internationales

Publié le vendredi 9 décembre 2005 à 08h39min

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Norbert Zongo

Depuis 1999, le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques, créé aux lendemains de l’assassinat du journaliste burkinabè Norbert Zongo, organise à l’approche du 13 décembre une conférence de presse, pour "rappeler sa raison d’être et lutter et informer ses militants sur les activités de ce douloureux anniversaire".

Hier, à 10h, la tradition a été respectée. Halidou Ouédraogo, Jean-Claude Méda et d’autres membres de la Coordination étaient face aux journalistes. C’était au Centre de presse qui porte le nom de l’illustre disparu.

13 décembre 1998. Comme s’ils étaient à une partie de chasse, des individus lugubres se sont embusqués quelque part sur la route de Sapouy, pour tirer sur un véhicule 4x4 à bord duquel se trouvaient le journaliste Norbert Zongo, son frère Ernest Yembi, Abdoulaye Ablassé Nikièma et Blaise Ilboudo. "Leurs assassins ont voulu les réduire entièrement en cendres, dans le but d’effrayer et de dissuader définitivement tous ceux qui seraient tentés de suivre l’exemple de Norbert Zongo dans la recherche de la vérité et la défense de la démocratie", a indiqué le président du Collectif, Halidou Ouédraogo, à la conférence de presse.

Ce quadruple assassinat a mis le pays en émoi et engendré une crise sociopolitique dans un contexte où le chef de l’Etat, Blaise Compaoré, venait fraîchement d’être élu le 15 novembre, avec un score de 87,52%, face à deux adversaires, Ram Ouédraogo et Frédéric Guirma, qualifiés à l’époque de "candidats-accompagnateurs" ou "d’aides-candidat". Le Collectif des organisations de masse et de partis politiques créé à l’occasion avait battu le pavé pour réclamer la lumière sur ce crime odieux, digne des Etats de policiers. Sept ans après, on ne connaît toujours pas la vérité sur cette affaire quand bien même une Commission d’enquête indépendante (CEI), créée pour la circonstance, aurait identifié six suspects sérieux, à savoir Christophe Kombasséré, Ousséni Yaro, Wampasba Nacoulma, Banagolo Yaro, Edmond Koama et Marcel Kafando, tous de la garde présidentielle.

Et depuis, il n’y a pratiquement rien eu de concret en dehors de "l’inculpation de Marcel Kafando, qui est chez lui au lieu d’être en prison compte tenu de la nature et de la gravité du crime, étant, paraît-il, depuis 5 ans, à l’article d’une mort qui, apparemment, ne veut pas de lui", a affirmé le président du Collectif. Chaque année, le Collectif bat le rappel de ses troupes le 13 décembre pour battre le macadam et rappeler qu’"aucun subterfuge, aucune manœuvre, aucune intimidation, aucune trahison, ne nous feront dévier de notre objectif...".

On n’est plus aux temps forts de la crise où on assistait à des scènes d’intifada dans les rues. Le Collectif ne mobilise plus une "marée humaine". N’est-ce pas le signe que le pouvoir de la IVe République a eu raison de lui. Que nenni ! répondent les animateurs du face-à-face avec les hommes de médias. "Il faut noter que la lutte se mène dans un contexte socio-économique difficile marqué par la misère des populations... Ce qui peut jouer sur la mobilisation", indique Halidou Ouédraogo. Puisque le dossier n’avance pas, on apprendra qu’il sera déposé devant les juridictions internationales. "Seulement, disent les conférenciers du jour, il faut être prudent dans la constitution des dossiers pour qu’ils ne soient pas rejetés". En attendant, le Collectif célébrera ce 7e anniversaire autour des points suivants :

Non au blocage du dossier et autre bilan de son instruction par le juge Wenceslas Ilboudo ;
Non à la vie chère, à la misère morale et matérielle croissante ;
Non à la confiscation progressive des libertés démocratiques, syndicales et politiques, des franchises universitaires et académiques.

Adama Ouédraogo.

Encadré

Les manifestations du 13 décembre

1 - Ouagadougou.

Port du deuil matérialisé par un brassard, un foulard ou tout autre fanion, noirs ;
rassemblement pour un recueillement collectif avec dépôt de gerbes, à 7h, au cimetière de Gounghin, en hommage à Norbert Zongo et à ses compagnons, à Flavien Nébié et à toutes les victimes en politique, autour des tombes de ces héros intrépides de la lutte pour la vérité et la justice ;
rassemblement, à 8h à la Place de la Nation, de tous les militants et militantes du Collectif pour une marche à travers la ville de Ouagadougou ;
retour à la Place de la Nation pour un meeting de commémoration.

2 - Dans les provinces.

Port du deuil ;
rassemblement, recueillement, dépôt de gerbes de fleurs dans les cimetières ;
marches, meetings dans les localités où les conditions le permettent..

A.O.

Observateur Paalga

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