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Municipales du 12 février 2006 : Faut-il les reporter ?

Publié le jeudi 8 décembre 2005 à 07h29min

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Vont-elles être reportées, ces élections municipales du 12 février 2005 ? C’est la question que bon nombre de formations politiques de l’opposition se posent après la rencontre qui a réuni le 6 décembre dernier, les représentants de l’ensemble des partis politiques et le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Moumouni Fabré.

Le pouvoir, fort de la récente victoire de son candidat à la présidentielle et de ses atouts organisationnel et financier, n’est pas, a priori, favorable à ce report. Ce qui apparemment n’est pas le cas de l’opposition handicapée par son inorganisation et son manque criard de moyens financiers et humains.

Le souhait de l’opposition est donc de voir la date des élections reculer, le temps peut-être de s’organiser davantage et de fourbir des armes à même de lui permettre de tirer son épingle du jeu. Mais, de quelle opposition parle-t-on ? En tout cas, la question mérite d’être posée d’autant plus qu’à ce jour, aucune formation politique de poids ne s’est encore prononcée officiellement pour le report du scrutin .

Si elle ne l’a pas fait, peut-être qu’elle est pour le maintien de la date du 12 février. Les réactions à l’encontre de cette date sont venues de partis modestes qui, si l’on s’en tient à leur score lors de la présidentielle, ne seront jamais prêts, même si les élections étaient encore repoussées d’un an. Du reste, ces municipales ont déjà fait l’objet d’un report. Cependant, le pouvoir peut-il, dans le contexte actuel, maintenir la date du scrutin ? De prime à bord oui, car les arguments en sa faveur ne manquent pas. D’abord, la date des élections, fixée depuis longtemps, a déjà été reportée à l’initiative du gouvernement.

Et l’on se rappelle qu’en son temps, la mesure de report a été contestée par des membres de l’opposition qui exigeaient le maintien de la date initiale fixée préalablement en 2005. Ce n’est pas au pouvoir de gérer les états d’âmes de l’opposition et de faciliter sa tâche. Cette dernière ne peut que s’en prendre à elle-même, car elle est visiblement victime de son manque d’initiatives, d’organisation et de cohérence. C’est à elle de trouver les voies et moyens de venir à bout du pouvoir.

Enfin, le relatif succès de la récente élection présidentielle dont la bonne tenue a été saluée par la plupart des observateurs internationaux, est un motif valable pour le pouvoir de garder l’échéance électorale du 12 février prochain. Il est dans son droit de le faire en disant à qui veut l’entendre que "si le 13 novembre a été un succès, pourquoi le 12 février ne le serait pas ?"

Mais, si le pouvoir peut, en vertu de ces raisons objectives, maintenir la date du 12 février 2005, doit-il forcément le faire ? La réponse est assurément négative, au regard des enjeux. En effet, les élections municipales sont très capitales dans un système démocratique en ce qu’elles constituent l’expression même de la démocratie, celle à la base qui permet aux citoyens de désigner ceux qui auront la charge de gérer les affaires de leur cité, leur vie quotidienne.

C’est donc une étape importante dans la vie de tout citoyen et de tout système démocratique viable. Dans ce sens, un report des municipales du 12 février prochain est envisageable et souhaitable afin que les meilleures conditions de participation de tous soient réunies. Cela l’est d’autant plus que certaines raisons avancées par les tenants du report ne manquent pas d’objectivité.

Ces raisons s’inspirent pour la plupart, des recommandations faites au lendemain de la présidentielle du 13 novembre dernier par des acteurs dudit scrutin (conseil constitutionnel, organisations d’observation des élections, etc.). Il s’agit par exemple de la révision du fichier électoral pour permettre aux citoyens qui n’ont pas pu voter le 13 novembre passé, de le faire pour les prochains votes.

Pour le cas spécifique des municipales à venir, le 14 décembre 2005, fixé comme délai de dépôt des candidatures, sera difficile à respecter pour la plupart des partis politiques. A l’exception du parti majoritaire qui dispose d’une machine électorale toujours prête à entrer en action et, dans une moindre mesure, de quelques partis ayant une certaine envergure nationale, les autres organisations politiques auront visiblement du mal à honorer cette date butoir.

C’est pourquoi, dans l’intérêt supérieur de notre processus démocratique, le report du scrutin du 12 février est souhaitable et le pouvoir peut agir dans cette direction. Celui-ci doit dans un esprit de magnanimité, satisfaire ceux de l’opposition qui le réclament. Ce sera tout à son honneur et à celui de la classe politique dans son ensemble. Dans cette optique, l’on peut légitimement voir dans la récente rencontre du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, avec les formations politiques, un bon signe.

"Le Pays"

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