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Réseau national de lutte anti-corruption : "Que le chef de l’Etat publie la liste de ses biens !"

Publié le jeudi 8 décembre 2005 à 07h11min

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C’est en principe le 20 décembre prochain que le chef de l’Etat, élu le 13 novembre dernier, prêtera serment devant le Conseil constitutionnel. Le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) lui lance un appel qu’il juge fondamental : publier la liste de ses biens tels qu’il les aura déclarés ce jour-là. Et qu’il s’engage résolument dans la lutte contre la corruption.

La lutte contre la pauvreté est-elle possible dans un pays où la corruption semble ancrée dans les moeurs et entretenue par les pouvoirs publics ? Malgré les efforts entrepris par certaines structures de la société civile et gouvernementale pour réduire l’ampleur du phénomène, il est évident que tout cela demeurera vain, en l’absence d’une volonté politique clairement définie. Cette volonté politique peut se manifester par la publication des biens des plus hautes autorités de l’Etat, dont le chef de l’Etat. La prestation de serment exigée du président du Faso lui donne cette opportunité.

La corruption dénote d’une faiblesse structurelle des institutions nationales et d’une incapacité des pouvoirs publics a exercer un contrôle rigoureux sur les actes des fonctionnaires et des opérateurs économiques. Mais lorsque celle-ci semble encouragée par les mêmes pouvoirs publics, la lutte contre la pauvreté, pour sûr, demeure un vain mot.
Dans un pays où les fonctionnaires vont en grève pour exiger une augmentation des salaires et de meilleures conditions de travail, où les étudiants et les élèves réclament de meilleures conditions de vie et d’études, où la jeunesse fait face au chômage, et où des bidonvilles poussent, y a-t-il espoir de contrer la corruption, surtout la petite ?

Les fonctionnaires monnayent désormais le moindre service qu’ils rendent au Public, sous prétexte de nourrir leur famille. Difficile d’obtenir une signature au bas d’un document sans « poser un caillou dessus ». Cela peut aller d’une secrétaire qui ne peut vous arranger un rendez-vous avec son patron sans contrepartie officieuse, jusqu’à la sage-femme qui retrousse ses oreilles pour ne pas entendre les gémissements de la femme enceinte qui n’a aucun sou, en passant par l’officier de police arrêté à un feu tricolore.

L’homme politique n’est pas en marge de ce sombre tableau, lui qui est supposé éduquer le peuple. En effet, la période électorale est le moment idéal pour le politicien de faire des promesses de tout genre : des sacs de riz, de maïs, de mil, des paquets de sucre, des tee-shirts, des casquettes, des bons d’essence... sans oublier les frais de déplacement distribués aux électeurs en espérant, en retour, que le choix de ces derniers se portera sur lui ou son parti.

Peut-on reprocher à celui ou à celle qui n’arrive même pas à satisfaire ses besoins élémentaires d’accepter « le présent » que lui offre l’homme politique en échange de son vote le jour des élections ? Dans un pays où plus de 45% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, il est évident que la tentation est grande d’accepter ce présent. Mais lorsque les partis politiques, censés éduquer la population, s’érigent en véritables artisans de la corruption, il y a de quoi s’inquiéter.

Mener la lutte de façon transversale

La relation entre pauvreté et corruption est importante. Une personne pauvre est facilement corruptible. Mais cette corruption lui permettra-t-elle de voir sa situation sociale s’améliorer du jour au lendemain ? Assurément pas.
Les luttes syndicales offrent l’opportunité à certains de commanditer la création d’autres syndicats afin de briser les luttes que mènent les syndicats représentatifs qu’ils ont du mal à contrôler.

Ainsi, il n’est pas rare de constater dans les universités et écoles publiques, des syndicats appelant au boycott d’un mot d’ordre de grève qu’ils n’ont pas lancé. Ils sont toujours prêts à qualifier le syndicat combatif de marionnette de l’opposition. Comment comprendre donc qu’un syndicat appelle au boycott du mot d’ordre de grève lancé par un autre syndicat ? A l’évidence, se cache derrière un tel comportement celle à qui profite le crime, c’est-à-dire l’Administration concernée (publique au privée).

La lutte contre la pauvreté est un challenge national. Nul n’est mieux placé pour combattre la corruption que le président du Faso. Mais pendant toute la campagne présidentielle, il n’a pris aucun engagement allant dans ce sens. Alors les discours du Premier ministre sur la lutte contre la corruption ont-ils l’onction du chef de l’Etat ? L’ une des actions fortes du quinquennat qui commence serait que le président du Faso fasse publier ses biens tels qu’il les aura déclarés au Conseil constitutionnel. Ce serait là un geste fort dans la lutte contre la corruption.

Cela ferait obligation, par conséquent, à toute personne promue : Premier ministre, ministres, présidents d’institutions, haute hiérarchie militaire, députés, directeurs généraux de sociétés d’Etat, etc. de lui emboîter le pas. Une telle mesure serait d’autant plus populaire qu’aucun Burkinabè n’y verrait aucun inconvénient. Bien au contraire, elle renforcerait la crédibilité et la popularité de ces personnalités, et serait une étape décisive dans la volonté politique de l’Etat.

La lutte contre la corruption doit se mener de manière transversale. La prise de conscience est individuelle et collective. La collectivité, l’Etat et ses animateurs ont le plus grand rôle à jouer. Les prochaines Journées nationales de refus de la corruption, prévues pour les 8, 9 et 10 décembre 2005, seront l’occasion pour le REN-LAC d’aborder la question de la corruption dans l’enseignement. Ces journées devront être également l’occasion pour les Burkinabè de faire le point de leur contribution au combat que mènent le REN-LAC et les structures étatiques dans la réduction de l’ampleur de la corruption au Burkina Faso.

Le REN-LAC se propose de publier vos réactions, vos suggestions et dénonciations (si cela est conforme à la déontologie et l’éthique professionnelles). Vos critiques et suggestions sont les bienvenues.

Vous pouvez nous contacter à l’adresse suivante : Réseau National de Lutte anti-corruption (REN-LAC) 01 B.P. : 2056 Ouagadougou 01. Tél : 50 33 04 73,

Email : renlac@renlac.org site : http://www.renlac.org

Tél. vert : 80 00 11 22 (gratuit).

Source : RENLAC

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