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Côte d’Ivoire : Les dernières chances de la paix

Publié le mercredi 7 décembre 2005 à 07h32min

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Très cher oncle,

Inutile de te dire que pour des raisons diverses que tu n’ignores pas, la situation en Côte d’Ivoire n’a jamais laissé indifférent le Burkina. Aussi suit-on ici, avec un grand intérêt, les derniers développements de la donne. Du reste, nous l’avons maintes fois répété.

L’obstacle principal à la résolution de la crise ivoirienne reste Laurent Gbagbo, et que pour juguler cette crise, il fallait disjoncter et mettre à la touche le président. En le survolant cette fois, en lui imposant un Premier ministre, l’espoir est permis de voir enfin la Côte d’Ivoire dans le peloton des pays civilisés

En tout cas, Gbagbo n’a pas eu ce privilège de brandir la Constitution, et tout s’est passé comme si on avait tenu sa main pour apposer sa signature sur le texte du décret. Mais le chemin est encore long et semé d’embûches car, il est plus facile de faire le mal que cultiver le bien. Gbagbo et son clan doivent donc avoir suffisamment de ressorts pour rebondir. Baroud d’honneur ou énergie du désespoir, Gbagbo qui voit le pouvoir s’échapper de ses mains, sera tenté de faire sortir le diable de sa boîte.

Ici en tout cas, nous avons maintes fois constaté que de manière récurrente, le chemin de la paix est jonché d’épines volontairement plantées par Gbagbo quand tout semble aller sur les rails. Comme on le dit chez nous, on ne peut pas redresser un morceau de bois sec. La seule façon d’empêcher Gbagbo de refaire les mêmes pas, c’est mettre une impasse devant lui, une barrière électrifiée entre lui et le nouveau Premier ministre dont les pouvoirs vont être incessamment définis par le GIT (Groupe international de travail).

La bataille politico-juridique qui vient de s’engager entre partisans et adversaires de Gbagbo qui ne parlent pas le même langage, en dit long sur la nécessité de rester ferme car, le président Gbagbo ne comprend que la logique de la force. Un tel homme souhaiterait que la force soit exclusivement de son côté. C’est dire que selon lui, le désarmement ne doit concerner que les Forces nouvelles.

En réalité, du désarmement de ses nombreuses milices, il ne veut pas en entendre parler, encore moins de celui des FANCI, en prétextant qu’il s’agit d’une armée régulière et... républicaine. Or, il n’est un secret pour personne qu’il s’agit d’une armée tribalisée à outrance, à la dévotion du pouvoir en place. Si on ne peut pas désarmer les FANCI, il faudrait nécessairement la détribalisée de manière à la rendre plus représentative de toutes les réalités ethniques du pays.

Gbagbo qui a eu le temps de s’armer en contournant l’embargo sur les armes, a déjà eu l’occasion de montrer sa capacité de nuisance en survolant les éléments de Licorne pour attaquer le Nord de la Côte d’Ivoire. Enfin, désarmer les milices, les bras armés du régime, ne sera pas chose facile. Un tel désarmement signifierait en effet la fin de l’eldorado pour ces nébuleuses pour qui, faire la guerre relève du commerce dans l’informel, échappant à tout contrôle sauf à celui de leur commanditaire.

La crise ivoirienne a créé tellement de stigmates et de germes de méfiance qu’on pourrait se demander si le Premier ministre réussira sa mission, entouré qu’il est, de loups et de chacals aux dents très longues. Mais on peut compter sur la rigueur du banquier pour extirper tous les faux billets et sur sa prudence à l’image de ce saurien, le caméléon, qui se confond avec la couleur ambiante pour embrouiller ses éventuels traqueurs.
En tout cas, le sentiement

qui prévaut ici est que Konan Banny joue son propre avenir politique. Ce serait faire preuve de simplisme que de croire que celui qui, à la tête de la BCEAO, a su résister à la folie dépensière des dirigeants africains, se laissera immoler comme Seydou Diarra, sur l’autel des intérêts égoïstes des uns et des autres. En tout cas, la majorité des Ivoiriens, les souffre-douleur de cette crise, qui n’ont jamais été consultés sur tous ces marchandages, attendent du nouveau Premier ministre des remèdes de cheval pour guérir une Côte d’Ivoire traumatisée par tant de crimes politiques et économiques impunis.

Cher oncle, aux dernières nouvelles, j’ai appris que des citoyens de la communauté nigériane en Côte d’Ivoire ont subi des actes xénophobes de la part des milices qui en veulent à Obasanjo pour avoir réussi sa mission.

"Ton neveu"

Le Pays

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