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Elections municipales et démocratie : Une anachronique chasse gardée des partis politiques

Publié le mardi 6 décembre 2005 à 08h03min

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A peine les états-majors politiques ont-ils rangé les dossiers de la présidentielle qu’ils doivent ouvrir ceux des municipales. Déjà reportées une première fois, ces élections inédites parce que ouvertes, pour la première fois, aux communes rurales, se tiennent le 12 février prochain.

Si pour la présidentielle, le parti majoritaire a fait bloc autour de son candidat, avec en prime, des ralliements d’autres formations politiques, il n’en est rien pour le scrutin de février 2006. Les jeux sont nettement différents en raison de la nature des municipales.

Elections de proximité par excellence, elles doivent en principe valoriser les militants connus et reconnus des populations. Mais en dépit des consignes, les structures de base font souvent des choix à polémique, comme on l’a du reste constaté ce week-end, lors de la formation des listes du CDP. Non content de devoir se battre seul (cette fois-ci ses alliés de l’AMP se présentent sous leurs propres bannières), le parti majoritaire doit donc gérer des conflits internes.

Mais tel qu’on le connaît, le parti de Roch Marc Christian va vite mettre de l’ordre dans ses rangs et passer aux choses sérieuses. Car la concurrence, cette fois-ci, pourrait-être rude, même si le succès facile à la présidentielle peut conditionner bien des esprits. C’est dire que les partis d’opposition ne doivent jubiler ni des déboires du CDP, ni du mandat mitigé de la plupart des conseillers municipaux dirigés par le parti majoritaire. La réussite à une élection aussi locale soit-elle, requiert un minimum de conditions à remplir.

Et le CDP, sur ce plan, a encore une longueur d’avance sur ses adversaires, compte tenu de ses moyens, de son niveau d’information sur le processus de décentralisation et du mode de scrutin spécialement taillé sur mesure pour les élections locales. Il capitalisera sans aucun doute ces acquis, pour surmonter les éventuelles difficultés liées à ses divisions internes et à l’impopularité de ses maires sortants.

En réalité, le plus grand défi incombe encore à l’opposition, celui de faire oublier sa déconvenue lors de la présidentielle et, surtout, de réaliser un meilleur score qu’en 2000 où elle s’en était sortie avec quelques mairies. Mais à l’épreuve du pouvoir, ces bastions de l’opposition n’ont pas toujours su montrer l’exemple en matière de gouvernance locale. Il est vrai que le pouvoir central, à ce titre, a une part de responsabilité dans le marasme économique et social de certaines municipalités en ne leur accordant pas des ressources suffisamment acceptables.

C’est en cela que le nouveau dispositif régissant le fonctionnement des collectivités doit être appliqué dans le sens d’un plus grand épanouissement des communes. On sait que l’équation devient plus corsée avec l’avènement des communes rurales. Comment générer des fonds pour faire fonctionner au mieux ces nouvelles entités ? Il est clair que l’argent ne tombera pas du ciel et que la décentralisation est d’abord une affaire des populations.

Cette responsabilisation à la base doit s’accompagner aussi d’un transfert conséquent de prérogatives et de ressources, ce qui, pour le moment, relève du domaine des projets. Mais la décentralisation appelle aussi une débauche d’imagination de la part des collectivités pour trouver les moyens de leur émergence.

Parce qu’ils sont en contact direct avec les populations et sont le dernier maillon de la chaîne de responsabilité, les élus locaux ont une mission bien particulière. Ils sont au service de toute la collectivité.

Et à ce titre, l’on devrait favoriser les candidatures indépendantes, pour mieux coller à l’esprit de ce type de mandat : la proximité. Des citoyens reconnus pour leur charisme sont jusqu’à présent exclus de la possibilité de devenir maire tant qu’ils ne se couleront pas dans le moule partisan des formations politiques. Le critère d’appartenance à un parti est une restriction anachronique. A l’heure où la société civile devient une force émergente, des citoyens qui en font partie devraient pouvoir briguer un mandat électif sans se compromettre politiquement.

Mais le statu quo semble arranger la classe politique, opposition comme pouvoir, qui fait des élections municipales et législatives une chasse gardée et qui exerce une mainmise inacceptable sur elles. Cela ne peut durer, si tant est que tout Burkinabè peut être électeur et éligible.

"Le Pays"

P.-S.

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