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XXIIIe Sommet Afrique-France : Les Chefs d’Etat répondent à la jeunesse

Publié le mardi 6 décembre 2005 à 07h44min

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Le XXIIIe Sommet Afrique-France tenu les 3 et 4 décembre 2005 à Bamako au Mali, s’est achevé par un message des chefs d’Etat à la jeunesse africaine. Les dirigeants ont pris des engagements en vue de l’épanouissement des jeunes, lancé des appels et débattu des préoccupations majeures du continent africain.

A l’occasion du XXIIIe Sommet Afrique-France des 3 et 4 décembre derniers à Bamako, la jeunesse africaine et de la diaspora a livré ses espoirs et ses ambitions, ses indignations et son refus des « prétendues fatalités » aux chefs d’Etats. Le message des jeunes a été jugé « éloquent, juste et lucide » par les chefs d’Etat.

Les co-organisateurs de ce XXIIIe Sommet, notamment les présidents malien Amadou Toumani Touré et français Jacques Chirac, ont signé dans la réponse des chefs d’Etat être respectivement « solidaire et engagé avec la jeunesse », « en confiance et en amitié avec la jeunesse d’Afrique ». Les dirigeants africains et celui de la France ont approuvé la proposition des jeunes de la création d’un « Conseil de la jeunesse africaine et de la diaspora » qui se réunira en prélude à leurs sommets.

Ils se sont aussi engagés à développer et à rendre accessibles pour les jeunes africains, les technologies de l’information. Ces derniers veulent par là affirmer leur voix, leur présence, leur esprit d’entreprise, leur capacité créatrice. Dans le domaine de la santé, les chefs d’Etat annoncent « redoubler d’efforts » pour la mise en œuvre des systèmes efficaces de prévention, de développement de réseaux sanitaires, d’accès aux médicaments, de recherche sur les maladies négligées.

En matière d’éducation, aux niveaux primaire, secondaire et supérieur, ils promettent répondre aux mieux aux aspirations de la jeunesse africaine, dépositaire d’une partie de l’âme du continent. La France pour sa part, affirme son président, « continuera à accueillir sur son sol les étudiants africains en veillant à ce que les compétences des jeunes diplômés puissent profiter à leurs pays d’origine ».

En même temps que les chefs d’Etat sont disposés à travailler à l’épanouissement de la jeunesse, « un devoir pour nous » ; ils attendent beaucoup d’elle.

« Nous vous appelons, vous les jeunes d’Afrique, à vous mobiliser pour que votre continent demeure le joyau écologique du monde... », ont lancé les présidents réunis à Bamako. Pour eux, la jeunesse doit également s’emparer de la feuille de route dont le continent s’est doté à travers le NEPAD et l’Union africaine (UA).

Blaise Compaoré pour la diversité culturelle

Par ailleurs, cette jeunesse de l’avis du président du Faso Blaise Compaoré, doit se placer à l’avant-garde du combat international de la diversité culturelle. Il l’a fait savoir à travers une communication qu’il a donnée en plénière aux chefs d’Etat. Blaise Compaoré explique que les courants musicaux tel le RAP, utilisés par les jeunes pour interpeller et sensibiliser, sont l’authentique manifestation de la richesse de nos diversités culturelles et linguistiques.

Le président du Faso a estimé devant ses pairs que « chaque communauté, chaque continent a sa partition à jouer dans le dialogue et la promotion culturelle ». Ce qui lui fait dire que le monde a intérêt à écouter l’Afrique parce que « si l’Europe est le vieux continent, l’Afrique est le plus vieux continent ». La préservation et la promotion de la diversité culturelle constituent désormais pour le président Compaoré, l’un des enjeux de l’humanité.

Dans la mesure où, a-t-il poursuivi, « l’acceptation de la diversité culturelle garantit une meilleure compréhension entre les peuples et partant, favorise l’instauration d’un développement solidaire et d’une paix durable ». L’occasion a été mise à profit par Blaise Compaoré pour saluer l’adoption le 20 octobre dernier par la XXXIIIe session de la conférence générale de l’UNESCO de la « convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles ».

Il s’agit là, selon lui, d’une avancée significative, mais qui doit aller au-delà des textes et cadres juridiques pour saisir individuellement et collectivement les esprits. Dans la lancée, il a appelé ses homologues à accélérer les procédures de ratification de cette convention dans leurs pays respectifs.

L’immigration, la dette, le coton s’invitent à Bamako

Le XXIIIe Sommet Afrique-France a en outre permis aux chefs d’Etat d’accorder leur violon sur un certain nombre de questions d’actualité comme l’immigration, la dette, le coton, la crise en Côte d’Ivoire. « La difficulté de travailler et de conduire sa vie dans son pays contraint hélas des milliers d’africains à émigrer dans les conditions indignes », a indiqué Jacques Chirac. Et le phénomène, constate le président Amadou Toumani Touré du Mali, va en empirant.

« Selon les projections de l’organisation des migrations internationales, si les tendances actuelles se maintiennent, un africain sur dix, vivra en dehors de son pays d’origine, d’ici 2025 », a-t-il rapporté. L’heure, ont défendu les chefs d’Etat, est au démantèlement des réseaux d’immigration clandestine. Le président malien souscrit à l’idée d’une conférence entre l’Europe et les pays d’Afrique concernés par l’immigration dans l’optique de mieux ordonner le mouvement.

Les dirigeants africains ont salué les efforts de la France et de tous leurs partenaires européens pour l’annulation de la dette de certains de leurs pays. Leur souhait est que cette mesure puisse s’étendre à tout le continent. Le président français a confié adhérer à cette suggestion. Mieux, il pense que ces allégements doivent s’accompagner d’une augmentation de l’aide publique au développement. Dans ce sens « les français acceptent en portant l’aide publique à 0,7% de leur PIB d’ici 2012 », a-t-il fait savoir.

A la pointe du combat, promet en outre Jacques Chirac, « la France instituera en 2006 un prélèvement de solidarité sur les billets d’avion qui rapportera chaque année plus de deux cent millions d’euros ». Tous ces efforts, a-t-il reconnu, resteront vains si l’Afrique ne retrouve pas sa juste place dans le commerce international, notamment agricole. Amadou Toumani Touré renchérit en fustigeant les méfaits du commerce inéquitable sur les ressources des 33 Etats africains producteurs du coton.

« Allons-nous continuer, en Afrique, à semer du coton pour récolter des déficits, pendant que d’autres, plus nantis sèment le même coton pour récolter des subventions ? », s’est-il interrogé. Le président du Faso, Blaise Compaoré reste convaincu que la mobilisation et l’engagement doivent se poursuivre dans le cadre des négociations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), notamment les prochaines rencontres de Hongkong prévues à partir du 13 décembre prochain.

Les chefs d’Etat avaient également discuté de la crise en Côte d’Ivoire où la nomination d’un Premier ministre de consensus traînait jusqu’à la fin du Sommet dans la matinée du 4 décembre 2005. La conférence de Bamako a peut-être contribué à trouver une solution avec la désignation de Charles Konan Banny dans la soirée du 4 décembre comme Premier ministre de transition en Côte d’Ivoire.

Koumia Alassane KARAMA, (Envoyé spécial à Bamako)


Burkina-Mauritanie : aucun nuage

Sidwaya (S) : Quelle bilan tirez-vous de votre participation à ce Sommet ?

Blaise Compaoré (B.C) : Le sommet des chefs d’Etat d’Afrique et de France est toujours un grand moment d’expression de l’amitié franco-africaine. Ce sommet réunit des chefs d’Etat d’Afrique et de France qui partagent des sentiments, des réflexions sur des sujets de grandes préoccupations des deux régions. Pour nous, c’est l’Europe qui est là et cette fois-ci, il s’est agi pour nous de réfléchir sur la jeunesse africaine et voir comment, elle pourra davantage être effectivement l’avenir du continent mais aussi comment cette jeunesse pourra trouver son avenir sur ce continent.

Ce qui nous a permis d’évoquer les questions qui concernent cette jeunesse, ses préoccupations, l’éducation, la santé, l’élargissement de ses droits, son organisation, la mise de la jeunesse au travail. Nous avons retenu en marge de ce sommet que les jeunes d’Afrique se sont réunis et ont produit un document qui retrace clairement leurs préoccupations et surtout leurs attentes. Nous allons au cours des deux années, travailler sur ces propositions et nous espérons nous situer dans les perpectives, les attentes de ces jeunes.

S. : En marge du sommet vous avez accordé une audience au président Mauritanien. quand on sait que les relations entre le Burkina et la Mauritanie n’étaient pas au beau fixe, est-ce que cette rencontre augure de nouvelles intentions ?

B.C : Je pense que nous avons eu des entretiens très cordiaux en constatant tous les deux qu’il fallait définitivement tourner la page de la discorde et aller vers un partenariat beaucoup plus ouvert et franc, observer surtout qu’entre la Mauritanie et le Burkina, il n’y a pas de raison de querelle, il n’y a aucun sujet qui doit être un élément de discorde entre nous. Si bien que dans les jours et semaines à venir les ministres des Affaires étrangères des deux pays vont s’atteler à mettre en place les mécanismes de coopération, de concertations, je dirai même une sorte de commission mixte pour qu’ensemble, nous puissions commencer à développer des initiatives.

Propos recueillis à Bamako par A.A.K.

Sidwaya

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