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Demba Fofana : "On me reproche d’avoir bouffé à toutes les sauces"

Publié le lundi 5 décembre 2005 à 08h10min

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"Il n’y a pas eu match entre Blaise Compaoré et ses 11 ou 12 adversaires
dont certains sont de grande valeur (...). C’est peut-être un peu gênant mais
c’est ma vérité, avec tout le respect que je leur dois". C’est Demba Fofana,
"interpellé deux fois en 1983 pour activisme au profit d’un certain Blaise
Compaoré", qui le dit. Dans cette déclaration, il fustige certains
comportements de l’opposition politique.

Malgré les insuffisances et les dysfonctionnements relevés dans le
déroulement de cette importante consultation, force est de reconnaître que
d’importants sacrifices et efforts ont été consentis pour lui garantir un
maximum de transparence. C’est un travail perfectible, en somme, un
processus (fichier, dispositions pratiques, etc.) à encourager absolument.

Quant à l’opposition, elle n’a vu que fraudes, manipulations et achats de
consciences pour justifier sa déculottée, au lieu de ses propres turpitudes.
Elle est parfaitement dans son droit et dans son rôle à l’instar de la
quasi-totalité des oppositions africaines et quelques fois d’ailleurs.

En réalité, il n’y a pas eu match entre Blaise Compaoré et ses 11 ou 12
adversaires, dont certains sont de grande valeur : gros diplômés, instruits,
cultivés mais insuffisamment préparés, au sens large, et peu déterminés pour
accéder à la complexe et difficile fonction de chef d’Etat. C’est peut-être un
peu gênant, mais c’est ma vérité, avec tout le respect que je leur dois.

Blaise Compaoré n’a certes pas un système irréprochable, ce qui n’existe
d’ailleurs nulle part, mais il a l’avantage de présenter un bilan acceptable, de
rassurer, d’incarner la paix devenue une denrée rare de nos jours, d’avoir su
réunir les moyens de sa politique, de jouir de la confiance de ses partenaires
et des partenaires au développement, et mieux, d’être constant et plus
déterminé.

D’où l’adhésion des Burkinabè dans leur majorité tout au long de
la campagne, ce qui a abouti à 80,35% après les décomptes ; cela a
visiblement surpris, voire estomaqué ses adversaires, lesquels croyaient
naïvement que leurs programmes (combien de Burkinabè ont-ils lu les
différents programmes avant l’élection ?), leurs discours à la télé, à la radio,
dans les journaux et lors des meetings et des A.G., faits de dénonciations
(parfois fondées) et d’attaques groupées contre le même et unique adversaire
Blaise Compaoré, suffisaient à convaincre l’électeur qu’il n’est pas du tout
bon.

Malheureusement pour eux, la marque positive de celui-ci désormais
visible partout au Burkina avec sa puissante machine électorale, et aussi et
surtout, l’absence d’une figure politique forte de l’opposition, d’une union de
celle-ci, ont déterminé le choix de l’électorat.

Fraudes ou pas fraudes, 70, 80, ou 90%, cela n’est pas tellement mon
problème, car ma conviction est faite aujourd’hui qu’aucun des prétendants
ne faisait réellement le poids pour provoquer un deuxième tour, et ne ferait
pas le poids si on reprenait N fois l’élection. C’est peut-être dommage pour
notre démocratie qui monte en puissance et même pour le pouvoir qui n’a
franchement rien en face. Mais que peut-on faire à la place de ceux qui
aspirent au pouvoir et ne posent que des actes antinomiques ?

Lorsque le
départ est faussé, il faut le rechercher, sinon il n’y aura pas d’arrivée. Laurent
Fabius disait que "la conquête du pouvoir, c’est d’abord dans la tête et dans la
détermination". En 1965, lorsque François Mitterrand s’était porté candidat
contre Charles De Gaule, tous les premiers sondages le créditaient de
seulement 2 à 3%, mais il ne fut battu qu’au second tour, et fut élu en 1981,
soit 16 ans après.

"Blaise Compaoré est suffisamment intelligent"

Parfait exemple de combativité, de détermination, d’engagement et de
courage ; en Afrique, Wade et Gbagbo ont chacun une quarantaine d’années
d’opposition dans leur CV politique. Et même chez nous, le Pr Joseph
Ki-Zerbo, bien que n’ayant pas pu atteindre le sommet comme un Wade,
pourrait être cité pour sa détermination, malheureusement déficitaire en
stratégie politique.

Notre opposition donne l’impression d’attendre le pouvoir
sur un plateau d’or, par un décret, oubliant qu’on ne va pas à la présidentielle
comme à Canossa ou à Zaabr Daaga. Il ne suffit pas de peindre toute l’action
de l’adversaire (même les bons résultats) en noir, pour attirer le choix des
électeurs, et ensuite reprocher à cet adversaire victorieux d’avoir mis toutes
les chances de son côté pour gagner. Nous sommes en politique ou nous n’y
sommes pas.
Que veut-on ? Qu’il se fasse hara kiri ? Qu’il dise : "opposants de
tout le Faso, à vos marques, unissez-vous, prêts, prenez le pouvoir" ?

Par
exemple, nos différentes initiatives, sans calcul aucun, comme d’habitude, au
profit de la campagne de Blaise en tant qu’ami, par loyauté et par conviction
(site web, adresse électronique, boîte postale et CD) nous ont valu une
vingtaine d’attaques très dures de prétendus opposants à la politique de
Blaise, mais aussi et heureusement des centaines d’autres messages de
félicitations et d’encouragements venus de partout.

Il nous est reproché, entre autres, notre opportunisme, notre griotisme, Blaise
est comparé à Mobutu, etc. Si c’est cela s’opposer, Blaise et son système ont
de beaux jours devant eux, pour d’autres quinquennats. Un mail me reproche
personnellement "d’avoir bouffé à toutes les sauces comme si j’étais seul"...
J’y ai répondu et celui-ci n’osera plus jamais m’attaquer.

En rappel, j’ai connu
Blaise à Bobo, en dehors de la politique, j’étais déjà Directeur de société et
lui, jeune officier déterminé (Lieutenant) qui était déjà très généreux, très
fidèle, très loyal et très disponible. Si nous connaissions les autres comme
nous-mêmes, leurs actions les plus condamnables nous paraîtraient mériter
l’indulgence.

Je ne cesse de répéter depuis des années et même dans la
presse que je ne suis pas un homme politique, même si je pose
quotidiennement de nombreux actes politiques. C’est un choix d’enfance et
j’ai eu cette chance d’être né avant "les soleils des indépendances".

J’ai
connu la rivalité RDA/PRA, ensuite les violences de toutes sortes ; j’ai suivi
l’évolution politique de ce pays ; j’ai été interpellé deux fois en juin et juillet
1983 à la gendarmerie, pour activisme au profit d’un "certain Blaise
Compaoré". On ne s’improvise pas homme politique comme on le fait au
Burkina.

113 partis politiques reconnus, cela frise la comédie et la plaisanterie. Pour
réussir en politique, il ne suffit pas de vouloir réussir, il faut d’abord être très
déterminé et savoir dans quels sens agir et avec quels moyens : humains,
financiers, etc.

Ce quinquennat est déterminant pour tous et Blaise est
suffisamment intelligent pour ne pas ignorer les attentes de ses compatriotes,
et pour savoir lire au-delà de ses 80,35% (cf. son programme bâti autour de
six axes qui englobent l’essentiel des préoccupations actuelles).

Très sincèrement

Demba FOFANA

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Vos commentaires

  • Le 5 décembre 2005 à 20:31, par roly En réponse à : > Demba Fofana : "On me reproche d’avoir bouffé à toutes les sauces"

    Je suis de l’opposition radicale mais j’avoue que je suis bien d’accord avec cette critique constructive de M. Demba Fofana. toutes ses remarques sur l’opposition sont tellement vraies.... Surtout que l’opposition ne jette pas l’anathème sur M.Blaise Compaoré quand on sait qu’elle a toujours été divisée. Nous le repetons : pour qu’il y ait alternance au Burkina Faso, il ne faut pas plus de 2 candidats de l’opposition dite radicale et encore que ces candidats ne soient pas seulement des amuseurs publics... C’est ainsi que Blaise profite allègrement et de bonne guerre de la bêtise de l’opposition burkinabè. dommage que cela va durer encore 10 ans. mais bon, dix ans dans la vie d’une nation ne signifie pas grande chose !...

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