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Financement des campagnes et fraudes électorales : Un débat biaisé

Publié le vendredi 2 décembre 2005 à 08h15min

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Le processus démocratique entamé au Burkina Faso depuis l’adoption de la constitution du 02 juin 1991 poursuit son bonhomme de chemin en ce consolidant. Les institutions démocratiques renouvellent comme il se doit et dans les délais requis leur personnel.

Le peuple qui a une haute appréhension des enjeux politiques, économiques sociaux de ce processus ne se fait pas prier pour y adhérer ; n’est-ce pas ce qui l’a conduit à s’exprimer par voie des urnes à près de 60% à l’élection présidentielle du 13 novembre dernier ? 80,35% des votants ont accordé leur confiance à Blaise COMPAORE en toute souveraineté. Les jeux se sont faits dans les règles ; mais d’où vient-il que certains remettent leurs lubies au goût du jour en enclenchant de faux débats sur la question des dépenses de campagne et de prétendues fraudes ?

La consolidation du processus démocratique est une quête perpétuelle et inlassable. Chaque jour que Dieu fait, le peuple et les dirigeants sont appelés à faire des concessions et à œuvrer dans l’optique d’aboutir à des consensus pour l’approfondissement et l’enracinement de cette démocratie. Aucune démocratie dans ce monde ne s’est bâtie par coup de baguette magique.

Même dans les soient disant plus grandes démocraties actuelles, il a fallu batailler longtemps, traverser des zones de turbulences pour obtenir ce que d’aucuns qualifieraient de ce qu’il y a de meilleur dans cette méthode de gouvernance. Voilà pourquoi certains utopistes devraient se réveiller et sortir de leur rêve pour comprendre que ce qui se fait sous nos cieux n’est pas si mauvais que ça et que tous autant que nous sommes voulons voir les choses se parfaire. La démocratie comme tout le monde le sait, ne se décrète pas ; ce n’est pas une chose dont une personne est détentrice et à elle d’en faire profiter les autres !

Une telle perception qui semble guider la lecture de ceux qui crient haro sur le baudet en matière de démocratie au Faso n’est pas de nature à aider les Burkinabè. Elle est même dangereuse parce qu’elle focalise l’attention sur le premier responsable de l’Etat que l’on voit à tort en ce manitou qui doit tout donner et alors crée des attitudes attentistes chez les citoyens.

D’ailleurs, une telle « culture » véhiculée par l’opposition burkinabè n’a-t-elle pas amené le citoyen Lambda et même plus d’un de ceux qui se disent intellectuels éclairés à la bouder elle-même et à chercher à se confier à des plus large ?

On aura tout dit sur la débâcle de l’opposition à l’élection présidentielle qui vient de voir le peuple montrer de façon cinglante qu’il ne croit qu’en Blaise COMPAORE parmi tous ces leaders politiques et qu’avec la grâce de Dieu, celui-ci conduira le pays à bon port.

Des arguties pour faire pardonner une déculottée !
Les réflexes et attitudes cultivés pendant les périodes d’Etat d’exception, il faut le dire, n’ont plus cours au Burkina Faso d’aujourd’hui. Le peuple n’a plus peur du bâton qui du reste ne se manifeste le plus dans son environnement même si certains qui prétendent pouvoir le diriger le voient encore partout.

Il est donc difficile de penser qu’il a été manipulé, contraint ou amené par quelque pratique malsaine à voter massivement pour le vainqueur de l’élection présidentielle. Certaines justifications de la déculottée des autres candidats ne peuvent convaincre. Sont de celles-là, la disproportion des moyens de campagne et la fraude vue partout.

S’agissant des moyens, l’adage bambara ne dit-il pas que quand la mémoire va chercher du bois mort, elle ramène le fagot qui lui plait ? C’est dire qu’on ne va pas à une élection présidentielle les « mains vides ».

On doit se donner toutes les chances de réussite si l’on pense avoir la carrure nécessaire pour assumer la fonction. En s’engageant comme candidat à cette épreuve, au delà de l’espoir que l’on nourri de remporter l’élection, il y a des préalables et des conditions que l’on doit réunir au nombre desquels vient en bonne place la question des financements de ses ambitions présidentielles.

Le débat sur la limitation des moyens de campagne quoique légitime, reste une nébuleuse pour tous y compris ceux qui l’ont engagé. S’il est nécessaire de procéder à cette limitation, dispose-t-on d’unités de mesure ou en tout cas d’indicateurs pour quantifier les dépenses à mener au cours d’une campagne présidentielle ? Dispose-t-on de moyens de contrôle à même de faire l’unanimité ? Avant même toutes ces interrogations, ne faut-il pas juger du profil des candidats ou du minimum qui lui est demandé pour prétendre s’engager dans la compétition ?

Car si l’on n’y prend garde, on risque de faire un nivellement par le bas, encourageant par-là la médiocrité. Il faut donc crédibiliser l’élection présidentielle en crédibilisant d’abord les candidatures. On ne peut pas permettre à n’importe quel quidam sorti de n’importe quel « trou », venir prétendre, parce qu’il dispose de la caution, diriger ce pays.

Il faut crédibiliser les candidatures en demandant par exemple à tout candidat de justifier son assise politique nationale. Un certain nombre de signatures légalisées par provinces pourraient être exigées à cet effet. Cela aura l’avantage de faire le tri avant que le peuple se triture les méninges ou s’épuise les yeux pour choisir un visage sur une longue file de faciès figurant sur un bulletin unique dont la manipulation n’est pas aisée.

Même des cheffaillons de portillons pour se faire de la pub pourraient trouver judicieux de s’essayer à une élection présidentielle, si les conditions présentés ne sont pas revues. Les suffrages obtenus par certains à ce scrutin du 13 novembre en disent long sur leur véritable envergure. Il est donc temps que l’on revoie à la hausse le montant de la caution que l’on peut élever à 10 ou à 20 millions et le taux de suffrage pour espérer un remboursement de 10 à 12 pour cent.

Pour ce qui est du plafonnement des dépenses les moyens du candidat doivent être différenciés de celui de ses soutiens. C’est dire donc que si l’on peut plafonner les moyens du candidat à un certain montant, peut-on empêcher par exemple des associations ou des particuliers de soutenir le candidat de quelque manière que ce soit ? Le candidat doit-il prendre en compte ces soutiens dans le montant plafonné ?

Peut-on permettre au candidat de bénéficier des soutiens qui pourraient remettre en cause la souveraineté de l’Etat une fois que celui ci sera élu ? Reconnaissant que le débat sur la limitation des dépenses de campagne tel qu’il se mène verse simplement dans la passion partisane et ne cerne pas le problème de façon objective. Peut-être la fièvre électorale passée, reviendra-t-on à des réflexions plus lucides.

Quant à la question de la fraude au cours du scrutin passé. Personne ne peut nier qu’il y ait eu des velléités dans ce sens. On sait bien quelle passion anime les gens quand il s’agit de compétition.

Ceux-là mêmes qui la dénoncent savent très bien que ceux d’en face n’en ont pas le monopole. Ce qui est intéressant à connaître, c’est que ce n’est pas un phénomène organisé par les instances des partis mais est plutôt le fait de militants zélés qui pensent bien faire ou qui veulent se ménager une image de mobilisateur afin de s’attirer les faveurs ou les égards des dirigeants.

On ne peut en tout cas aujourd’hui refuser de reconnaître que des efforts sont faits pour minimiser ce qui ne peut être évité. Même dans les « grandes démocraties », on n’a pas encore trouvé le paravent contre la fraude.

Alors, soyons réalistes et ne grossissons pas ce qui ne se voit même pas ! D’ailleurs, les faits ont montré à ce scrutin que les velléités de fraudes étaient ailleurs. Le candidat Nayabtigungu Congo KABORE pour convaincre de la non-fiabilité du fichier électoral l’aura démontré.
Les choses ne sont pas roses au Faso mais la démocratie fait son chemin ; elle a des pages glorieuses que tous les acteurs sont en train d’écrire. Alors que les afro-pessimistes et autres « braconniers » politiques arrêtent de divertir le peuple souverain.

Par Frédéric ILBOUDO

L’Opinion

P.-S.

Voir notre dossier :
Présidentielle 2005

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