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Rencontre France-Afrique de Bamako : Un autre sommet des illusions ?

Publié le jeudi 1er décembre 2005 à 07h43min

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En principe, c’est le 3 décembre 2005 que s’ouvre officiellement, à Bamako,
la capitale malienne, le XXIIIe Sommet Afrique-France. Le record de
participation, a annoncé Tiébilé Dramé, président du comité d’organisation de
la manifestation, va être battu.

Déjà, des jeunes ressortissants de 53 pays ont
tenu, en prélude à ce sommet consacré à la jeunesse, un forum pour débattre
des préoccupations de la jeunesse africaine et dont les conclusions seront
transmises aux chefs d’Etat et de gouvernement. Une soixantaine d’acteurs
de la société civile en feront autant.

Si cela se confirme, c’est plus d’une
trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement qui se réuniront à Bamako
autour du thème central : "Jeunesse africaine : sa vitalité, sa créativité, ses
aspirations". Le sujet est vraiment d’actualité au regard des nombreuses
difficultés auxquelles sont confrontés les jeunes du continent : chômage,
immigration clandestine, etc.

Mais, si la pertinence du thème de la rencontre
de Bamako, a priori ne pose aucun problème, il n’en va pas de même pour la
capacité de ses premiers acteurs que sont les chefs d’Etat et de
gouvernement à trouver des solutions idoines aux problèmes de plus en plus
croissants des populations africaines. Cela, en dépit de la succession des
sommets depuis plus d’une trentaine d’années. Ainsi, les résolutions du
XXIIe sommet de Paris en 2003 n’ont pratiquement rien changé à la situation
de l’Afrique.

En Côte d’Ivoire, un pays phare du pré carré français, la paix est
loin d’être acquise. Dans les autres pays plus ou moins épargnés par les
conflits, la misère reste le dénominateur commun de la majorité des
habitants. Un immobilisme qui amène à s’interroger sur le respect de sa
vocation initiale qui était de servir de cadre pour des retrouvailles familiales et
pour aplanir les difficultés des Etats africains ex-colonies françaises.

L’on a
l’impression aujourd’hui que les sommets France-Afrique sont devenus un
outil au service uniquement du rayonnement de la France qui s’en sert pour
étendre son influence sur d’autres Etats non francophones. Si c’est une façon
pour elle de compenser la perte progressive du contrôle qu’elle avait sur
certains pays de ses anciens pré carrés, cela ne résout pas les problèmes
des pays francophones. C’est pourquoi, pour beaucoup, la rencontre
France-Afrique de Bamako les 3 et 4 décembre prochain ne sortira pas des
sentiers battus.

Elle sera, comme les précédentes, une grand-messe entre les
dirigeants africains et le président français, Jacques Chirac. Elle sera aussi
une opportunité pour des leaders politiques en manque de reconnaissance
internationale d’obtenir l’onction de Paris. Pourtant, ce ne sont pas les
dossiers qui y manqueront.

En effet, ce XXIIIe sommet Afrique-France se tient
dans un contexte particulier marqué par des crises politico-militaires non
encore résolues (RDC, Côte d’Ivoire), une dégradation de la situation
économique des Etats francophones d’Afrique et l’exacerbation des difficultés
d’immigration des Africains.

A l’évidence, l’absence manifeste d’enthousiasme
et d’optimisme chez les Africains à l’égard de cette biennale, s’explique par
les hésitations qui caractérisent l’action de ses principaux acteurs, les chefs
d’Etat et de gouvernement en l’occurrence. A commencer par le président
français, Jacques Chirac.

Celui-ci n’arrive véritablement pas, à cause de sa
volonté traditionnelle de ménager les susceptibilités de ses pairs africains, à
apporter des remèdes adaptés aux problèmes. Des problèmes dont certains
exigent visiblement un traitement de choc. C’est par exemple le cas de la
crise ivoirienne.

Cette attitude attentiste, voire de complaisance et de
démission, des acteurs de "l’organisation" France-Afrique contraste avec le
dynamisme et la rigueur qui caractérisent ceux du commonwealth. En effet,
les animateurs de cette structure de la sphère anglophone ne tergiversent
pas quand il s’agit de sanctionner des membres qui s’écartent de ses
principes.

C’est ainsi qu’ils ont mis sur le banc de touche le Zimbabwe en
2002 pour violation de règles démocratiques.
Or, dans les normes, quand une stratégie n’est pas porteuse, il vaut mieux la
changer. A ce titre, le XXIIIe sommet Afrique-France de Bamako ferait mieux
de s’inspirer de l’exemple du commonwealth. Si rien n’est entrepris dans ce
sens, ce sera, sans surprise, un autre sommet des illusions, une rencontre
sans lendemain. En effet, peu sont ceux qui en attendent beaucoup.

En
dehors du pays hôte, le Mali, qui s’en tirera sans doute avec de nouvelles
infrastructures, des retombées commerciales et touristiques, la rencontre de
Bamako risque, comme les précédentes, de n’aboutir à rien.

Mais il est vrai
que les sommets France-Afrique ou plus exactement "Françafric" ne sont rien
moins qu’un gigantesque club informel où se nouent généralement des
intérêts occultes étrangers aux préoccupations des populations africaines.

"Le Pays"

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