A cette liste aurait dû normalement s’ajouter la Côte d’Ivoire, n’eût été le report électoral consécutif au conflit fratricide qui ronge ce pays depuis le 19 septembre 2002.

Au Burkina Faso, comme il fallait s’y attendre, la proclamation des résultats définitifs de la présidentielle a consacré Blaise Compaoré, candidat à sa propre succession, vainqueur sur ces 11 autres concurrents.

Si les Burkinabè savent celui qui gérera leur sort pour les prochains cinq ans, les Gabonais, qui sont allés aux urnes les 25 et 27 novembre, attendent de connaître le leur. Du moins officiellement, car incontestablement, la victoire est assurée pour le dauphin du doyen des chefs d’Etat du monde après Fidèle Castro de Cuba. Alors, sauf tremblement de terre, El hadj Omar Ondimba Bongo, surnommé « Papa Obo » par ses fans pendant la campagne qui a précédé les élections, rempilera pour un nouveau septennat.

Omar Bongo, porte-drapeau du Parti démocratique du Gabon (PDG) avait en face de lui quatre challengers : il s’agissait de Pierre Mamboundou de l’Union du peuple gabonais (UPG), de Zacharie Myboto, candidat indépendant du fait que son parti, l’Union gabonaise pour le développement de la démocratie (UGDD), n’était pas encore légalement reconnu, d’Augustin Moussavou King du Parti socialiste gabonais (PSG) et de Christian-Serge Maroga du Rassemblement des démocrates. A l’évidence, le célèbre homme court du Gabon, soutenu par 42 partis politiques, se plaçait vainqueur dès le départ de la course au fauteuil présidentiel. Puisque ses concurrents de l’opposition, à l’image de leurs pairs d’Afrique en général, au lieu de désigner un candidat unique, sont partis aux élections en rangs dispersés.

Sur les 1,4 million d’habitants que compte le Gabon, les quelque 569 941 qui s’étaient inscrits sur les listes électorales ne se sont pas rués dans les isoloirs le dimanche dernier pour l’élection présidentielle. Si les observateurs s’accordent à reconnaître que le scrutin s’est déroulé dans le calme, ils regrettent cependant la faiblesse du taux de participation, qui ne dépasserait pas plus de 3 à 4 électeurs sur 10 au niveau de la capitale. D’aucuns trouvent en ce manque d’enthousiasme pour l’élection présidentielle un « signe évident d’une très grande lassitude politique », d’autant plus que le progrès tarde à venir.

Qui peut croire que le "Bongoland, qui regorge d’inestimables ressources naturelles, n’a même pas 1000 km de routes bitumées ? Sur les 9170 km que compte son réseau routier, seulement 936 sont asphaltées. Soit 24,63 km par année de règne ! Même si dans ce pays d’Afrique centrale, le relief ne s’y prête pas toujours et que beaucoup préfèrent voyager par les airs, le Burkina, bien qu’étant de l’hinterland, et qui n’a comme richesse que ses hommes, n’a rien à lui envier.

Ce n’est pas vite aller en besogne que de dire que Papa Obo ne quittera pas le palais du bord de mer qu’il occupe depuis 38 ans après Léon M’Ba, le père de l’indépendance gabonaise. Si sa victoire ne souffre donc d’aucun doute, on est en droit de se demander ce qu’il pourra faire au soir de sa vie, à 70 ans, dans ce septennat, qu’il n’a été capable de réaliser après 38 ans au trône présidentiel.

Bon vent donc à Bongo qui, en bon roi, veut régner sur un pays qui demeure toujours une forêt aux pistes rurales malgré des décennies d’exploitation du bois et de l’or noir.

L’Observateur