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Sommet Afrique/France : Attention au contre-sommet à double carapace

Publié le lundi 28 novembre 2005 à 07h46min

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Au moment de boucler, nous avons reçu cette analyse d’un Internaute relatif aux alter-mondialistes qui feront une contre-manifestation à Bamako lors du 23 ème Sommet Afrique/France de décembre. Lisez plutôt.

Les 3 et 4 décembre prochains, les chefs d’Etat de la " Françafrique " se retrouveront à Bamako pour des échanges autour :

1- Des enjeux mondiaux : on s’y exprimera informellement sur ceux-ci au regard du continent en particulier, sur la façon de les aborder ensemble ; on passera notamment en revue le NEPAD, les OMD, la réunion de l’OMC...

2- De la résolution des conflits : on notera avec satisfaction que la Somalie participe au Sommet, on fera le tour des conflits qui se sont apaisés, de ceux qui sont toujours en cours et on verra comment s’engager à court, moyen et long terme pour mettre un terme aux tensions et conflits. Le Darfour, la Côte d’Ivoire, seront au cœur des échanges.

3- De la jeunesse africaine : c’est le thème retenu pour cette année et on parlera donc, avec la jeunesse, d’éducation, de formation professionnelle, d’emploi... mais aussi de migration, du retour des cerveaux...

Rien de tel pour tenter de dompter la colère de cette jeunesse africaine en manque d’emplois et qui menace l’ordre françafricain. Mais mon propos n’est pas de revenir sur le caractère nocif de ces grand-messes que François Xavier Vershave (paix à son âme !) a admirablement dénoncées. Le temps et certains évènements récents en Afrique (Côte d’Ivoire, Togo) a suffisamment contribué à éclairer les facettes encore cachées de cette association de chefs d’Etat qui maintient le continent dans les liens de la néo-domination. Je voudrais seulement m’attacher à un autre phénomène qui s’est développé en marge de ces grandes manifestations.

J’ai lu en effet dans la presse, que lors de ce 23 ème Sommet, de nombreuses organisations françaises et africaines vont organiser, en marge, une contre-rencontre L’initiatrice de cette initiative est la " Coalition africaine Dette et Développement " (C.A.D. - Mali). Il y aura une flopée d’associations et organisations de la société civile (la RADDHO du Sénégal, le FNDP de la Côte d’Ivoire, le MBDHP, la Ligue Tchadienne des Droits de l’Homme, la Ligue togolaise des droits de l’homme, l’UIDH, SURVIE, Agir ici, Attac groupe Afrique, Peuples solidaires, Terre des hommes/France...), et comme c’est souvent le cas lors de ces rencontres citoyennes, il y aura évidemment de nombreuses personnalités du monde universitaire, des artistes...C’est bien que des citoyens du monde se retrouvent ainsi pour interpeller les dirigeants de France et d’Afrique sur les dérives dans la gouvernance du monde.

Cela permettra effectivement de créer "un espace alternatif populaire pour la mobilisation, la réflexion et l’organisation de tous les mouvements sociaux qui s’opposent aux politiques qui renforcent le néolibéralisme et l’hégémonie des marchés " ; cela permettra à ce forum populaire de dénoncer "les réseaux de connivence, les porteurs de valise, les sectes mafieuses et les oligarchies financières qui instrumentalisent les relations entre nos peuples, organisent des élections truquées, bloquent les sanctions populaires, créent l’instabilité politique et les violences et érigent la corruption en mode de gestion politique et économique dans nos Etats ".

Mais il faut craindre que, sous l’effet conjugué de l’infiltration du mouvement par le " syndicat " des chefs d’Etat, par les puissances d’argent, par les Etats dominateurs..., certains de ces alter-mondialistes ne soient au finish utilisés comme le sont, au sein de certains Etats africains, beaucoup d’associations qui gagnent leur pain en jouant les contre-pouvoirs à la commande. Combien ne sont-elles pas en effet ces associations que, contre subventions, des dictateurs ont créées et qui jouent aux indicateurs démocratiques juste pour donner le change ? Ce genre de commerce est d’autant plus florissant que chacun y trouve son compte : les gouvernants qui peuvent ainsi exhiber une vitrine démocratique avenante, les bailleurs de fonds qui se donnent bonne conscience en finançant l’aide à la démocratisation et les responsables de ces associations qui engrangent aides et soutiens multiples en contrepartie de leurs compromissions. Le phénomène n’est pas seulement national, il est aussi international et se manifeste dans le cadre des rencontres alternatives de plus en plus fréquentes.

Il est temps qu’au niveau de ces contre-sommets mondiaux, une réflexion s’engage et que tout un chacun fasse son auto-critique. Ceux qui paradent dans ces sommets pour soi-disant défendre des valeurs qui doivent faire échec à la démocratie tropicalisée, à l’hégémonie des puissances d’argent sur les pays africains, à la corruption, défendent-ils tous au quotidien dans leurs pays, à travers leurs missions d’observation des élections, de la pratique démocratique, ces valeurs ? Pas si sûr quand on voit comment nombre de ces associations ne manquent pas de soutenir des dictateurs et de déclarer convenables des élections truquées, iniques, d’intégrer des réseaux de connivence, des sectes maffieuses, de se muer en porteurs de valises.

Si rien n’est fait dans ce sens là, ces forums de contre-initiatives risquent de voir surgir en leur propre sein d’autre forums de contre-initiatives ! Séparer le bon grain de l’ivraie est une urgence à laquelle doivent s’atteler ces organisations d’alter-mondialistes.

Ouédraogo Abdoulaye

San Finna

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