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Présidentielle : La politique à la sauce queues de lion et têtes de rat

Publié le samedi 26 novembre 2005 à 08h54min

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A 11 contre 1, Blaise Compaoré, le candidat du CDP, de l’AMP et de l’ADF-RDA, est passé haut la main. Même quand elles étaient provisoires, les estimations l’autorisaient à dire qu’il était devant ses adversaires ; ce n’est pas chercher une mauvaise querelle, mais il faut lui concéder cela, sinon que dire alors de ceux qui, avant même le vote, s’étaient proclamés vainqueurs dès le premier tour et avaient affirmé qu’à défaut ils seraient présents au 2e tour.

L’amertume de l’échec ne doit pas faire oublier le droit de chacun de penser ni de s’autoriser une autosatisfaction. Dans le jeu démocratique, il y a le mot jeu.

Sans occulter le travail de mobilisation fait par le camp des supporters de Blaise Compaoré et l’influence de son bilan qui était son artillerie lourde dans le succès à cette élection, il faut aussi admettre qu’il n’y avait pas en face une offre de projet de société autrement présentée que sous forme de revanche à prendre, de règne à écourter, de promesses d’écoles gratuites, de santé gratuite, de baisse du prix du carburant, de fonction publique internationale, de promotion de l’agriculture ou de création d’emplois.

Le candidat sortant avait beau jeu dans sa logique de « progrès continu » de faire de la surenchère sur ce qu’il va faire de plus, mais ses adversaires auraient dû éviter le piège des sables mouvants du plus offrant en tablant par exemple - et plus en profondeur - sur comment développer autrement le pays des Hommes intègres.

Dans le débat politique qui a eu cours, il était aussi important de tenir compte du fait que le Burkina profond ne partage pas toujours des griefs faits au régime par une certaine crème de la classe politique ou n’a pas la même compréhension. Le pays réel n’est pas celui que l’on croit, ou alors ça dépend de la sphère où l’on se trouve. On ne mobilise les hommes que sur la base de leurs intérêts.

Le travail de terrain a manqué dans l’opposition faute de moyens peut-être mais aussi d’engagement et de conviction, voire de sérieux, car une élection présidentielle est plus une course de fond qu’un sprint sur les derniers 21 jours. Sur les quelque 170 partis que compte le Faso, déduction faite de ceux qui se sont lancés dans la compétition en présentant ou en soutenant un candidat, on ne sait rien de ce qu’ont fait environ une centaine de formations, ni même enregistré leur simple point de vue.

Avec ce trop-plein de têtes de rat et aussi de queues de lion (ceux qui veulent bien se contenter de boire le lait sans compter les vaches), la sauce politique au Burkina ne peut que continuer de mijoter sans jamais bouillir et soulever le couvercle de la marmite mise sur le feu depuis 1991.

Stabilité ou morosité, c’est selon les opinions ; mais ce ne serait pas pour longtemps en ce qui concerne la saveur. Les débats pourraient prendre du relief avec le piment sankariste que la présidentielle 2005 vient d’ajouter. A défaut d’être chef de file de l’opposition, Maître Sankara peut se targuer d’être le chef de file des présidentiables de l’opposition.

JOurnal du jeudi

P.-S.

Voir notre dossier :
Présidentielle 2005

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