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Emile Pargui Paré : Du vent, du vent, rien que du vent !

Publié le vendredi 25 novembre 2005 à 07h56min

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Le dossard 13 n’est pas rentré le 13 novembre. Et pire, il reste au-bas du tableau des arrivées. Comme quoi le verdict des urnes tranche d’avec les déclarations et les prétentions de celui qui se prenait pour le calife des califes. Mais qu’est-ce qui explique cette débâcle du « chat noir du Nayala » ? Quel est son avenir politique après ce scrutin ? Regard sur le résultat du docteur Pargui Emile PARE.

Le mérite de cette élection présidentielle, c’est de permettre aux hommes politiques, surtout ceux de l’opposition, d’avoir la situation exacte de leur notoriété réelle dans le pays et peut-être de se remettre en cause (Pour ceux en tout cas qui ont de la jugeote) pour mieux rebondir. N’est-ce pas Emile PARE qui professe que « la force d’un homme politique, c’est de savoir se relever face à l’adversité et ne pas perdre face » ? C’est là une vérité mais qui doit induire de la part de l’homme politique une véritable introspection dans ses actions et dans ses prises de position.

Emile PARE est arrivé 10e avec 18 165 voix et 0, 87 % des suffrages exprimés en sa faveur. Un score qui est en-deça des espérances du candidat qui pensait pouvoir mettre Blaise COMPAORE en ballottage. Il faut dire que le patron du MPF/PS ferait mieux de revenir sur terre et de jouer avec ses forces réelles. A la vérité, des facteurs objectifs internes et externes ont conduit à ce rendement dont il semble surpris.

Les facteurs internes de cette débâcle résident dans l’appréciation du candidat de ses potentialités réelles à travers le pays. Tout comme beaucoup d’autres opposants, Emile PARE soutient à qui veut l’entendre que son parti est installé dans plus des 2/3 des provinces. Que sa structure soit implantée jusqu’au Burkina Faso profond et que cela lui rapporte un résultat net de 0, 37 %, la situation ne peut qu’être inquiétante. Autres facteurs préjudiciables qui ont certainement eu une incidence négative sur l’électorat, c’est la gestion de la crise de l’OBU par le candidat.

A l’opposé de son « frère » Laurent BADO, lui a été peu sinon très peu prolixe sur l’affaire des 30 millions, et pire, il a été complètement opaque alors que, tout comme Laurent BADO, il devait se sacrifier à la vérité. Quant aux facteurs externes qui peuvent expliquer cette déconfiture électorale du candidat, il faudra les rechercher dans les quiproquos politiques qu’il a eus au PDP/PS qui ont participé à réduire considérablement sa base politique aujourd’hui.

La preuve, malgré le soutien que lui a apporté le PSU de Me Benoît LOMPO, le résultat est lamentable. A cela, on ne peut passer sous silence, tous les rendez-vous manqués dans la recherche de l’unité de l’opposition qui lui est préjudiciable aujourd’hui. Le résultat, du « chat noir du Nayala » est une pilule difficile à avaler car sa base attend de lui des comptes. Il faut reconnaître que quand Emile PARE, un « vieux de la vieille » dans l’arène politique courbe l’échine devant un Gilbert BOUDA sorti de nulle part, il y a problème.

Même si l’avenir politique du candidat n’est pas sombre, il a du chemin à faire en matière de stratégie d’attaque en vue de la conquête du pouvoir d’Etat. Si l’on part sur la base qu’un parti bien structuré, qui a des militants convaincus, ne peut pas manquer de délégués dans les bureaux de vote, la réponse est toute faite pour le MPS/PF. Avant donc de « prédire » l’avenir politique du candidat, il faut lui donner le temps de confirmer ou d’infirmer ses capacités réelles aux élections municipales de février 2006.

L’heure n’est donc pas au refus ou à l’acceptation des résultats de ce scrutin, mais elle est à l’introspection réelle. Penser que le résultat de 0, 37 % est le fait de la malhonnêteté de l’adversaire dénote d’un manque de lucidité politique.

Et pour cause, Emile PARE n’a même pas pu recueillir la moitié des suffrages du candidat élu, Blaise COMPAORE dans son Nayala natal, son soi disant fief. 11, 94 % pendant que Blaise COMPAORE enregistre 70,54 %. C’est tout dire. A la lumière de tout ce qui précède, la défaite sinon la débâcle de Emile PARE s’explique par l’absence d’une assise politique réelle au niveau national. A cela s’ajoute l’inorganisation de manière générale de toute l’opposition.

Le scrutin du 13 novembre doit servir donc de catalyseur à tous les leaders politiques afin qu’ils travaillent encore mieux sur le terrain, là où la majeure partie de l’électorat plutôt que de passer le clair du temps à disserter dans la presse. Les déclarations et autres droits de réponse n’apporteront jamais à qui que ce soit des voix à même de le faire élire conseiller municipal, encore moins président du Faso.

Par Frédéric ILBOUDO
L’Opinion

P.-S.

Voir notre dossier :
Présidentielle 2005

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