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Verdict du scrutin : La guerre des chiffres n’a pas eu lieu

Publié le vendredi 25 novembre 2005 à 07h54min

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Les résultats provisoires proclamés par la CENI, le vendredi 18 novembre, à y voir de près, interpellent la classe politique nationale surtout l’opposition qui a beaucoup plus d’efforts à déployer dans ses stratégies de mobilisation et d’animation de la vie politique.

Pour ce troisième scrutin présidentiel de la IVe République, le taux de participation, 57,5 %, bat le record des scrutins organisés dans le pays pour ce qu’il en est en tout cas de ceux de depuis 1991. Si on intègre à cet aspect les tendances idéologiques des candidats et leur nombre, on pourrait affirmer de prime abord que le processus démocratique dans notre pays a atteint un point d’ancrage satisfaisant.

La barre de plus de 57 % de taux de participation est une marque de confiance que le peuple burkinabè, premier acteur de la démocratie, place en l’Etat de droit. Hormis les impondérables qui ont dû empêcher certains citoyens d’accomplir leur devoir civique de vote, on peut réellement se réjouir de l’intérêt que les Burkinabè ont accordé à cette présidentielle.

L’on se réjouit davantage des conditions qui ont été créées pour garantir la transparence du scrutin avec le bulletin unique utilisé pour la première fois dans une élection présidentielle. Expérimenté aux législatives de 2002, le bulletin unique qui prévaut désormais dans tout scrutin a peut-être fait perdre des voix à des candidats de par son usage délicat pour certains électeurs mais il a le mérite de garantir l’équité entre les concurrents.

Tout de même, ce qui peut aussi intriguer à la lecture des résultats, c’est le nombre trop élevé des bulletins nuls, estimés à plus de 200 000. Cela traduit qu’il y a plein de Burkinabè qui ne savent pas encore voter ou qui ne maîtrisent pas tout à fait le bulletin unique qui, il faut le reconnaître, n’est pas aisé à manipuler pour le commun des électeurs surtout au regard du nombre de candidatures.
A qui aurait pu profiter ces 200 000 voix annulées ? Une question qui mérite réflexion.

A regarder, en effet, les suffrages, hormis le candidat élu, aucun des 12 autres candidats n’est proche du chiffrage des bulletins nuls. Me B. Stanislas SANKARA qui occupe la deuxième place n’a qu’environ 100 000 voix. Alors, sans trop tenir pour responsables les candidats pour ces voix « volatilisées » à leur grand dam, il faut à tout le moins reconnaître qu’il y a un manque de formation ou du moins nos partis sont dans une léthargie en ce qui concerne l’animation de la vie politique qui aiderait à l’éveil des consciences et partant à l’inculcation des pratiques de vote.

Me SANKARA, challenger ou figure de proue....

Dans tous les cas, le 13 novembre est désormais derrière nous. Les résultats sont parlants. Les candidats de l’opposition ont récolté ce qu’ils ont semé. Le président élu a remporté cette présidentielle avec la manière. Son poursuivant n’a pas le 10e de ses voix. Ce qui suppose qu’il faut attendre encore une autre occasion pour voir naître le challenger de Blaise COMPAORE dans le sens réel du terme car à cette épreuve aucun de tout ce beau monde n’a vu même sa poussière.

Me B. Stanislas SANKARA et autres doivent revenir sur terre. Ils ont eu le rêve brisé. Me B. Stanislas SANKARAse serait senti un peu comme dans la peau d’un vice-président s’il avait atteint au moins un score honorable de 5 % afin de bénéficier du remboursement de sa caution. En vérité, l’écart abyssal dans le score enlève à Me SANKARA de trop se réjouir de sa position de challenger sérieux du président sortant.

Ce qui peut l’honorer, c’est de se voir figure de proue des candidats recalés ou du moins de l’opposition. On ne le dira jamais assez, cette opposition doit davantage fournir d’efforts car la meilleure campagne électorale est un travail permanent et continu de parti. Aujourd’hui les faits sont là et bien têtus pour tous les marchands d’illusions.

L’Opinion

P.-S.

Voir notre dossier :
Présidentielle 2005

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