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Vient de paraître : “La CENI : l’expérience burkinabè” de Moussa Michel Tapsoba

Publié le vendredi 25 novembre 2005 à 07h37min

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Moussa Michel Tapsoba

Un livre de Moussa Michel Tapsoba, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) est paru en pleine campagne électorale. Nous avons rencontré l’auteur pour lui demander de nous livrer les raisons intrinsèques de cette publication dont la préface a été assurée par le ministre Yéro Boly de la Défense.

Sidwaya (S) : Pourquoi avoir écrit et publié La CENI : l’expérience burkinabè ?

Moussa Michel Tapsoba (MMT) : Un double objectif m’a guidé dans l’écriture et la publication de ce livre. D’abord, il m’a paru très important de participer à la constitution et à la préservation de la mémoire de la CENI. Sur ce plan, La CENI : l’expérience burkinabè voudrait offrir une meilleure connaissance du processus d’institutionnalisation de l’organe chargé, au Burkina Faso, de l’organisation des élections. En rendant compte des efforts fournis par les différents acteurs de cet organe depuis 1991 jusqu’aujourd’hui, du même coup, on expose tout le processus électoral et la volonté politique qui l’a marqué.

Le lecteur peut alors apprécier les aspects des élections au Burkina depuis le retour de ce pays à l’Etat de droit, mais en les rattachant au tout de ce processus. Ensuite, sur le plan pratique, rendre en un seul volume les modes d’organisation des élections de 1991 à 2005 peut avoir des avantages indéniables pour les étudiants, les administrateurs et même pour les simples curieux.

Ce livre sera distribué dans les chancelleries ici et ailleurs, dans les institutions publiques et parapubliques. Nous n’avons aucun complexe à faire voir notre expérience démocratique au rendez-vous mondial du donner et du recevoir.

S : Ecrivant sur la CENI, vous n’êtes pas un auteur comme les autres, puisque vous en êtes le président. Peut-on savoir quelles intentions sous-tendent ces objectifs ?

MMT : J’ai le sentiment que la démocratie au Burkina a le vent en poupe en ce moment et que, pour la préserver et la consolider, il faut insister sur l’idée et l’effort de continuité : pas seulement la continuité du processus de l’institutionnalisation de la Commission électorale qui va de la Commission Nationale de l’Organisation du Référendum Constitutionnel (CNOR-C)- 1991, à la Commission Nationale Electorale Indépendante (CENI), remodelée en 2005, d’une génération à l’autre, les Burkinabè s’inscrivaient dans cette dynamique, la culture démocratique serait une réalité dans un futur pas très éloigné.

En ce qui me concerne, cela relève beaucoup plus d’une foi en l’avenir politique de mon pays et pas seulement d’une anodine intention. Encore une fois merci à ceux qui ont contribué à l’écriture de ce document. Beaucoup d’autres personnes ressources auraient pu être avantageusement approchées. Pour des contraintes de plusieurs ordres, cela n’a pas été possible.

Nous nous en excusons auprès de ces personnalités qui savent, par ailleurs, tout le respect que nous avons pour elles. Nous leur donnons rendez-vous pour la seconde édition de La CENI : l’expérience burkinabè. En attendant, je souhaite que beaucoup de nos compatriotes honorent le livre de la CENI une lecture attentive et que nous puissions bénéficier, en retour, de leur perspicacité pour le perfectionnement du présent document.

El Hadj Ibrahiman SAKANDE (ibra.sak@caramail.com)
et Bachirou NANA


Les conditions sociopolitiques de la création de la CNO-RC et de l’exercice de ses fonctions

Jeu et enjeux sociopolitiques internes

L’arène politique burkinabè de l’immédiat après Révolution était occupée par des groupes d’intérêt ou politiques, en formation. Ce n’étaient donc pas encore, à proprement parler, des équipes. C’étaient des pôles de pouvoirs, repérables en termes de zones d’influence. Il y en avait au moins quatre :

- le Front populaire : parti au pouvoir, il était seulement en train de muer en organisation pour la Démocratie et le Progrès Mouvement de Travail (ODP/MT). Des partis marxisants ou gauchissants qui s’étaient reconnus en lui s’en allèrent élargir ses bases. L’ODP/MT prit alors en charge, la gestion d’un héritage redoutable, celui de la Révolution démocratique et populaire.

- Les partis politiques classiques : ceux-là qui étaient sur la brèche depuis 1960 et même avant pour certains. Ils refaisaient prudemment surface, affaiblis par le courant révolutionnaire. Des formations politiques de création récente se positionnèrent idéologiquement de leurs côtés, à la faveur du retour au multipartisme. Pour ces partis, il fallait amadouer les nouveaux venus, se remettre habilement sur selle.

L’énigmatique société civile donnait l’impression de ne rassembler que des gens qui ont décidé de se taire, qu’ils soient hommes ou femmes d’affaires, leaders ou simples fidèles religieux, animateurs de presse, créateurs ou coordonnateurs d’ONG, syndicalistes, artistes...Que peut bien vouloir une société, civile de surcroît, qui ne parle pas et qui se contente d’attendre, ou qui parle peu pour laisser comprendre que ses attentes sont immenses ?

L’armée, présente depuis janvier 1966 aux premières loges du pouvoir, n’avait pas encore dit son dernier mot. Au Burkina Faso, on ne peut pas affirmer que l’armée est une « grande muette », puisque, par cinq fois en quarante années d’indépendance, on l’a entendue, et même vue, embaucher la trompette de la déstabilisation. Chaque zone d’influence savait qu’elle ne pouvait pas gagner, quel que soit l’objet qu’elle convoitait en contournant purement et simplement les trois autres. Il fallait les traverser : soit en les amadouant, soit en les percutant, soit en les embrochant. Le consensus n’était pas seulement un compromis, c’était un armistice qui mettait en jeu la stratégie du qui perd gagne.

Source : Moussa Michel TAPSOBA

Sidwaya

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