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Affaire SITARAIL : "Enfin les comploteurs débusqués !"

Publié le jeudi 24 novembre 2005 à 07h42min

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Dans l’écrit ci-dessous, Paul Béré, ancien syndicaliste, fait un historique détaillé de l’évolution de la carrière des agents de SITARAIL.

Une fois encore, je me vois contraint d’intervenir dans les débats qui ont lieu à SITARAIL pour éclairer l’opinion nationale et internationale sur le comment du complot ourdi par des Burkinabè et leurs amis étrangers contre l’Etat et les cheminots burkinabè.

Je remercie M.Simon K.Da qui me donne l’opportunité d’apporter ma modeste contribution à la manifestation de la vérité et à la restitution des faits. C’est à ce titre que les articles de celui-ci parus dans les colonnes de Sidwaya n°5431 du 25/1 0/2005 et du Pays n° 3492 du 31 octobre au 01 novembre, m’interpellent.

Une mise au point s’impose, en ce que je ne suis, ni n’ai jamais été un compagnon de lutte de M. Simon K. Da contrairement au contenu de son article. Nous n’avons jamais défendu les mêmes causes dans les résolutions des problèmes des cheminots. Heureusement que ma mémoire de syndicaliste me permet toujours de relater les péripéties qui ont précédé la privatisation de la SCFB.

Du recrutement du personnel de la SITARAIL

A l’époque, un cabinet belge de consultants en ressources humaines a été commis à cette tâche par SITARAIL. Le recrutement des cadres s’est fait après un test oral, tout en prenant soin d’éliminer préalablement les cadres dirigeants burkinabè. Ensuite, près des 2/3 des agents d’encadrement ont été écartés.

L’administrateur provisoire de la SCFB, M. Emmanuel Yaméogo, a travaillé avec le cabinet sus-cité sur la base des grades réels avec la prise en compte des avancements de 1990 à 1993. Ce qui a permit à SITARAIL d’afficher une liste d’agents retenus à la date du 20 juillet 1995, avec en face de chaque nom le grade réel y afférent.

Une dernière commission d’avancement s’est tenue le 20 mai 1995 et la décision signée le 07 juin 1995. Cette décision n’a pas été communiquée au cabinet belge dont le contrat n’a duré que trois (03) mois ( de février à avril 1995). Il faut noter qu’au cours d’une réunion tenue le 04 février 1995 dans la salle de conférences de la Direction générale de la SCFB, entre M. Minaud André expert SOFRERAIL et les représentants des travailleurs (SYNACB/CGTB), l’administrateur provisoire, à l’attention du chef de mission c’est-à-dire M. Minaud, a souhaité que le traitement des salaires des agents retenus dans la nouvelle société se fasse sur la base des grades réels.

Rôle du directeur général de SITARAIL

En avril 1995, lorsque M. Abdel Aziz Thiam a été confirmé Directeur général de SITARAIL, il a recruté quelques agents de la SICF, des agents étrangers au chemin de fer, et un seul cadre dirigeant burkinabè. Ce pré-carré a eu pour mission de créer rapidement un syndicat dénommé "SYNTRARAIL" aux fins d’élaborer une Convention collective d’entreprise. Cette Convention est née le 12 août 1995, alors que l’ensemble des travailleurs qu’elle devait régir ont reçu des lettres d’embauche datées du 25 juillet 1995.

M. Abdel- Aziz Thiam, Directeur général de SITARAIL, a fait signer par M. Koutiébou Ouala, alors ministre des Transports et du tourisme de son état, la liste des agents retenus à SITARAIL, et lui fait endosser la paternité de la compression de centaines de cheminots.(...)

Rôle des syndicats

M. Simon K. Da qui a participé à l’élaboration de la Convention collective d’entreprise, a gardé le silence malgré sa qualité de Secrétaire général du SYNACB. Il avait l’assurance qu’il serait retenu dans la nouvelle structure. C’est ainsi qu’en mai 1995, au cours d’une assemblée générale tenue dans le local syndical de Bobo-Dioulasso, il rassurera les travailleurs en leur déclarant qu’il n’y aurait pas de compression de travailleurs.
Cependant, au lendemain de l’affichage de la liste des agents retenus par Sitarail, plus de 500 Burkinabè sont déflatés. Sur ces entrefaites M. Simon K. Da du SYNACB et M. Seydou Sinaré, secrétaire général du comité CGTB, ont été convoqués par le Directeur général à Abidjan. Le voyage s’est effectué par avion, et à leur retour, aucun compte rendu n’a été fait aux travailleurs.

Dans une correspondance co-signée et datée du 21 août 1995, MM Simon K. Da et Seydou Sinaré ont réclamé au ministre des Transports et du tourisme, une égalité de traitement entre Ivoiriens et Burkinabè, une conservation des droits acquis, et ont par ailleurs manifesté leur surprise du fait que SITARAIL n’ai pas pris en compte dans les lettres d’engagements les salaires correspondant aux grades réels des cheminots burkinabè, puis ont demandé au ministre de veiller à l’application correcte et juste de la Convention de concession signée entre les Etats et SITARAIL. Puis ce fut un "black out" total sur l’affaire des grades réels.

Depuis lors s’est installée une crise de confiance entre ces deux syndicalistes et les travailleurs. Un congrès unitaire a été convoqué et ces deux responsables syndicaux ont été écartés. Néanmoins ils demeurèrent des alliés indéfectibles du Directeur général de SITARAIL dans sa politique de spoliation des Burkinabè.

Rôle du ministre des Transports et du tourisme de l’époque

En prélude au démarrage de l’exploitation des activités de SITARAIL , les cheminots ont observé vingt (20) jours d’inactivité en août 1995. Concernant le paiement de ces 20 jours, le liquidateur de la SCFB, le cabinet SOFIDEC, en collaboration avec M. Tiko Ouédraogo (ex Directeur des ressources humaines de la SCFB), M. Martin Minougou (représentant de la Direction financière de la SCFB), M. Mamadou Foro (informaticien), tirèrent les bulletins de paie sur la base des grades réels.

Dès qu’ils commencèrent à les ventiler, le ministre Koutiébou Ouala somma le liquidateur de la SCFB de les retirer et de reprendre un autre tirage sur la base des anciens grades. Ce revirement s’inscrivait dans le cadre du complot ourdi contre les Burkinabè afin de circonscrire toute velléité de revendication ultérieure des grades réels.

Etat des lieux à ce jour

Aujourd’hui à SITARAIL, la situation peut se résumer en quelques points :

- Absence de statut unique
- Personnel burkinabè diminué de 50%
- Nombre de cadres dirigeants réduit à 5 ou 6
- Faible taux d’agents d’encadrement vieillissants
- Départ à la retraite de l’ensemble des agents d’exécution d’ici 3 à 5 ans
- Abandon aux herbes sauvages et à l’ensablement de la ligne Ouaga-Kaya, fruit de grands sacrifices du peuple - Exploitation abusive des machines de traction burkinabè
- Destruction de nos wagons CIMAT par la surexploitation avec le transport des sous-produits des carrières.

En outre, depuis la privatisation en août 1995, des agents burkinabè démissionnaires, décédés, licenciés, et retraités, pas un seul n’a été remplacé par le recrutement d’un Burkinabè. Bien au contraire, depuis le 07 novembre 2002, le Directeur général continue de mettre indéfiniment en suspension de contrat de travail tous les trimestres 64 agents burkinabè au motif qu’il n’a pas de travail à leur donner. En contradiction flagrante de cet argument, d’importantes embauches ont lieu en Côte d’Ivoire. Pour peu que l’Etat burkinabè commandite un audit interne des ressources humaines, il en sera fortement édifié.

Conclusion

Au regard de tout ce qui précède, je m’inscris en faux contre la responsabilité de l’Etat burkinabè que M. Simon K.Da engage dans l’affaire des grades réels. La bonne question est la suivante : comment SITARAIL a-t-il pu afficher les noms des agents retenus avec leurs grades réels sans que ces renseignements leur aient été portés préalablement ? SITARAIL est l’unique responsable de la non prise en compte des grades réels des Burkinabè, et ceci en violation flagrante de la Convention de concession signée avec les Etats. Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude.

Aujourd’hui que l’affaire des grades réels est pendante par devant la Cour d’appel de Ouagadougou dont la prochaine audience est prévue pour le 29 novembre 2005, je demande au président de ladite cour, pour une meilleure visibilité du dossier, de bien vouloir citer à comparaître comme témoins, les sieurs :

OUALA Koutiébou, ancien ministre des transports
YAMEOGO Emmanuel, ex- administrateur provisoire de la SCFB
THIAM Abdel Aziz, Directeur Général de SITARAIL
SINARE Seydou, syndicaliste
DA K. Simon, ex-syndicaliste
FORO Mamadou, informaticien
CABINET SOFIDEC, liquidateur

Je souhaite que l’Etat burkinabè soit plus regardant sur le sort des cheminots burkinabè et sur nos infrastructures et le matériel concédés à SITARAIL .

Paul BERE,
Syndicaliste à la retraite

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