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Démocratie burkinabè : Nécessité du combat permanent

Publié le mercredi 23 novembre 2005 à 09h31min

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Certains désapprouvent les résultats provisoires proclamés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). D’autres évoquent des cas de fraudes pendant l’élection présidentielle. Mais aucun candidat n’a déposé de recours auprès du Conseil constitutionnel, chargé pourtant de statuer sur les conflits électoraux.

Le huissier du conseil a dû se tourner les pouces, attendant pendant 48 heures, délai légal de dépôt des plaintes, que quelqu’un tape à sa porte. En vain.

Ainsi, certains partis de l’opposition, qui continuent de crier sur tous les toits leur mécontentement, ne sont pas allés au bout de leur logique. Ils auraient pu saisir la Justice, dans l’espoir qu’elle dise le droit, rien que le droit. Mais ils ont fait grise mine, convaincus que le Conseil constitutionnel était un appendice du parti au pouvoir. Donc incapable de trancher en toute indépendance les dossiers brûlants. On aurait pourtant voulu voir ce Conseil se triturer les méninges, développer des arguments contradictoires pour enfin aboutir à la justice sociale.

Un tel élan aurait sans doute donné du charme au jeu politique et judiciaire, renforçant ainsi la confiance entre la Justice et les justiciables. Mais on n’a pas eu droit à cet épisode du processus démocratique. Certes, après la validation des candidatures, l’on a enregistré des recours contre celle de Blaise Compaoré. Les parties concernées se sont expliquées avant que le Conseil constitutionnel ne tranche en dernier ressort.

On peut peut-être contester le verdict mais, à l’évidence, le processus démocratique a besoin de ce genre d’exercice. Il faut en permanence tester le degré d’indépendance de la Justice pour lui permettre, in fine, de s’améliorer. Mais il faut que l’institution judiciaire elle-même prenne à bras-le-corps l’essence de ses missions : dire le droit, dans toute sa rigueur.

Donc ne pas succomber à la tentation des sirènes politiques et financières. Il lui faut redorer son blason car, à l’heure actuelle, elle ploie sous le lourd fardeau de la suspicion. Etre nommé par le président du Faso ne devrait pas être synonyme d’obligation d’allégeance à ce dernier. Dans le cas d’espèce, souscrire au vieil adage selon lequel "Oh, petit, souviens-toi de qui t’a fait roi !", sonne, du coup, le glas de la démocratie. Oui, on peut s’en souvenir.

Mais pas coûte que coûte car cela s’apparenterait à terme, à un suicide collectif. Ces arguments, développés par certains analystes politiques, font partie de la réalité sociale. C’est pourquoi, il faut en tenir compte si l’on veut réellement donner de la sève au processus démocratique. Il faut absolument briser ce masque opaque et frayer les chemins d’une confiance hardie entre la Justice et les citoyens.

L’opposition politique, généralement apte à se plaindre face à certaines dérives, manque souvent de cohérence et d’esprit d’équipe face aux grands enjeux nationaux. Et on tente de justifier cet inactivisme par le manque de moyens. Soit.

Mais où est passée l’unité d’action, cette capacité à braver les divergences pour, enfin, fonder des groupes suffisamment forts, à même d’inquiéter le parti au pouvoir dans la bataille pour la magistrature suprême ? Un tel préalable est un gage de confiance et crée, de ce fait, les conditions d’une mobilisation des ressources financières.

Les partis d’opposition devraient se résoudre à traquer les insuffisances qui émaillent la marche de la nation, et donner ainsi des chances de réussite à la démocratie. A l’évidence, si ceux qui s’offusquent face à certaines dérives avaient pu rassembler des pièces attestant de fraudes pendant le scrutin présidentiel, si le Conseil constitutionnel n’était pas l’objet de soupçons, le Burkina Faso s’engagerait mieux encore en ce moment désicif de son histoire, sur les sentiers du développement.

Comme le dit l’ancien président américain, John Kennedy, "la démocratie n’est jamais une oeuvre figée. Elle se construit au quoditien." Et les acteurs socio-politiques et judiciaires doivent se rendre compte q’ils doivent faire oeuvre utile pour la postérité. Ils doivent avoir un esprit d’introspection et de prospective, être en quelque sorte des visionnaires, donc susceptibles d’inventer l’avenir, dans le sens du bien public.

Peu importe le présent. Peu importe leur propre personne. Ce qui devraient permamement compte pour eux, c’est le futur. Ils ne doivent donc jamais baisser la garde. La démocratie burkinabè a besoin de la constance et de la permanence de leur combat.

Le Pays

P.-S.

Voir notre dossier :
Présidentielle 2005

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