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Proche-Orient : Sharon, le “faiseur de paix” ?

Publié le mercredi 23 novembre 2005 à 08h45min

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Après 50 ans de combat acharné contre les Palestiniens, Ariel Sharon envisage de créer un parti centriste et de faire la paix avec les ennemis d’hier. Un revirement qui consacre l’échec d’une philosophie en même temps qu’il est plein de dangers pour le « boucher » de Sabbra et Chatila.

Faut-il le rappeler, l’érection de l’Etat d’Israël s’est faite sur la base de la négociation du droit au sol des Palestiniens qui peuplaient ce qui était alors la Transjordanie.

En effet, lorsqu’en 1948 et après moult tractations et accords dont celui de Baffour était le plus significatif, l’Etat d’Israël était porté sur les fonts baptismaux, les Palestiniens avaient été refoulés en Jordanie, au Liban, en Egypte etc., créant ce qui allait devenir le problème des réfugiés dont le retour est réclamé à cor et à cri par toutes les administrations palestiniennes depuis Yasser Arafat jusqu’à Mahmoud Abbas.

Depuis, d’érections de colonies juives en guerres israélo - arabes, la Cisjordanie et Gaza, territoires historiques des Palestiniens sont réduits à leur portion congue. Mieux ou pire (c’est selon) la construction du « mur de la honte » par Ariel Sharon est venue convaincre les plus sceptiques de l’option résolue d’Israël d’empêcher la naissance d’un Etat palestinien viable. Comment ériger une administration entre ces « Bantoustans » coupés les uns des autres a fortiori une école, un système sanitaire ou autres éléments constitutifs de l’Etat moderne ? Négation des droits des Palestiniens et plus généralement des Etats arabes limitrophes, le Golan syrien et une partie du Sinaï égyptien étaient occupés depuis 1967 et la guerre des six jours, par l’Etat hébreu

Comme le disait Menahem Begin, ex - Premier ministre israélien dont les états de services durant les années de braise (il fut l’un des plus radicaux durant la lutte pour la « résurrection » d’Israël) il ne faut « concéder » aucun pouce du territoire du « peuple élu » à l’ennemi. Golda Meir, Ariel Sharon, Benjamin Netanyahou et dans une moindre mesure, Ehud Barak ont été les continuateurs de cette philosophie pour ne pas dire prophétie biblique. Une prophétie qu’Ithzak Rabin a voulu battre en brèche, une témérité qui lui aura coûté la vie un jour de novembre 1995.

Les Palestiniens ne céderont pas

Et pourtant, ce « prophète » n’avait pas tort d’emprunter cette voie pleine de sagesse au vu de la capacité de résiliance des Palestiniens. Ni les massacres de Sabbra et Chatila, ni les « pogroms » du Liban-Sud dans les années 70 - 80, ni les assassinats ciblés et « l’emprisonnement » de Yasser Arafat dans son palais de la Moukhata, isolement qui lui a coûté la vie, n’ont douché le désir des Palestiniens d’avoir un territoire. Et, quand Sharon fait « flinguer » Abdel - Aziz Al Ranhisri ou le cheick Yassine, les bombes humaines palestiniennes sèment la désolation et la mort en terre d’Israël.

Pire, la politique d’Israël ne fait qu’exacerber le ressentiment des jeunes Palestiniens qui en sont les premières victimes. Quand on ne peut plus aller à l’école pour cause de couvre-feu permanent (de jour et de nuit) lorsqu’on est contraint à la promiscuité avec papa, maman, cinq frères et quatre sœurs, on « pète » facilement les plombs au propre comme au figuré. Ce d’autant que l’avenir n’offre aucune perspective heureuse, si ce n’est ce statut « d’homme le plus aidé » de la planète.

On comprend pourquoi les rangs du Hamas et des brigades des Martyrs d’Al Agsa ne désemplissent pas au grand désarroi du Fatah, de plus en plus débordé par les extrémistes de tous bords. C’est ce danger de la montée des extrémismes que le vieux guerrier d’Israël a perçu d’où sa volonté de recentrer le débat. Une option d’autant plus sage, que la loi du nombre est de plus en plus en faveur des Palestiniens. Alors autant mettre fin à ce cycle infernal de la violence en concédant aux Palestiniens leur principale revendication, le droit à un Etat viable et au retour des réfugiés de 1948.

Une demande simple comme disait l’autre, si tant est qu’il y a de la place pour deux Etats dans la région. Seul problème, cette « interférence » biblique qui empêche les faiseurs de paix de prospérer au Proche-Orient. Dès qu’il a été connu, le projet d’Ariel Sharon a suscité une levée de boucliers parmi les tenants de l’orthodoxie judaïque. Sharon veut « brader » la Judée et la Samarie, « Patrimoine biblique » des Israéliens, entend-on dire. Le « Traitre » ajoute-on, ne s’entend pas s’arrêter en si bon chemin, car, le GOLAN syrien doit lui aussi être « cédé ».

Derrière ces cris d’orfraie d’un autre temps qui prennent la paix en otage au Proche-Orient, il faut voir non seulement le haut clergé juif, mais surtout les marchands de canons qui n’ont rien à gagner dans l’instauration de la paix au Proche - Orient. Une pudibonderie de façade empêche en effet les éditorialistes du Nord d’invoquer cette réalité qui a du reste prévalu à la rédéfinition de toute la politique moyen - orientale et asiatique de l’administration Bush, sous couvert de « démocratisation » à la sauce libérale.

Ce début de millénaire est sous la férule des marchands d’armes et de pétrole d’où cette courbe exponentielle prise par la violence et le terrorisme. Dans le cas du Proche - Orient, on va ainsi de vraies - fausses négociations de paix en cycles de violence inouïe avec de gros dividendes pour les marchands d’armes. Ces deux réalités combinées font de Sharon un « mouton du sacrifice » en puissance, pour peu qu’il ne sache pas manœuvrer habilement. En tous les cas, les résultats des élections anticipées que sa démission va entraîner, viendront nous situer sur l’état d’esprit réel du peuple israélien qui est, rappelons - le, la première victime de cette situation. Alors, stop ou encore ?

Boubacar SY

Sidwaya

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