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Présidentielle 2005 : La réaction de cinq candidats de l’opposition

Publié le mercredi 23 novembre 2005 à 09h20min

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Cinq candidats de l’opposition à l’élection présidentielle du 13 novembre dernier, ont animé lundi 21 novembre 2005 à Ouagadougou, une conférence de presse. Il a été question pour eux de réagir après la proclamation des résultats provisoires du scrutin présidentiel par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), d’en tirer des enseignements et d’envisager l’avenir.

Me Bénéwendé S. Sankara, Phillipe Ouédraogo, Gilbert Bouda, Toubé Clément Dakio et Abdoul Karim Sango (représentant Laurent Bado), ce sont là les cinq candidats initiateurs de l’échange avec la presse.Dans la déclaration liminaire commune, ils dénoncent de prime abord la rapidité avec laquelle le candidat Blaise Compaoré et son directeur de campagne, Salif Diallo ont annoncé leur victoire le 13 novembre, quelques heures après la clôture du scrutin avant même le décompte des voix. « Cette auto-proclamation a d’ailleurs conduit dès le 16 novembre, certains chefs d’Etat étrangers et personnalités étrangères, à présenter précipitamment leurs compliments et félicitations à Blaise Compdaoré », estiment les cinq opposants.

Au plan national, ils notent, en outre, que le scrutin présidentiel dernier « aura permis de mettre en exergue la caporalisation de l’armée et de l’administration burkinabè ainsi que l’inféodation à Monsieur Blaise Compaoré et à son CDP, des institutions, des notabilités et chefs coutumiers, de certains opérateurs économiques, du président de la communauté musulmane, etc ».

Les irrégularités constatées

Les conférenciers relèvent également que tous les candidats n’ont pas pu battre campagne partout et que des éléments du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) se donnaient le droit de déchirer les affiches des candidats de l’opposition.

A défaut de pouvoir empêcher le Conseil constitutionnel de valider les résultats proclamés par la CENI et Blaise Compaoré d’occuper le nouveau palais présidentiel sis à Ouaga 2000 après sa prestation de serment, les candidats malheureux dénoncent les irrégularités qui ont marqué le scrutin du 13 novembre dernier.

En effet, affirment-ils, « la CENI a élaboré un fichier électoral des plus contestables dont la présente élection a permis de mettre à nu toutes les insuffisances.

Beaucoup d’électeur disposaient de plusieurs cartes d’électeurs et très certainement, beaucoup ne se sont pas privés de les utiliser ».Autre fait, la distribution de cartes d’électeur par des individus non habilités à des citoyens. « Si ces derniers ont pu voter, c’est qu’il y avait de nombreuses complicités avec les membres des bureaux de vote ».

Les cinq leaders de l’opposition ont, par ailleurs, critiqué l’incapacité du Conseil constitutionnel de dire le droit dans l’application de l’article 37 de la constitution, la modification de la loi électorale par le CDP et surtout l’immixtion de certains chefs d’Etat étrangers dans les affaires intérieures et les élections au Burkina Faso. « Des chefs d’Etat comme Faure Gnassimgbé du Togo, Omar Bongo du Gabon, Moammar Kadaffi de Libye, Amadou Toumani Touré du Mali, etc. ont apporté leurs soutiens multiformes en hélicoptères, en véhicules, en matériels, en tee-shirts, en pagnes et même en espèces sonnantes et trébuchantes au candidat Blaise Compaoré », soutiennent les conférenciers. Ceux-ci pensent qu’il ne s’agit pas là de soutiens innocents et souhaitent qu’il n’y ait pas de soutien à un candidat plutôt qu’à un autre.

Au vu de tous ces éléments, les candidats de l’opposition déclarent ne pas se féliciter d’un scrutin qui est aux antipodes de l’Etat de droit à l’orée du 3e millénaire. L’opposition dispose-t-elle des preuves de ce qu’elle dénonce ?

Pourquoi beaucoup de candidats de l’opposition n’avaient pas de représentants dans tous les bureaux de vote ?

Des recours ont-ils été formulés auprès du Conseil constitutionnel ? Telles étaient des questions adressées par les journalistes aux candidats de l’opposition.

Sur la question des irrégularités, notamment des fraudes électorales, les candidats affirment avoir les preuves de ce qu’ils dénoncent mais ce sera peine perdue d’introduire des recours auprès du Conseil constitutionnel. « On nous répondra que ces irrégularités ne peuvent aucunement entacher le scrutin », a fait savoir Me Sankara et d’ajouter que l’opposition n’a pas formulé de recours en annulation. Pour ce qui est de l’absence des représentants des partis ou des candidats de l’opposition dans certains bureaux de vote, les conférenciers l’expliquent par le manque de moyens pour la prise en charge conséquente de leurs représentants.

C’est pourquoi ils estiment que la CENI doit résoudre la question de la prise en charge afin de permettre à chaque parti ou candidat d’avoir des représentants dans les bureaux de vote. En attendant les prochaines échéances électorales, les candidats de l’opposition entendent tirer toutes les leçons du scrutin dernier et peaufiner leurs stratégies dans la concertation.

Enok KINDO
Sidwaya

P.-S.

Voir notre dossier :
Présidentielle 2005

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